Du thé chinois planté à Dubreuil et produit sur le sol mauricien sous l’appellation de Kuanfu Tea, voilà une belle découverte pour les amateurs de thé. Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est qu’un musée du même nom, situé dans la zone portuaire de Port-Louis, le Kuanfu Tea Art Center, permet de mieux s’imprégner des saveurs, des arômes et des traditions entourant le mythe autour de ce breuvage. Une visite surprenante et riche en expérience.
Le musée Kuanfu Tea Art Center est situé au premier étage d’IKS Building, dans un bâtiment industriel protégé, rue Marine, Port-Louis. Un petit escalier avec à l’entrée un gros dodo coloré, emblème de notre patrimoine qui semble faire le guet et dire son appréciation à tous visiteurs heureux de découvrir tout un rituel entourant la fabrication du thé. Une fois les marches gravies, on entre dans le musée.
Disposé sur une grande superficie avec des escales obligées à chaque table, sans ouverture cloisonnée. D’abord, le décor est frappant, des tables bien aménagées pour servir le thé, en plusieurs espaces de dégustation dans la pure tradition ancestrale chinoise. En Chine, le thé représente l’harmonie, la convivialité, et l’art de boire du thé était interprété comme un moyen par lequel on pouvait cultiver l’esprit. Les promoteurs ont pensé à tout en recréant la même ambiance.
Il y a aussi Nishi, la guide qui explore chaque rituel de thé avec des gestes bien précis. Tel un parfumeur, elle décrit chaque note de feuilles de thé, ses senteurs et ses vertus. Nul besoin de dire que le thé fait partie intégrante de la culture mauricienne. Le Kuanfu Tea qu’on découvre a été créé en 2012 et est devenu célèbre pour son thé noir mûr. Les feuilles récoltées sont fermentées pendant 365 jours. Une tasse de cette boisson, selon Nishi, procure une sensation de bien-être et de détente.
Saveurs, traditions et détente
Dans ce musée à la gloire de ce fameux breuvage, on trouve de tout, du thé noir mais aussi d’autres couleurs de thé, le blanc, le jaune, le bleu. Ici, on parle de saveurs, de traditions et de moment de détente procuré par ces différents types de thé qui peuvent aider ceux souffrant du trouble du sommeil, d’hypertension, du diabète… « Ripe Black tea ou le thé noir est originaire de l’île volcanique de thé de Maurice. C’est l’éruption volcanique qui a créé la qualité de base de ce thé noir mûr », indique Nishi.
C’est ainsi qu’en 2012, Mauristea Investment Co. Ltd a inventé le thé noir mûr qui a acquis une nouvelle réputation dans le monde tout en aidant Maurice à se positionner sur le marché mondial du thé. On apprend que pour rendre les feuilles de thé dans le thé noir brut, 21 étapes de cuisson sont nécessaires. Et la période de production ne prend pas moins de 365 jours pour faire le thé noir. Il y a une période d’incubation d’une année pour faire le thé, dira Nishi.
Dans une des ailes du musée, un tamis sert de refuge pour les feuilles de thé broyées. Nishi montre une autre forme de thé présenté comme une galette et explique que les feuilles de thé à gâteau Volcano Turtle sont transformées en thé à gâteau et emballées ensuite sous vide pour mieux garantir son goût. Le parfum émanant des feuilles de thé offre une expérience sensorielle aux visiteurs. À titre d’exemple, Nishi précise que le thé noir connu, comme le Kuanfu Ripe Black Tea, possède un taux de caféine inférieur à 0,017% et un taux de polyphénols à plus de 32%. La fermentation se fait sur deux principes, le chaud et le froid, en machines et dans des sacs, avant de finir sur le tamis pour le séchage des feuilles.
Éveiller la curiosité des visiteurs
Nishi profite de cette aura de mystère qui se dégage des lieux pour raconter des légendes autour du thé. Une des pancartes fait mention de l’empereur Shen Nung, connu aussi comme étant le patron de la médecine et de la pharmacopée chinoise. Il avait, paraît-il, un ventre transparent qui lui permettait d’observer les actions de différentes plantes sur son organisme dont des poisons qu’il ingérait lors de ses études.
Alors qu’il dort sous un arbuste, une brise fait tomber dans sa tasse d’eau bouillante disposée sur sa table des feuilles qui la teintent. Il goûte de ce breuvage inopportun et est surpris d’en apprécier la légère amertume et le parfum délicat, et réalise qu’il est sous un théier sauvage. Lorsqu’il observe son ventre, il découvre tous les bienfaits de ces feuilles de thé sur son organisme. C’est ainsi que le théier devient une plante bénéfique en Chine.
Une autre légende indienne, cette fois greffée à l’histoire du thé, est celle concernant Bodhidharma qui, pendant sa méditation, se coupait les yeux afin de ne pas s’endormir. La légende raconte que dix plants de thé ont poussé de sa paupière, les feuilles étaient mises dans de l’eau chaude et bues, ce qui bannissait le sommeil.
Le cérémonial
Après avoir éveillé la curiosité des visiteurs par ces récits, place à l’art cérémonial du thé. Le but de la cérémonie du thé est d’être en harmonie avec l’instant présent. Quand on participe à une cérémonie de thé, on doit tout oublier et se concentrer uniquement à regarder le guide préparer, selon les traditions, ce breuvage. Lors de la dégustation du thé, Nishi s’attarde sur le choix de la théière assortie de tasses minuscules. Le rituel se fait en plusieurs étapes consistant à utiliser de l’eau bouillante pour nettoyer la théière et augmenter sa température, de mettre le thé dans la théière. Elle insiste sur le dosage du thé qui doit être de cinq grammes, mais la quantité peut aussi varier selon le goût de chaque personne.
Pour l’infusion de thé, l’eau doit être à 90° et une fois le thé infusé, on le verse dans la tasse commune pour équilibrer la couleur de concentration du thé. Après quoi, Nishi divise le thé dans les tasses selon le nombre de clients et conseille à ses hôtes de procéder lentement à la dégustation en vue d’en bien apprécier le goût aromatique. Elle explique dans la même foulée que l’usine de thé de Dubreuil est aussi très appréciée des touristes et que la salle de thé est encore plus grande pour accueillir ses hôtes.
Bindya, une des employées, confie pour sa part que la première fois qu’elle a visité le musée du thé, elle a été séduite par l’emplacement et par la manière dont les emballages de thé se faisaient avec des phases qui englobent le flétrissage, la fermentation. Une opération qui nécessite entre 18 et 20 heures. Pour Bindya, chaque jour est une nouvelle découverte. Et elle annonce au passage que bientôt du thé à base de fleurs, une nouveauté, sera proposé aux visiteurs.