Deux accusés impliqués indirectement dans le meurtre de Nadeem Purmessur ont été relâchés sous caution dans deux jugements séparés rendus lundi par le magistrat Gavindren Coolen, siégeant en Cour de district de Curepipe. Il s’agit d’un dénommé Javaid Hosany, un « bénévole » du centre de désintoxication Awaken, et de Jonathan Widley Jean-Pierre, le propriétaire et gérant dudit centre.
Le corps de Nadeem Purmessur avait été découvert le 17 août 2024 dans la cour du centre Awaken à Eau-Coulée, avec de multiples blessures. Ce meurtre avait soulevé un débat sur ces prétendus centres de désintoxication, où des méthodes brutales, qui n’ont rien à voir avec la science de l’addictologie, sont appliquées contre des toxicomanes en vue de leur faire abandonner leurs dépendance à la drogue.
Après la mort de Nadeem Purmessur le 17 août 2024, il y a eu une réunion au restaurant Koko Grill à Eau-Coulée le même jour. Y participaient quatre personnes qui ont été par la suite accusés de meurtre, dont Nawaz Oozeer, Sheen Cheekoree, Mohammed Altaf et Beeharry Musafar. Ces présumés meurtriers voulaient rencontrer Javaid Hosany et Jonathan Widley Jean-Pierre.
Selon la police, Javaid Hosany, qui emmenait apparemment des patients au centre, leur aurait indiqué la voie à suivre pour dissimuler que la victime ait été sauvagement agressée, et que ses agresseurs l’auraient tué en état de légitime défense.
Les quatre personnes accusées de meurtre avaient été appréhendées dans un premier temps, et avaient balancé les noms de Javaid Hosany et de Jonathan Widley Jean-Pierre comme ayant participé à cette réunion. Ces derniers s’étaient toutefois rendus de leur plein gré deux jours plus tard au siège de la Major Crimes Investigation Team (MCIT).
La police avait logé à l’encontre de Javaid Hosany une accusation provisoire de Conspiracy to pervert the course of justice, en violation de diverses sections du Code pénal. Jonathan Widley Jean-Pierre, le propriétaire et gérant du centre Awaken, est pour sa part accusé de « aiding and abetting the author in the commission of a crime », en violation de diverses sections du Code pénal. La police lui reproche d’avoir fourni les moyens aux auteurs du meurtre de commettre leur forfait, notamment en leur fournissant le local.
Selon des témoins interrogés par la police, on les aurait kidnappés et forcés à entreprendre une « thérapie » au centre, et que Jonathan Widley Jean-Pierre était au cœur de ces agissements. Il peut ainsi faire face à d’autres accusations dans les jours qui viennent, dont celle de kidnapping.
La police continue de rechercher activement un enregistreur vidéo numérique, qui aurait enregistré le meurtre, un Taser utilisé lors de l’agression contre la victime, et un registre contenant les coordonnés des patients du centre. Une perquisition au domicile de Jonathan Widley Jean-Pierre n’a rien donné. Trois complices présumés sont encore recherchés activement par la police.
Javaid Hosany et Jonathan Widley Jean-Pierre avaient logé en Cour une demande de remise en liberté conditionnelle. La police y avait objecté, vu qu’il y avait des risques qu’ils ne prennent la fuite, qu’ils ne manipulent des témoins ou des preuves. Vu également la colère que pouvaient éprouver les proches du défunt, la police avait aussi demandé à ce que les deux hommes soient maintenus en détention, pour leur propre sécurité.
Toutefois, le magistrat a décidé de rejeter toutes les objections de la police. Il a pris note qu’aucune preuve n’ait été apportée à l’effet que Javaid Hosany ait comploté à étouffer cette affaire, malgré sa présence à la réunion du 17 août. Le magistrat a aussi retenu dans le cas de Jonathan Widley Jean-Pierre qu’il n’avait pas fourni son local spécifiquement pour le meurtre de Nadeem Purmessur ou qu’il savait que ce dernier y allait être tué. Il n’était pas présent au moment du meurtre et c’était lui qui avait informé la police qu’une personne avait trouvé la mort dans son centre.
Il a pris note de la situation familiale des deux accusés, du fait qu’ils ont des domiciles fixes et du fait qu’aucune preuve n’ait été apportée qu’ils seraient disposés à prendre la fuite. Il a noté que les deux accusés s’étaient rendus de leur plein gré à la police, et qu’ils avaient pleinement coopéré avec les enquêteurs, ce qui n’indique aucune intention de manipuler des témoins ou des preuves, alors qu’ils avaient toute latitude de le faire. Il a aussi rejeté l’argument de la police que les deux hommes seraient en danger, vu l’absence d’incident ou de menace contre ces derniers.
Le magistrat a ainsi conclu que plusieurs des risques avancés par la police ne sont que des simples appréhensions, et a privilégié des mesures qui pourront atténuer ces risques.
Pour retrouver la liberté conditionnelle, Javaid Hosany et Jonathan Widley Jean-Pierre doivent fournir respectivement une caution de Rs 100 000 et de Rs 120 000, et signer respectivement une reconnaissance de dette de Rs 300 000 et de Rs 360 000. Ils doivent résider à des adresses connues de la police, et doivent se présenter au poste de police une fois par jour. Ils doivent aussi se munir d’un portable où ils pourront être rejoints par la police à n’importe quel moment. Ils ne doivent avoir aucun contact avec tout suspect ou témoin dans cette affaire.