En provenance d’Afrique du Sud sur un monomoteur : l’exploit au bout de ses rêves

  • Pallavee Appigadoo : « Quand je vais atterrir à Maurice aujourd’hui, je vais pleurer des larmes de chagrin et de joie ! »
  • Elle décolle de Madagascar ce matin vers La Réunion avant de rallier Maurice en début d’après-midi
  • « Une fois que j’ai décollé, mes angoisses et craintes n’existent plus ; je suis à l’unisson avec le ciel, les oiseaux, mes sentiments et l’avion… »
  • « J’ai un énorme pincement au cœur :  En deux ans, jai perdu ma tante Sweety, ma grand-mère Padma et mon grand-père Ramlo qui a mis en gage son terrain pour financer mes études… »

S’il n’y a aucun grain de sable dans la machinerie, Pallavee Appigadoo va atterrir ce dimanche 22 septembre en début d’après-midi à l’aéroport international SSR de Plaisance, Maurice. La jeune pilote professionnelle aura finalement réalisé son challenge Flying in the face of adversity ; soit rallier l’Afrique du Sud à Maurice, à bord d’un petit avion monomoteur, un Cessna 172. À Week-End à qui elle se confiait hier matin, samedi 21, lors de son escale à Nosy Be, sur la côte nord de Madagascar, Pallavee Appigadoo avait hâte de remercier « chaleureusement mes parents et proches, d’abord, ainsi que tous ces mécènes et anonymes, de Maurice et d’ailleurs, qui depuis la semaine dernière, surtout, alors que l’aventure était compromise, ont cru en moi et m’ont soutenue, m’ont envoyé des sous, ont payé tous les frais afin que je puisse réaliser ce grand rêve. »

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D’une voix empreinte d’une immense fatigue, Pallavee Appigadoo se livre sans ambages. « Je sais que je suis en train de réaliser ce rêve… mais une partie de moi n’arrive pas à y croire. Je ne sais pas comment expliquer cela… Je suis consciente que j’ai entrepris le challenge, finally ! Part of me knows what is happening. Par moments, j’ai l’impression que je rêve… ». Pourtant, elle a bel et bien concrétisé son rêve fou ! À Week-End qui souligne qu’elle doit être extrêmement enthousiaste et excitée à l’idée d’écrire l’Histoire, la jeune femme décline en toute modestie : « Je ne réalise vraiment pas l’ampleur de l’événement ! Ma priorité, c’est d’enchaîner les aéroports, les vérifications d’usage, faire le plein, dormir, essayer de récupérer et prendre des forces et avancer… Fodre mo rant Moris mem pou mo konpran ki pe arive ! »

Depuis ce mercredi 18 septembre, Pallavee Appigadoo a démarré son challenge ‘Flying in the face of adversity’ en prenant place, en compagnie de son ami, pilote, comme elle, Dylan Nolan, à bord du Cessna 176. « Un instructeur me disait, récemment, que c’était un pari risqué, cette traversée à bord d’un tel avion… Surtout avec l’immense étendue d’océan au-dessus du Canal de Mozambique. Je lui ai répondu qu’autant que je me suis documenté, et d’après mes recherches, dans la majeure partie du temps, ce sont les gros avions qui crashent ! Tandis qu’avec les petits appareils, comme le nôtre, les règles de sécurité, le ‘monitoring’ les examens réguliers, entre autres, font que les risques sont diminués ! » La jeune Mauricienne, originaire de la région nord de la capitale du pays, se réfère, de même, aux « obstacles qui, le week-end dernier, avaient sérieusement remis en question le challenge avec la demande du gouvernement pour une assurance de l’avion afin que nous puissions nous poser à Plaisance. »

Les craintes, l’anxiété sont bien là. Pallavee Appigadoo concède qu’avant « chaque décollage, que ce soit de Lanseria, de Beira, de Pemba, entre autres, je ressens inévitablement une petite crise de panique… Est-ce que tout a été vérifié, comme il le faut ? Est-ce que tout va bien se passer ? Ce sont de petits tracas habituels. Mais une fois que j’ai pris les commandes et que nous avons décollé, une fois que je suis dans le ciel, je suis en parfaite harmonie avec l’avion, le ciel, mes sentiments et les oiseaux… »

