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Environnement : L’interdiction du plastique à usage unique, un combat régional

La World Clean Up Day est célébrée tous les ans le 20 septembre, et tous les ans, le constat est le même : le volume de déchets augmente, et ce, malgré les innombrables initiatives prises à la fois dans le privé et dans le public. Ainsi, selon Statistics Mauritius, le nombre de déchets enfouis à Mare Chicose en 2023 était de 541 141 tonnes, soit 9,5% plus élevé que celui enregistré en 2022. Combien de ces déchets sont des déchets plastiques ? Trois ans après l’entrée en vigueur de l’Environment Protection (Control of Single Use Plastic Products) Regulations 2020, nous faisons le point sur la situation du Plastic Management à Maurice et dans la région, notamment à l’île Rodrigues, la grande favorite dans la course contre le plastique.

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Malgré l’opposition des premiers jours, et les longues négociations — l’utilisation des sacs en plastique devait être interdite depuis 2016, et ce, dans le cadre de l’Environment Protection (banning of plastic bags) Regulations 2015 — les Mauriciens ont fini par s’habituer à l’absence du plastique non biodégradable dans leur quotidien, même si beaucoup se plaignent encore « des pailles en papier qui fondent dans la boisson ou des boîtes de take-away en carton bien trop chères et qui ont tendance à trop absorber l’huile » comme nous confie un consommateur. Mais comme dit l’adage, tout vient à point à qui sait attendre, et le chemin vers une île Plastic-free est bien entamé. Et ce, même si les bouteilles en plastique PET (voir encadré) sont toujours sur les étagères des commerces. À cet effet, il est bon de noter qu’il existe les Environment Protection (Polyethylene Terephthalate PET Bottle Permit) Regulations 2001, qui exigent que les entreprises effectuant l’embouteillage de boissons en bouteilles en PET aient un permis d’embouteillage, ce qui permet aux autorités d’avoir les chiffres exacts sur le volume de bouteilles PET utilisées à Maurice.

En outre, à titre indicatif, et selon les chiffres de la MCCI, l’île Maurice produit environ 116 000 tonnes de déchets plastiques par an. La quantité de déchets plastiques recyclés n’est que d’environ 3 000 tonnes par an et quelque 42 000 tonnes par an (36,5%) de déchets plastiques ne sont pas comptabilisées. Ainsi, depuis le 15 janvier 2021, les Environment Protection (Control of Single Use Plastic Products) Regulations 2020 sont entrées en vigueur, interdisant, pour les consommateurs, l’usage de plusieurs produits en plastique à usage unique, dont les couverts en plastique, les assiettes jetables et gobelets, les touillettes à boisson (stirrer) et de récipients de toute forme avec ou sans couvercle qui sont utilisés pour contenir des aliments destinés à la consommation immédiate, sur place ou à emporter, et qui sont fournis par une entreprise de restauration. Quelques mois plus tard, de nouveaux types de sacs en plastique non biodégradable, notamment les petits sacs (pocket type) couramment utilisés pour les « dholl-puris » notamment ont été interdits sous l’Environment Protection (Banning of Plastic Bags) Regulations 2020.

Pour les producteurs et importateurs de produits plastiques, le moratoire pour les Environment Protection (Control of Single Use Plastic Products) Regulations 2020 en ce qui concerne l’interdiction des bols en plastique non biodégradable à usage unique, des gobelets en plastique et des plateaux en plastique est toujours en vigueur jusqu’au 15 janvier 2025. Le ministère de l’Environnement indique que ce délai permettrait au secteur industriel à faire la transition vers des alternatives sans plastique. D’ailleurs, le pays compte actuellement 240 entreprises (227 en 2023) pour la fabrication/importation de produits biodégradables à usage unique et 368 entreprises (322 en 2023) pour la fabrication/importation de sacs en plastique exemptés et/ou de sacs en plastique biodégradables.

