Et si le virus du chatwarism a fini par ne plus épargner personne et qu’il s’est même introduit au sein de l’église catholique ? Il fut un temps où les chrétiens étaient extrêmement fiers et rassurés qu’ils soient publiquement cités en exemple pour la distance que leur église entretenait avec les politiques.
Des fidèles d’autres croyances – agacés que leur lieu de culte soit investi, confisqué, pollué par la présence constante et intempestive des politiciens qui en profitent pour tenir des discours partisans et agressifs – en appelaient souvent à suivre la voie tracée par les chefs de l’Église catholique. Celle qui tenait à distance respectueuse les politiciens.
C’est un acquis, jalousement conservé et préservé par ceux qui jusqu’ici ont présidé aux destinées de l’Église et qui est manifestement et malheureusement en voie de perdition. Est-ce que les véhicules hors-taxe sont pour quelque chose dans ce comportement de vassal de certains hommes d’Église ? Achetables aussi les hommes en soutane ?
Lorsqu’on sait comment vivent, à l’étranger, certains hommes et femmes d’Église et qui, à côté de la conduite de leur ministère, travaillent, sont souvent des artisans qui se déplacent sur leur modeste bécane, il y a lieu de se demander si ceux qui se réclament des écritures saintes ici comprennent leur mission et s’ils sont vraiment sincères dans leur engagement. Henri Souchon. sillonnant la capitale sur sa modeste Vespa, semble être d’un très lointain passé.
Cette accointance indécente avec la politique, lente et progressive, a pris définitivement de l’ampleur ces dernières années. Oui, il y a eu des prêtres militants, au sens large du terme, dans les années 70/80 inspirés de la théologie de libération venue de l’Amérique Latine.
Il y a eu un cardinal comme Jean Margéot qui défendait des causes justes, qui ne manquait pas d’intervenir lorsque la liberté de la presse était menacée et qui avait payé la caution des 43 journalistes interpellés après une manifestation, mais le rapprochement prêtre/politique a pris une tournure résolument malsaine avec l’arrivée du père Jocelyn Grégoire et ses méthodes empruntées des évangélistes américains.
Il voulait fédérer l’Église, il l’a profondément fragmentée. On l’a vu, en 2019, fricoter avec un Prakash Maunthrooa au Sun Trust où il s’était fièrement rendu pour remettre “sa liste” de candidats, les Sandra Mayotte, Gilbert Bablee, Joanne Tour et autres Clive Auffray. Sa “mission” de planter des pions au sein du MSM lui a permis d’obtenir Rs 10 millions pour la rénovation du patrimoine qu’est l’église de St Francois d’Assises ainsi que son cimetière, sauf que cet argent n’a servi qu’à défigurer le lieu.
Maintenant que les élections approchent, le prêtre s’agite comme un diable dans un bénitier pour aider ses parrains du MSM. La trouvaille, cette année, est un concert “spirituel” au Stade de Rose-Hill. Rien de particulier même si des artistes éprouvent, eux, toutes les peines du monde pour trouver un lieu où se produire.
Mais l’affiche du concert est une véritable provocation avec sa couleur orange et son soleil bien en évidence. Il est, toutefois, heureux que plus d’une voix – dont celle puissante et constante de Jean-Maurice Labour – et bien d’autres aient pris position, condamné l’initiative de Jocelyn Grégoire et qu’ils aient publiquement pris leurs distances de cette initiative partisane.
Mais au delà du cas Grégoire, il y a aussi des décisions de l’Église et de certains prêtres qui ne peuvent que laisser perplexe. Comme aller faire des prières au Champ de Mars, à l’ouverture de la saison hippique version Jean Michel Lee Shim, en mars 2023, après l’enterrement de première classe du MTC organisé par le gouvernement.
Là aussi, c’est Jean-Maurice Labour qui était monté au créneau pour rappeler que “ce n’est pas la pratique de l’Église catholique de bénir un champ de courses.” Une évidence qui a échappé à ses collègues en soutane.
Ce sera comme le début du feuilleton des brebis égarées. Si, pour la prière universelle à la messe de la St Louis, il y a eu, ces dernières années, la participation de députés de tous bords, Sandra Mayotte, Joanne Tour, Fabrice David et Joanna Bérenger, le Père Jean Max Coowar a, cette année, “innové” en choisissant la ministre Dorine Chukowry et l’occupante du karo kann Aurore Perraud du PMSD pour dire ces prières. On ne sait pas quel est le critère qui a guidé ce choix et si c’est parce que ces dames sont des modèles de vertu chrétienne, mais il a hérissé plus d’un, à commencer par les catholiques.
Et si, dans le cas du père Grégoire, le diocèse a cru utile d’émettre un communiqué pour condamner sa démarche, rien sur le choix très curieux, mais en même temps éloquent, des diseuses de la prière universelle version 2024.
Les explications du père Jean Max Coowar indiquant que cela n’avait “rien de politique” sont plus que bancales. Elles sont légères, indignes et elles disent beaucoup de ce que l’Église est devenue et qui fait que bien des catholiques se tournent de plus en plus vers des offices parallèles.
À la paroisse St Patrick, Xavier Duval s’est imposé comme “député de l’opposition” pour s’infiltrer à une réunion élus/citoyens, ce qui a fait fuir les vrais élus de l’opposition. Il ne reste plus qu’à accorder la parole à Pravind Jugnauth à la prochaine messe du Père Laval et la boucle sera bouclée.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le mandat de Pravind Jugnauth se termine dans une crispation assez généralisée sur le front socio-culturel. Entre les millions de la discorde qu’évoque le Maulana Khodadin, le ressentiment profond du mouvement Rane Nou Later face à ce qu’il considère comme une injustice à son égard et les incidents révoltants de mardi dernier à Cote d’Or, où des individus sans uniforme déguisés en bouncers, s’ils ne le sont pas vraiment, ont malmené Rajen Narsinghen qui ne faisait que faire une déclaration à la presse, une atmosphère pourrie s’installe, et cela n’augure rien de bon pour la campagne électorale qui vient. Jamais l’adage qui veut que l’on récolte ce que l’on a semé n’a pris autant de sens.
Josie Lebrasse