La jeune femme rappelle que « depuis ma tendre enfance, je nourris cette passion sans bornes et le rêve de piloter un avion. C’est un sentiment que je ne peux mettre en mots… Tout ce que je peux dire, c’est que je me sens parfaitement bien ! Je n’ai aucune peur ni rien. » Survoler l’immense étendue d’eau du Canal de Mozambique a, avoue-t-elle, « suscité un peu de peur. J’ai appelé ma maman, Daisy, et mon papa, Mahen, au téléphone avant que nous décollions pour traverser le canal du Mozambique. Mes parents m’ont rassurée… Maman m’a rappelé que nous sommes dans une période pieuse, avec le carême de Govinden. Elle et papa m’ont dit de placer ma confiance en Dieu et tout irait bien… » Jaanvee, la sœur, et Neel, le frère de Pallavee, l’ont également réconfortée. « Jaanvee dir moi : Ki to pe gagne la ? Pli difisil ki sa to’nn fer ! Pena pou per narye la. Leurs mots et leur affection m’ont été d’une immense aide… »

De même, notre jeune aventurière reconnaît qu’elle ressent « à chaque étape qui me rapproche un peu plus de Maurice un immense pincement au cœur. » Raison : ces deux dernières années, « j’ai perdu trois personnes qui m’étaient les plus chères au monde. En l’occurrence ma tante Kaveena (Sweety), qui était comme une deuxième maman pour moi ; ma grand-mère paternelle, Padma, et mon grand-père paternel, Ramlo. Mon grand-père était mon plus grand fan ! Il a hypothéqué son terrain pour financer mes études ! Je voulais tellement qu’il me voit atterrir… »

Elle continue « I was really excited at the idea of them welcoming me when I’d land at Plaisance… Je me faisais une joie immense à l’idée de voler avec eux… Mais la vie en a décidé autrement. » Pallavee Appigadoo souligne que, « cependant, je sens leur présence, à mes côtés, depuis que j’ai démarré l’aventure… Ils m’accompagnent et me donnent leur bénédiction. »

De ce fait, elle a dessiné des colombes, symboles de paix, et a ajouté leurs surnoms ‘Tati’ ‘Bubum’et ‘Tata’ qu’elle a collés sur un flanc de l’avion… Ce qui l’amène à dire : « Quand je vais atterrir, je sais que je vais beaucoup, beaucoup pleurer ! Il y aura toute la tristesse et le chagrin de ne pas voir ceux que j’attendais d’être à mes côtés, et il y aura toute la joie d’avoir été au bout de cette grande aventure humaine ! »

De retour au bercail, le séjour s’annonce « plutôt court. Une dizaine de jours au maximum, avec la famille. Le temps des vérifications aussi pour l’avion. Ensuite, nous reprenons les airs, Dylan et moi. Mais cette fois, nous nous le sommes promis, nous allons prendre notre temps, apprécier les endroits comme Nosy Be que j’ai trouvé formidables ! Koumadir Moris anfet ! » La pilote mauricienne souhaite « aller à la découverte de ces endroits fabuleux que nous avons croisés sur notre route. Et même si le climat est très changeant – Afrique du Sud plutôt sec et chaud —, en revanche, grisaille et humidité au Mozambique, puis des températures très tropicales à Nosy Be…, cela fait partie de cette belle aventure ! »
Cet après-midi sera l’apothéose lorsque son avion tout rouge se posera sur la piste de Plaisance, qui attend ce doux toucher de roues d’une Mauricienne qui a cru dans ses rêves…

Les mercis de Pallavee…
Samedi dernier, Pallavee Appigadoo avait le cœur très gros et pleurait énormément quand elle avait appris que son challenge était compromis si elle ne contractait pas une assurance pour son avion, et que son arrivée à Plaisance ne lui serait pas permise par le gouvernement mauricien. « En moins de deux jours, j’ai eu la bénédiction et la chance d’avoir des personnes, parmi des anonymes, qui m’ont fait part d’un soutien extraordinaire ! Dimounn inn avoy mwa kas depi partou dan Moris ek lemond entie ! »

Elle tient à remercier chacun d’entre eux, « et très particulièrement M. Winson de la Eagle Insurance, les compagnies EllGeo Re et Lottotech. Et surtout, mon oncle Vijen Appigadoo, qui a injecté carrément Rs 100 000 dans mon projet ! Je n’y serais pas arrivée sans son soutien. » Pallavee Appigadoo a souhaité, par le biais de ce challenge Flying in the face of adversity, « lever des fonds, parallèlement à financer le projet, et verser autant de sous que j’aurais collectés à la Sacim (Society for Children Inoperable in Mauritius).

La Sacim a changé ma vie… » Elle rappelle qu’elle est née avec une malformation congénitale, qui se manifestait par un trou dans le cœur, et qu’à 11 ans, elle fut atteinte de scoliose. C’est la Sacim qui lui permis de se faire traiter et changer la donne… « I want to give back whatever I can to all the children… ». Louable volonté !

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