L’île Rodrigues, un exemple à suivre
Quant aux Environment Protection (Banning of Plastic Bags) Regulations 2020, le moratoire a été prolongé jusqu’au 31 août 2025, afin d’aligner la définition du sac plastique biodégradable selon les normes internationales. En effet, dans le MCCI Roadmap for a Waste Plastic Free Mauritius de 2022, l’on indiquait que « bien que le règlement fasse référence à des normes telles que la norme ISO 17088, les définitions utilisées pour des termes clés tels que “biodégradable”, “compostable” ne sont pas alignées sur les normes internationales susmentionnées et ces deux derniers termes sont utilisés à tort de manière interchangeable. Les exigences en matière d’étiquetage des sacs en plastique exemptés et non exemptés sont excessives et ne reflètent pas celles des normes ASTM (American Society for Testing and Materials) qui sont utilisées dans le monde entier. »
Si à Maurice l’on avance lentement, mais sûrement, que se passe-t-il dans la région ? Rodrigues est l’exemple d’une île Plastic Waste-free. L’île Rodrigues figure parmi les premiers Petits États insulaires en développement à interdire les sacs plastiques à usage unique en 2014 et depuis l’Assemblée régionale de Rodrigues, en collaboration avec la population locale, a proposé plusieurs actions pour réduire les déchets plastiques sur l’île, notamment l’interdiction des fleurs en plastique et des emballages alimentaires en polystyrène. Néanmoins, les autorités rodriguaises ne s’endorment pas sur leurs lauriers et ont prévu plusieurs autres projets, dont l’ouverture d’un centre pour le tri des déchets, en l’occurrence plastiques.

Aux Seychelles, le rachat des bouteilles PET encouragé
Du côté de La Réunion, depuis 2016, les sacs de caisse en matières plastiques à usage unique sont interdits. Cette interdiction a été étendue en 2017 à tous les sacs d’emballage destinés à l’emballage de marchandises aux points de vente. Depuis le 1er janvier 2020 est interdite la mise à disposition de gobelets, verres et assiettes jetables en plastique ; la mise à disposition de bouteilles plastiques d’eau plate en restauration collective scolaire (sauf difficultés d’accès à l’eau potable) et la mise sur le marché de cotons-tiges en plastique. De plus, en France, comme à La Réunion, depuis le 1er janvier 2023, l’interdiction d’utiliser de la vaisselle jetable pour la restauration sur place est entrée en vigueur. Les restaurateurs ont ainsi l’obligation, sous peine d’amendes, d’utiliser de la vaisselle réutilisable pour les repas et les boissons servis à table, qu’il s’agisse des gobelets, couvercles, assiettes, récipients ou couverts, en application de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC), votée en 2020.

Et quant aux Seychelles, c’est en 2017 que le gouvernement interdit l’importation et la vente de sacs en plastique et d’ustensiles en plastique, notamment les gobelets, les fourchettes, les boîtes à emporter en polystyrène et les assiettes. Cette mesure a été suivie d’une interdiction des pailles en plastique à usage unique en juin 2019 et des ballons en 2021. Aussi, en août 2021, les Seychelles ont annoncé le déploiement de l’entrée sans papier pour les arrivées internationales aux Seychelles. À partir de novembre 2022, les citoyens des Seychelles
et les détenteurs de permis commençant leur voyage à partir des Seychelles ont dû soumettre les informations d’embarquement par voie numérique lorsqu’ils se préparaient à quitter le pays. Et afin d’encourager le recyclage et de réduire la quantité de déchets dans les décharges des Seychelles, le pays encourage le rachat des bouteilles en verre et en PET ainsi que des canettes en aluminium.Les bouteilles PET, un problème qui dure
Les bouteilles Polyéthylène Téréphtalate (PET) sont un des plus gros polluants de la planète. En effet, près de 125 millions de bouteilles en PET sont mises sur le marché mauricien, ce qui représente 2 500 tonnes par an de plastique, dont seulement 40% sont collectées chaque année pour le recyclage, soit environ 1 000 à 1 125 tonnes par année. Le reste atterrit à Mare-Chicose, saturée à bloc, ou tout bonnement dans l’océan. Ces bouteilles ont longtemps été exemptées. Il faut par ailleurs noter que sous l’Excise Act, une taxe de Rs 2 est prélevée sur les bouteilles PET. Pour info, pour savoir si le produit utilisé est fait de PET, sur vos emballages, le PET est symbolisé par le chiffre 1 entouré des flèches disposées en triangle.

Pour les élections, affiches et oriflammes en plastique out !
Avis aux « koler lafis », au sens littéral du terme. À la veille des élections générales dans le pays, il est bon de rappeler qu’il est interdit d’utiliser des affiches, des banners et autres en plastique, et ce, sous les Environment Protection (Banning of Plastic Banners) Regulations, 2008. Si l’on constate que les affiches et oriflammes utilisées sont généralement en tissu, attention aux écarts de dernière minute.

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