On the road to Pravind Jugnauth 3.0 : le deal Piti-Mama des Obeegadoo ne résiste pas au Soy du vendredi 13 !

Devant le tollé de l’opinion publique sur le Fast Track du State Land Lease de Ward IV à Port-Louis, pour accueillir un Home de Rs 400 M, Primerose Obeegadoo préfère jeter l’éponge

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Pourtant, le script arrêté s’annonçait foolproof en matière de conflits d’intérêts présumés dans ce Deal Piti/Mama portant la griffe des Obeegadoo en cette fin de mandat du gouvernement mené par le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Mais en moins d’une dizaine de jours, Primerose Obeegadoo, la mère du Deputy Prime Minister et ministre des Terres, annoncée comme étant la cheville ouvrière d’un projet de Home nécessitant des investissements de l’ordre de Rs 400 millions, a préféré jeter l’éponge. C’est ce qu’elle a confirmé dans un communiqué adressé à la presse en date d’hier matin. Elle renonce à sa demande pour la conversion d’un year-to-year lease pour un industrial site lease d’une durée de 60 ans pour un terrain d’une superficie de 1 857 mètres carrés, soit 44 perches, à l’angle des rues Mgr Leen et Henri Le Sidanier, dans les hauteurs du quartier chic de la Marie-Reine-de-la-Paix, à Port-Louis.

Dès les premières révélations exclusives autour de cette affaire dans les colonnes du Mauricien mardi derner, la pression est montée crescendo sur le fast track de cette conversion pour cette portion de State Land, soit moins d’un mois, alors que dans d’autres simples cas de renouvellement de bail de terrain de l’État, les bénéficiaires ont dû attendre au moins cinq ans pour la conclusion de procédures au terme des dispositions des règlements en vigueur.

Toutefois, le Deputy Prime Minister a dû monter au créneau pour s’évertuer de faire comprendre qu’il n’a à aucun moment traité ce dossier, laissant le soin à son collègue, le ministre Deepak Balgobin, assurant la suppléance au ministère des Terres, de piloter le dossier au conseil des ministres pour le feu vert. À ce moment précis, Steven Obeegadoo avait entrepris un voyage privé à l’étranger. Il était rentré au pays au lendemain matin des délibérations du conseil des ministres de ce vendredi 13. Par souci de collective responsibility ou autrement parlant, aucun membre du gouvernement n’est venu de l’avant pour faire des commentaires sur ce dossier.

Et hier matin, dans un communiqué en six paragraphes à la presse, Primerose Obeegadoo, connue davantage pour se présence active lors des manifestations mondaines, comme la tenue annuelle de Miss Mauritius, a annoncé qu’elle abandonnait son projet de construction et de gestion d’un Home dans les hauteurs de la capitale. Ainsi, elle déclare que
« Je souhaite, par la présente, vous informer de ce qui suit :

1. Mon défunt époux, Claude Obeegadoo, et moi détenons, depuis les années 1960, un terrain à bail à Port Louis. Ce terrain a accueilli, entre autres, le Trinity College, de longues années durant.
2. Suite au décès de mon époux, j’ai décidé d’y lancer un autre projet à caractère social, en l’occurrence une résidence pour personnes âgées.
3. J’ai donc formulé une demande de changement d’objet du bail, en toute transparence, selon les procédures établies.
4. Durant la semaine écoulée, j’ai appris dans les journaux que ma demande aurait été approuvée mais cette information était accompagnée d’allégations ou d’insinuations à l’effet que cette demande aurait été entachée d’irrégularités. Je tiens à affirmer de manière catégorique que cela est totalement infondé.
5. Toutefois, s’en est suivi une campagne de dénigrement, tout à fait injuste, contre ma personne et ma famille. Ces agissements m’ont profondément blessée car ils portent atteinte à l’honneur et à la réputation de ma famille ainsi qu’à la mémoire de mon défunt époux, figure publique d’une grande intégrité et éducateur respecté.
6. Ainsi, tout en maintenant que ma démarche était à la fois légitime et légale, et tout en me réservant le droit de prendre les mesures légales appropriées contre mes détracteurs, mais afin que cessent les attaques personnelles et les calomnies, j’ai résolu d’abandonner ma demande auprès des autorités. »

Somme toute, le vendredi 13 n’a pas été de bon augure pour ce projet philanthropique des Obeegadoo à l’intention des membres du troisième âge. En effet, la décision de cet accord pour la conversion de ce year-to-year lease devant arriver à échéance dans moins de deux ans, littéralement au lendemain des prochaines élections générales, en un industrial site lease pour une période de 60 ans, soit deux générations à venir, avait été avalisé par le conseil des ministres le vendredi 13 septembre, avec sa garantie de Soy.

