Pour pouvoir penser Gaza, il faut se défaire des discours convenus, selon lesquels il s’agirait d’un “conflit israélo-palestinien”, complexe, à la limite inexplicable, une guerre millénaire fratricide. Il faut taire la syntaxe de la propagande et en finir avec les mensonges qui font office de vérité. Puis se mettre à penser. Une pensée qui fend les strates des apparences, qui parvient à saisir la substance du réel, à l’expliquer.
Gaza est un enjeu existentiel ; l’avenir de l’humanité se joue là-bas. Si les Israéliens l’emportent, nous deviendrons tous des Palestiniens. Si les Palestiniens l’emportent, nous pourrons alors rêver de liberté.
Gaza représente un combat fondamental entre le Bien et le Mal.
Israël n’est pas un pays anodin, ni un pays périphérique ; il est au cœur des structures de pouvoir, le dernier avatar de la colonisation occidentale. Israël déploie, avec une férocité sans commune mesure, l’arsenal de la domination. C’est le disciple qui a dépassé et dompté le maître. Il est l’incarnation dystopique du monde à venir : fascisme, capitalisme ensauvagé, apartheid, suprématie raciale, génocide, déshumanisation, utilisation de la technologie de surveillance, de l’intelligence artificielle, des robots pour contrôler, asservir et ultimement tuer l’autre. L’extrême droite, les fascistes, l’internationale des extrémistes sont fascinés par Israël, car il réalise leurs fantasmes les plus fous.
Si Israël n’existait pas, ils l’auraient inventé.
Si vous estimez que c’est un “conflit” entre deux peuples ennemis, qui ne vous concerne en rien, réveillez-vous, libérez-vous de votre torpeur. Le processus de fascisation du monde, en d’autres mots, de sa palestinisation, est en marche, avec Israël en première ligne.
C’est un combat entre le Bien et le Mal. Ces termes peuvent surprendre car ils renvoient à la religion. On peut les trouver manichéen, peu susceptibles de saisir les nuances d’une situation “complexe”.
Mais le Mal est là. Obscène et fier.
Destruction des hôpitaux et des écoles. Massacres des femmes enceintes et des enfants. Viols, tortures. Une bombe qui pulvérise des Palestiniens en prière. On entasse têtes, mains, pieds, morceaux de corps dans des sacs en plastique.
Jamais dans l’histoire humaine le Mal ne s’est affiché avec autant d’impudeur.
Il est essentiel de l’énoncer et de le répéter.
Jamais au cours de l’histoire des milliards d’humains n’ont été témoins du Mal au quotidien, à presque chaque instant.
Comprenez-vous ce que cela signifie ?
Parvenez-vous à y penser ?
Le Mal est la divinisation de la terre.
Il est la divinisation de soi.
Le Mal est la déshumanisation absolue de l’autre.
La banalité du Mal. Et sa radicalité aussi.
Et le Bien.
Ces Palestiniens qui n’ont pas un seul mot de haine à l’égard des Israéliens. Ces Palestiniens qui s’évertuent, chaque jour, à la compassion et au partage. Les visages des enfants, empreints de la lumière de l’innocence. Celui du grand-père de Reem, l’éloquence inconditionnelle de l’amour.
Le pouvoir de la foi, de s’en remettre à la volonté de Dieu. L’acceptation apaisée de leur destin.
Plus Israël déshumanise les Palestiniens, plus ils s’humanisent et nous humanisent.
Les Palestiniens incarnent le Bien radical.
On ne vous demande pas d’être pro-palestinien, d’éprouver de la sympathie pour les Palestiniens ; l’impératif est de comprendre le véritable enjeu, d’établir ce lien : le microfascisme qui s’exerce dans votre vie est une manifestation du fascisme qui vient. Comprendre ce que ce génocide est, ce qu’il implique pour nos vies, c’est cesser d’être de manière ordinaire.
Ce savoir vous accompagnera désormais, où que vous soyez, où que vous alliez.
Pensez, de grâce, au génocide des Palestiniens et souvenez-vous que le corps déchiqueté du Palestinien sera le vôtre, tôt ou tard.