- Après 4 années de faible croissance à 1% entre 2015 et 2018, la population mauricienne a reculé de -0,3% en 2020 et 2019, de -0,12% en 2023 et de -0,15% en 2024
- Une mortalité en hausse due au vieillissement et à la fragilité sanitaire de la population, responsable de cette situation
Le déclin démographique s’accélère à Maurice, marquant une rupture nette avec les tendances précédentes. Entre mi-2023 et mi-2024, la population mauricienne a diminué de 1,848 habitants, passant de 1,264,268 à 1,262,420, soit une baisse de 0,15%. Ce déclin, qui était de -0,12% en juillet 2023 et de 0,03% en 2020 et 2019, survient après quatre années de faible croissance annuelle de 0,1% entre 2015 et 2018. Cette tendance contraste fortement avec Rodrigues, où la population a augmenté de 280 habitants, soit une croissance de 0,70%, passant de 40,089 à 40,369. Ces dynamiques démographiques divergentes entre les deux îles mettent en lumière un exode ou une baisse naturelle à Maurice, tandis que Rodrigues continue de manifester une certaine vitalité démographique. Ce déclin à Maurice peut être attribué à une combinaison de facteurs, dont un solde migratoire négatif et une baisse de la natalité.
En 2024, Maurice devrait enregistrer 12,290 naissances, contre 12,780 en 2023, ce qui représente une baisse de 3,83%. Le taux de natalité a ainsi chuté à 9,8 pour 1,000 habitants, en diminution par rapport à 10,2 pour 1,000 habitants l’année précédente. À Rodrigues, le taux de natalité reste beaucoup plus élevé, atteignant 17,5 pour 1,000 habitants. Cette différence significative entre les deux îles montre une disparité importante dans les dynamiques de population, où Maurice semble vieillir et perdre de la vitalité démographique, tandis que Rodrigues conserve un profil plus jeune et fertile.
Au niveau de la répartition par sexe, les femmes continuent de surpasser les hommes en nombre, avec une différence de 15,575 en faveur des femmes. Le rapport indique que pour chaque 100 femmes, il y a environ 97,6 hommes, un ratio qui est resté stable entre 2023 et 2024.
Le nombre de décès à Maurice devrait augmenter pour atteindre 12,580 en 2024, comparé à 11,850 en 2023, soit une hausse de 6,16%. Le taux de mortalité brut a ainsi augmenté à 10,1 pour 1,000 habitants, contre 9,4 pour 1,000 habitants l’année précédente. Cette augmentation est d’autant plus préoccupante que le taux de mortalité infantile a également augmenté de 13,1 à 14,2 pour 1,000 naissances vivantes, soit une hausse de 8,40%. Ces chiffres reflètent non seulement un vieillissement de la population, mais aussi, peut-être, des défis persistants dans le domaine de la santé publique, en particulier en ce qui concerne les soins maternels et néonatals.
La diminution du taux de natalité est un autre indicateur clé. Avec une estimation de 12,290 naissances en 2024, le taux de natalité a chuté à 9,8 pour 1,000 habitants, contre 10,2 enregistrés en 2023. Cette tendance est particulièrement frappante lorsque l’on compare la situation à Rodrigues, où le taux de natalité est bien plus élevé, à 17,5 pour 1,000 habitants, ce qui souligne des dynamiques démographiques très différentes au sein de la République. La baisse des naissances à Maurice pourrait être le reflet d’un vieillissement de la population, d’une modification des priorités familiales ou d’un accès accru à la planification familiale.
Le nombre de mariages en 2024 est prévu à 7,880, en baisse de 3,26% par rapport aux 8,145 mariages enregistrés en 2023. Le taux de mariage pour 1,000 habitants à Maurice est désormais de 6,2, contre 6,4 l’année précédente. Cette tendance à la baisse pourrait être liée à des facteurs économiques, sociaux, ou à des changements dans les valeurs sociétales, où le mariage n’est plus considéré comme une étape essentielle de la vie pour les jeunes générations. À Rodrigues, malgré les petites fluctuations, le taux de mariage reste relativement stable, ce qui pourrait refléter des différences culturelles ou des structures sociales distinctes entre les deux îles.
La densité de population dans la République de Maurice est extrêmement élevée, atteignant 627 personnes par kilomètre carré (km2). Sur l’île principale, cette densité grimpe à 650 personnes par km2. Ces chiffres témoignent d’une forte pression sur les ressources et l’espace, une situation qui pourrait devenir plus critique avec les défis environnementaux croissants et une population vieillissante qui nécessite davantage de services sociaux et de santé.
L’année 2024 marque un tournant dans l’évolution démographique de Maurice. La baisse de la natalité et l’augmentation de la mortalité, associées à un solde migratoire négatif, signalent des défis majeurs pour le pays. Tandis que Rodrigues semble échapper à cette tendance avec une croissance démographique positive, Maurice fait face à une situation alarmante. Les autorités devront répondre à ces indicateurs préoccupants en ajustant les politiques publiques – en particulier dans les domaines de la santé, du développement durable et de l’économie –, afin de répondre aux besoins d’une population en mutation.