En 2025, l’école Père Henri Souchon, gérée par l’ONG Oasis de Paix, accueillera une nouvelle cohorte d’élèves dans le cadre du Bright Up Programme, initiative portée par la National Social Inclusion Foundation (NSIF). Ce programme s’adresse aux jeunes n’ayant pas réussi les examens du National Certificate of Education (NCE) et offre une alternative non seulement pour une éducation de qualité, mais aussi un chemin vers l’autonomie et l’inclusion sociale. Riche de ses 18 années d’expérience dans l’encadrement des enfants en difficultés scolaires, l’école Père Henri Souchon, gérée par l’ONG Oasis de Paix, se joint à ce programme novateur afin de proposer des formations certifiées de niveau NC1 et NC2. Une cérémonie, organisée la semaine dernière à Pointe-aux-Sables en présence de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a marqué l’officialisation de ce projet à travers la signature Memorandum of Understanding (MoU) pour formaliser ce partenariat, qui s’inscrit dans la continuité de la mission de l’école : offrir une deuxième chance aux jeunes en difficulté.
Depuis sa fondation en 2006 par le père Henri Souchon et Monique Leung, l’école Père Henri Souchon s’est consacrée à l’accompagnement des enfants en difficulté scolaire. D’abord opérant sous le nom d’Oasis de Paix dans un modeste local rue Saint-Georges, l’école — fruit d’une vision de réinsertion éducative pour les enfants marginalisés — a grandi pour devenir un refuge éducatif pour ceux que le système traditionnel a laissés de côté. Le président de l’ONG, Amédée Poupard, a rappelé l’importance de cette mission lors de la cérémonie, soulignant que l’école a toujours accueilli des « enfants blessés de la vie » et faisant ressortir que cette école est née du rêve du père Souchon : offrir une deuxième chance aux jeunes en difficulté.
Une école née d’une vision et d’un engagement
L’école a fait un long parcours depuis ses débuts modestes dans un petit local rue Saint-Georges, jusqu’à l’inauguration de ses nouvelles installations en 2011 sur un terrain fourni par le diocèse de Port-Louis grâce au soutien de François Woo, de la CMT. Aujourd’hui, l’école Père Henri Souchon fait partie du réseau ANFEN (Adolescent Non Formal Education Network) et se distingue par son approche intégrée, qui a permis à de nombreux élèves de bénéficier d’une éducation de base et d’une formation technique. Parmi les matières enseignées figurent le travail du bois, la soudure, la couture, et la coiffure. Certains élèves, encouragés à reprendre leur scolarité, ont même réussi des examens nationaux tels que le Primary School Achievement Certificate (PSAC) et le HSC. L’intégration de l’école Père Henri Souchon dans le Bright Up Programme marque une étape clé dans la lutte contre l’exclusion scolaire à Maurice.
Avec le Bright Up Programme qui accueille actuellement 1 200 élèves, les formations de l’Ecole Père Henri Souchon seront désormais alignées aux normes du Mauritius Institute of Training and Development (MITD), permettant ainsi aux élèves d’obtenir des certifications reconnues. Le Memorandum of Understanding (MoU) signé avec la NSIF ouvre en effet la voie à des formations certifiées de niveaux NC1 et NC2. Ces certifications renforceront la reconnaissance des compétences acquises par les élèves, leur offrant ainsi de meilleures opportunités sur le marché du travail. Ou encore, les élèves pourront poursuivre une formation de niveau NC3 au MITD, avec une allocation mensuelle pour les soutenir. En parallèle, la NSIF propose un soutien psychologique et pédagogique grâce à sa Fortified Learning Environment Unit, qui intervient dans plusieurs écoles primaires et collèges du pays. Cette unité est actuellement active dans 30 écoles primaires et 50 collèges, où elle collabore étroitement avec les parents pour garantir un environnement d’apprentissage optimal.
Développement personnel et inclusion sociale
Faisant ressortir l’importance de ce développement, qui permet non seulement de respecter la vision initiale de l’école, mais aussi d’étendre l’accès à une éducation de qualité à un plus grand nombre de jeunes vulnérables, Menon Munien, président de la NSIF, a salué ce partenariat tripartite entre l’école, la NSIF et le ministère de l’Éducation, le qualifiant de modèle pour d’autres initiatives similaires. Il a également rendu hommage au père Souchon et à Monique Leung pour leur vision et leur engagement indéfectible. « Nous allons tout faire pour respecter l’objectif premier de l’école », a-t-il assuré, indiquant qu’environ 2 000 autres jeunes pourraient rejoindre ce programme après les résultats du NCE 2024.
Lors de la cérémonie, la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a rappelé l’importance d’adapter le système éducatif aux besoins des enfants vulnérables, en insistant sur l’intégration de la Technology Education Stream, une nouvelle approche pédagogique favorisant les travaux pratiques pour les jeunes moins à l’aise avec l’enseignement académique traditionnel. Cette synergie entre les différents partenaires est, selon elle, essentielle pour garantir que tous les enfants bénéficient d’une éducation de base et d’une opportunité de développer leur potentiel.
Depuis son ouverture, l’école Père Henri Souchon a formé 2 714 enfants, et actuellement, 80 élèves bénéficient d’un encadrement académique, technique, et psychosocial. Parmi les succès notables de l’école, un élève a même réussi son Higher School Certificate (HSC), un accomplissement qui témoigne de l’efficacité de l’approche de l’école. Cette réussite a été mentionnée avec fierté par Amédée Poupard, démontrant que malgré les défis, les enfants peuvent atteindre des sommets insoupçonnés avec le bon soutien.
Le cardinal Maurice E. Piat : « Le père Souchon veille sur vous »
Absent de la cérémonie, le cardinal Maurice E. Piat, évêque émérite du diocèse de Port-Louis, a envoyé un message émouvant pour féliciter l’équipe de l’école pour son dévouement. Qualifiant leur travail de « petite plante dans le désert qui reprend vie », il a loué l’approche pédagogique de l’école qui, selon lui, permet aux élèves de développer leur confiance en eux et d’affirmer leur personnalité. « Vous avez compris qu’il y avait une autre manière d’apprendre. Vous avez développé une pédagogie nouvelle et vous y avez mis de l’amour », a-t-il déclaré. Le cardinal a également exprimé sa gratitude envers le ministère de l’Éducation et la NSIF pour leur collaboration, qu’il considère essentielle pour aider les enfants à trouver leur place dans la société. Et il a assuré aux élèves que « le père Souchon veille sur eux », leur rappelant que, malgré les obstacles, leur potentiel est immense.