Il n’empêche que les dessous de cette affaire frisent des procédures d’un Kwi-Vide, même si certains observateurs politiques ou autres semblent faire abstraction de ce dicton que « news is something someone wants to suppress », pour se donner bonne conscience professionnellement dans la conjoncture. Les faits têtus, révélés par Le Mauricien de mardi, confirment au-delà de tout soupçon que l’approbation du Cabinet de ce vendredi 13 septembre est tombée 25 jours seulement après la soumission de cette demande de conversion de Prime State Land de la capitale. En effet, depuis 1967, feu Claude Obeegadoo détenait un « year to year lease » sur ce terrain de l’État, évalué aujourd’hui sur le marché foncier dans la fourchette de Rs 30 millions à Rs 35 millions.

Site idéal
Dans les faits, ce bail avait été obtenu à l’époque « to be used as a playground to service the then Trinity College », la propriété adjacente appartenant à la famille Obeegadoo. Les éléments d’informations qui ont transpiré, fuite ou pas, mettent en avant que la validation de l’application formulée par Primerose Obeegadoo au ministère dirigé par son fils, le DPM Steven Obeegadoo, pour un projet de Senior Citizen Retirement Home de Rs 400 millions, « to be funded by bank loans and private investors », n’a pris que trois semaines.
Les choses auraient évolué à un rythme qui peut surprendre, à partir du 17 août dernier, date à laquelle les deux frères Steven et Kevin Obeegadoo auraient formellement renoncé à leurs droits d’héritier sur ce bail octroyé à leur père bien avant l’indépendance de Maurice.

Ce projet de Home devrait, selon les premières indications, comprendre des chambres pour accueillir des résidents, des salles à manger, des salons, des espaces d’activités, un poste de soins d’infirmiers, salles médicales et places de stationnement. Outre l’application faite par Primerose Obeegadoo, les sources avisées sur ce dossier indiquent que le ministère de tutelle aurait soutenu cette demande en faisant part qu’avec le phénomène de vieillissement de la population et la demande croissante de soins spécialisés, de nombreuses personnes âgées sont confrontées à des problèmes de santé, de mobilité et à l’isolement social. Les minutes of proceedings du dossier en font foi.

Le ministère accrédite la thèse dans le dossier que les maisons de retraite sont essentielles aux personnes âgées, garantissant leur sécurité, leur santé, leur bien-être émotionnel et leur indépendance tout en allégeant le fardeau sur les épaules des membres de la famille. Le ministère aurait ainsi motivé cette demande de « Mama » en soulignant que le site en question serait idéal étant donné qu’il se trouve dans un quartier résidentiel qui offre à la fois confort et commodité tout en favorisant un environnement convivial et nullemet aliénant au hustle and bustle de la ville.

La proximité des services essentiels, au cœur de la capitale, tels que les établissements de santé, les épiceries et les lieux de culte, devrait permettre aux futurs résidents de bénéficier d’un accès facile aux nécessités quotidiennes et aux soins médicaux, de même la qualité des infrastructures et les réseaux de services publics dans cette région de la capitale.

Des sources dignes de foi avancent également que cette letter of reservation, qui devient caduque avec la renonciation de dernière minute, devait être valide pour une période de 18 mois avec des conditions rattachées telles que l’obtention des permis requis pour ce projet de Senior Citizen Retirement Home, de même qu’un paiement d’un survey fee de Rs 5 500 et de frais de réservation de Rs 150 000 par arpent.

Depuis hier, toutes ces conditions imposées par le ministère des Terres tombent à l’eau, car le year-to-year lease devait expiré dans deux ans ne sera pas converti en un industrial site lease de 60 ans.

Ce deal Ptit-Mama sur cette portion de State Land dans la capitale, qui tourne en eau de boudin, constitue un nouvel élément, affirmant le désamour du Deputy Prime Minister et ministre des Terres sur le dossier des State Lands. Ce présent mandat, avec le N°2 du gouvernement assurant le portefeuille de Terres, est jalonné d’éclats par rapport à la gestion des State Lands.

Évictions pendant le confinement
Ainsi, en pleine pandémie du Covid-19, alors que le pays était sous cloche du premier confinement, soit en mai et juin 2020, Steven Obeegadoo avait été projeté à la Une de l’actualité avec l’éviction, bulldozers aidant, de familles squattant des terres de l’État. Des responsables du diocèse de Port-Louis, et non des moindres, dont le Père Jean-Maurice Labour, alors vicaire général du cardinal Maurice E. Piat, ou encore le Père Gérard Mongelard, avaient tenté en vain de plaider la cause ce des familles vulnérables auprès des politiques.

