Coût de la vie : la spirale inquiétante de l’érosion du pouvoir d’achat

  • Davantage de soutien réclamé pour aider les familles en difficulté

Les prix des denrées de base continuent de grimper sur les rayons des supermarchés. Les produits alimentaires essentiels tels que le riz, l’huile, le beurre, les grains secs et le lait ont vu leurs prix augmenter de manière significative, mettant une pression accrue sur le budget des ménages. Cette hausse est principalement due à l’augmentation des coûts d’importation avec la flambée des tarifs de fret.
La population éprouve de plus en plus de difficultés à assurer ses approvisionnements quotidiens. Les familles à faibles revenus sont particulièrement touchées, certaines étant contraintes de réduire leurs dépenses alimentaires, comme le souligne l’économiste Bhavish Jugurnath. « C’est une difficulté constante pour toute cette frange de la population qui ne parvient pas à acheter les produits essentiels en quantité suffisante pour sa famille. Le gouvernement apporte déjà une aide mais il faudra davantage de soutien pour que les familles soient en mesure de se procurer les aliments de base », fait-il comprendre. Le pouvoir d’achat s’érode malgré les mesures gouvernementales et les allocations ; et cette instabilité des prix risque de pousser davantage de familles sous le seuil de pauvreté, aggravant ainsi les inégalités sociales.

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La nécessité de produire localement est aujourd’hui un impératif en vue de réduire la dépendance des produits importés. Les coûts du fret sont repartis à la hausse rendant les prix des produits à la source encore plus chers. Ils ont augmenté de plus de 250 % au cours du premier semestre, atteignant leurs niveaux les plus élevés depuis la mi-septembre 2022.  « Le problème des prix est récurrent et nous jouons avec le feu. Comme nous sommes loin de nos marchés d’approvisionnement et tenant compte de ce qui se passe dans l’écosystème mondial, avec la guerre et les opérations maritimes qui sont affectées, cela a un impact direct sur nous. Il faut trouver des solutions rapidement pour encourager la production locale. Il faut des incitations pour lancer cela véritablement ; on ne peut rester les bras croisés et miser uniquement sur des augmentations de la pension et des salaires, ce n’est pas une situation soutenable dans le temps », explique un observateur.

Bhavish Jugurnath, lui, met en avant que « l’augmentation continue des tarifs de fret représente un sérieux problème. Avec les perturbations logistiques et maritimes qui continuent à peser sur le coût de la vie à Maurice. De novembre 2023 à juillet 2024, le prix du fret a grimpé drastiquement, surtout depuis mai dernier. En novembre 2023, le fret depuis Shanghai était de USD 1200 pour un conteneur de 20 pieds et USD 1300 pour un conteneur de 40 pieds. Mais depuis mai dernier, ces prix ont grimpé avec les tensions géopolitiques, à USD 1900 pour un conteneur de 20 pieds puis à USD 4700 en juin dernier. Tandis que pour un conteneur de 40 pieds, le prix – qui était de USD 2800 en mai dernier – est maintenant de USD 8400. »

Ces prix sont également presque similaires pour d’autres ports comme Singapour et l’Inde. Rien que pour mai et juin, il y a eu une hausse de 250% des coûts du fret, d’après lui. Malheureusement, le pays dépend à près de 90% de l’importation, et ce même pour les matières premières qui sont importées par les entreprises exportatrices, lesquelles sont également drastiquement affectées par cette flambée de prix du fret.

Toutefois, des observateurs et économistes estiment que le fret n’est pas le seul responsable de l’explosion des prix : « Les décisions comme la hausse du salaire minimum et de la pension ne font qu’attiser l’inflation. Cela aurait été plus judicieux de réduire le Cost of Living sans augmenter la base monétaire. Un pays qui donne la priorité aux bénéfices sociaux plutôt qu’à l’éducation et à la santé, etc., n’est pas en train de prioriser l’avenir de la population sur le long terme, mais plutôt sa survie à court terme. » *

Ils estiment que le pays se retrouve dans un cercle vicieux et que les prix à la consommation vont continuer à grimper, « avec la dépréciation constante de la roupie, chaque nouvelle cargaison de produits coûte plus cher, donc la hausse est automatiquement passée au consommateur. En donnant des augmentations de salaires et de pension à tout va, sans planification et sans réelle stratégie de développement sur le long terme, le gouvernement est en train de jeter de l’huile sur le feu. On appelle cela du Mismanagement. De plus, la hausse des salaires entraîne une augmentation des coûts de production des entreprises et bien sûr elles devront augmenter le prix de leurs produits et services.»

À quoi s’attendre pour les prochains mois ? Bhavish Jugurnath estime qu’il y aura un ralentissement économique mondial, ce qui entraînera une baisse de la demande. « Il se peut que l’économie américaine se dirige vers une récession. Si cela se produit, cela entraînera un recul des tarifs de fret et on verra peut-être certains prix baisser. L’inflation mondiale pourrait baisser, mais si ce n’est pas le cas et si la demande actuelle maintient le même rythme, je ne vois pas les prix se réduire de sitôt. Les prix risquent de ne pas baisser avant février 2025 », dit-il.

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