La mise en place des installations aériennes et maritimes, liées à la piste d’atterrissage et la nouvelle jetée construites à Agalega avec l’aide financière de l’Inde, s’inscrit dans le cadre des efforts consentis par la Grande péninsule et Maurice, en partenariat, en vue de lutter contre les nombreux défis qui se présentent dans la zone économique mauricienne et dans l’océan Indien. C’est ce qu’a indiqué en début de semaine à son bureaude New Delhi le ministre indien des Affaires extérieures, Subramanyam Jaishankar, lors d’une rencontre avec une délégation de journalistes venus d’Afrique, de l’océan Indien et du Pacifique, et qui participe à une visite de familiarisation avec le Quad, qui regroupe l’Inde, le Japon, l’Australie et les États-Unis. Interrogé au sujet de la contribution de Maurice, qui dispose de nouvelles installations aériennes et maritimes à Agalega, le ministre indien des Affaires étrangères s’est appesanti sur les défis auxquels sont confrontés les pays comme Maurice.
« C’est un très bon exemple à la fois pour les relations bilatérales entre Maurice et l’Inde ou les autres États océaniques avec qui l’Inde entretient des relations. (…) Vous disposez d’un immense espace marin. Comme le dit le Premier ministre Modi, il ne faut plus dire petits États insulaires en développement, mais grands États océaniques en développement, parce que toutes ces petites îles ont d’énormes océans qui font partie de leur juridiction », affirme le Dr Jaishankar. « Parmi les gros problèmes auxquels Maurice est confrontée figure le trafic de drogue, qui se passe dans cette partie occidentale de l’océan Indien, ainsi que d’autres activités illégales de divers types et qui suscitent des inquiétudes. » Il poursuit : « il peut également y avoir des problèmes comme ceux que vous avez connus avec le MV Wakashio, qui a occasionné un gros déversement de produits pétroliers en mer. »
De fait, que font les pays face à de telles situations ? Le ministre indien répond : « Certains pays diront que leurs capacités nationales sont suffisantes pour faire face à tous ces défis. Mais aujourd’hui, il n’y en a pas beaucoup qui peuvent le dire et qui croient qu’ils peuvent s’asseoir confortablement. »
Mais alors, comment répondre à ces défis ? « Il faut faire en sorte que les partenaires et amis, et les pays de confiance, participent à la gestion collaborative de tout cela. C’est exactement le genre de chose que les relations entre l’Inde et Maurice et le Quad essaient de développer. Concernant Agalega, vous savez les efforts consentis par le gouvernement indien en partenariat avec le gouvernement mauricien pour se doter des installations adéquates et s’attaquer aux défis comme la lutte contre la pêche illégale ou le trafic de drogue. Mais il y a aussi tout le travail de sensibilisation et la capacité de répondre à ce qui se passe au sein de la zone économique », a-t-il fait comprendre. Face à la presse, le ministre Jaishankar a fait le point sur le Quad, qui « has been increasingly becoming instrumental in the Indo-Pacific region through an expansive agenda, including maritime security, resilient supply chains, climate action, technology collaboration and quick disaster response ».
Le Quad, pour rappel, regroupe quatre démocraties, à savoir l’Inde, l’Australie, le Japon et les États-Unis, qui partagent l’engagement de défendre une région indo-pacifique libre, ouverte, prospère et pacifique, fondée sur les principes du respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, du droit international et de l’ordre international fondé sur des règles.
Le groupe s’est constitué en 2004 pour coordonner la réponse humanitaire au tsunami qui avait affecté l’océan Indien. Depuis, il a évolué graduellement pour se réunir au niveau ministériel à partir de 2019. En 2021 s’est tenue la première réunion au sommet du Quad.
Le groupe ministériel de l’organisation s’est rencontré la dernière fois à Tokyo en juillet dernier, où ses dirigeants ont fait comprendre que « le Quad est là pour rester, pour agir et pour se développer ». « Quad is not a talkshop but a platform to generate pratictical outcome », a souligné le ministre indien. Cette plateforme accorde un intérêt particulier à la sécurité maritime dans la région et s’efforce de fournir des données à ses pays et juridictions pour lutter contre les activités maritimes illicites et répondre aux événements climatiques et humanitaires.
Par ailleurs, lors de la réunion ministérielle du Quad au Japon le mois dernier, le lancement d’un projet pilote dans l’un des pays de l’océan Indien pour surveiller les précipitations extrêmes à l’aide de données spatiales a été évoqué. Le Space-based Climate Warning System devrait ainsi être lancé à Maurice dans un avenir proche.