Le 30 mai 2020, 19 familles avaient vu leurs maisons en tôle aménagées sur un lopin de terre de l’État, rue Jean Blaize, à Pointe-aux-Sables, démolies en une journée. Scénario semblable quelques jours plus tard à African Town dans la région de Riambel. Un Eviction Order avait été aussi servi à 11 familles qui logeaient sur un terrain de l’État à Cité Tôle, Malherbes.

Et juste avant l’épisode du Deal Mama-Piti, les séquelles de la réallocation des terres des organisations socioculturelles dans la région de Réduit ont ressurgi de manière controversable à la veille des prochaines élections générales.
Sous le gouvernement MMM-MSM entre 2000 et 2005, des terrains avaient été octroyés à quatre centres socioculturels, soit la Hindi Speaking Union, l’Indo Mauritian Catholic Association (IMCA), le Mauritius Tamil Cultural Center Trust (MTCCT) et l’Urdu Speaking Union. Le MTCCT devait alors construire son immeuble sur le lot RT 12 du domaine domanial du Triangle de Réduit.

Si le Triangle de Réduit est resté inoccupé pendant toutes ces années, les choses autour ont connu des transformations. Une correspondance officielle du ministère de Steven Obeegadoo, en date du 28 avril 2023, adressée au président du MTCCT, viendra sonner le glas dans cette affaire. Depuis la relocation de ces organisations à Côte d’Or a empoisonné les relations avec le gouvernement.

Streven Obeegadoo, répondant à une Parliamentary Question du député du MMM, Deven Nagalingum, au sujet de cette controverse, en date du 9 mai 2023, s’était aventuré pour dire que « the only protest that has been aired has come from the usual troublememakers, that each and every opportunity for whatever reason and the Honourable Gentleman ». Il avait eu également à croiser le fer lors d’une Private Notice Question du leader l’opposition d’alors, Xavier-Luc Duval, devenu aujourd’hui son allié

Un autre dossier de terres de’État, qui n’a vraiment pas porté chance encore au Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo, est le Champ-de-Mars. Avec précipitation, le ministère des Terres a été complice du plan pour écarter le Mauritius Turf Club pour faire de la place au seigneur des courses hippiques d’alors, Jean-Michel Lee-Shim, en enlevant le contrôle de l’hippodrome de la municipalité de Port-Louis

Mais ce que les locataires de l’Hôtel du Gouvernement, en quête d’un Pravind Jugnauth 3.0., tentent d’occulter est que cette décision sur l’organisation des courses hippiques à Maurice restera à jamais le Soy des Soy…

Le DPM Steven Obeegadoo :« Mo pa dan okenn fason inplike dan treman sa dosie-la »
Dans ses explications, le Deputy Prime Minister et ministre des Terres, Steven Obeegadoo, soutient qu’à aucun moment en tant que décideur politique à la tête de ce ministère, il s’est mêlé à ce dossier portant sur le bail du terrain détenu par ses parents depuis 1967.
« Mwa zame mo pa’nn al okip zafer terin pou al gete depi kan ena bail tou sala. Resaman mo’nn al met latet ladan, apre sa lartik-la (Le Mauricien) mo’nn al gete ki ban fe. Bail-la ekziste depi 60 banane. Mo papa inn desede dezan desela », a-t-il fait comprendre publiquement.

Steve Obeegadoo confirme que sa mère, Primerose Obeegadoo, avait pris la décision de s’engager dans un développement d’ordre social sur ce terrain. « Donk, li’nn inform mwa ki li pe oule fer enn proze. Pou pena konfli dintere ou persepsion konfli dintere, mo’nn renons a mo bann drwa siksesion. Mo mama kouma nimport ki sitwayin li demann sanz lobze so bail. Olie edikatif, li pou fer enn residans trwaziem az », poursuit-il.

Steven Obeegadoo maintient que « mwa mo pena dat kan linn soumet proze. Mo pa dan okenn fason inplike dan tretman sa dosie-la. Enn aplikasion parey lifer so sime dan minister. Mo pa inplike ditou. Minister pou fer ban zafer dan transparans li dir ki sa dosie-la refere a konsey de minis. » Il a pris le soin de s’appesantir sur le fait qu’il n’était pas présent au conseil des ministres de ce vendredi 13 septembre.

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