Jean-Christophe Carel : L’Art Optique au cœur de Bourdeaux 

Cet été, Jean-Christophe Carel expose à Bourdeaux, un charmant village de la Drôme en région Auvergne-Rhône-Alpes. Bourdelois d’adoption, né à Harfleur, Jean-Christophe partage avec nous cinquante ans de passion pour l’art. Depuis sa première exposition collective dans un salon d’amateurs en 1998, il a beaucoup évolué et présente aujourd’hui son exposition solo intitulée « Art optique ». Installée dans une ancienne maison de retraite qu’il a entièrement revisitée, cette exposition reflète son amour pour les formes, les couleurs, l’abstraction géométrique et les fractals. Admirateur de Julio Le Parc, sculpteur et peintre argentin, Jean-Christophe nous parle de son cheminement, de sa méthodologie et du choix de ce lieu unique pour son exposition.

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L’artiste en plein travail dans son espace d’exposition. Crédit photo @kreyolomounn.

L’artiste nous accueille dans sa charmante demeure, située non loin de son lieu d’exposition. Minutieux, il prête la même attention aux détails de sa maison qu’à ceux de ses œuvres. Sa maison, une ancienne chapelle méthodiste protestante, est empreinte d’histoire. Entre les meubles, une porte mène à la partie supérieure, autrefois empruntée par le prédicateur. Avec sa compagne, il a parcouru des kilomètres depuis la Normandie et ils sont tombés sur cette bâtisse vieille de près de 200 ans. Pour eux, c’était comme gagner au loto en voyant l’atmosphère qui y régnait. « On s’est dit, c’est là, ce ne sera pas ailleurs, c’est ici. Ce grand vieux bâtiment, les murs sont imprégnés de sérénité. » Ce lieu, théâtre de ses dernières créations, entre en résonance avec le site choisi pour l’exposition. Il nous raconte qu’il aime exposer dans des endroits empreints de quiétude et de repos. Du lieu de création au lieu d’exposition, la même essence y transparaît.

 

L’ancienne maison de retraite métamorphosée en espace d’exposition. Crédit photo @kreyolomounn.

Avec la construction de la nouvelle résidence intergénérationnelle Les Lavandes, un quartier où retraités et enfants cohabitent, l’ancienne maison de retraite est devenue inutilisée. Et n’est-ce pas le propre des artistes de redonner vie à des lieux désaffectés ? Ainsi, Jean-Christophe a réinvesti les lieux : un coup de peinture, un réaménagement avec des

A la rencontre de Jean-Christophe dans sa demeure. Crédit photo @kreyolomounn.

meubles en adéquation avec ses œuvres, et l’exposition prend vie ! Il redonne de la vie à ce lieu et paradoxalement, il nous parle de la mort : « Ce n’est peut-être pas anodin que j’aie revisité et transformé l’espace de cette maison de retraite. C’est un endroit marqué par le départ et la tranquillité. J’ai plus peur de la vie que de la mort, la vie bouge trop. »

Il a grandi dans une famille où l’éducation était rigide. Enfant hyperactif et en marge, il a dû se forger, se canaliser, surmonter les obstacles, tenter de se retrouver et avancer pour se faire une place. Il a créé son propre langage et cherché un environnement propice à la stimulation de son énergie créatrice. La nuit, normalement dédiée au sommeil, devient pour lui un moment privilégié. Propice à la concentration, il y travaille sans relâche, souvent jusqu’à l’épuisement.

 

Trois de ses créations exposées dans « Art optique ». Crédit photo @kreyolomounn.

 

 

Autrefois, Jean-Christophe peignait sur du papier. Aujourd’hui, il a changé de support et expérimente des toiles de verre marouflées sur bois. L’encre de Chine, constante dans son travail, a progressivement été rejointe par l’acrylique. Actuellement, il teste l’or en poudre 19 carats sur certaines de ses créations. Carrés, cercles, formes dédoublées et multipliées, ses œuvres dégagent un sentiment d’infini. Des monochromes aux subtiles variations obtenues par des calculs minutieux, toutes sont réalisées entièrement à la main. Initialement conçues en petit format, l’artiste extrapole les motifs qui lui semblent les plus exploitables en grand format, pouvant atteindre 2 mètres sur 2 mètres. « Je ne choisis pas ce qui se vend, mais je fais ce qui me plaît, je prends plaisir. Je m’appuie beaucoup sur la philosophie de la couleur de Pastoureau », nous confie-t-il avec assurance.

 

Une de ses œuvres de la série « MultiX ». Crédit photo @kreyolomounn.

Jean-Christophe intitule ses tableaux « MultiX », les considérant comme des numéros. Par exemple, il les désigne comme le numéro un de la série 50. Les chiffres sont omniprésents, tant dans la conceptualisation que dans la présentation de l’œuvre. On y retrouve des croix, non seulement un symbole emblématique de l’église mais aussi le X de l’inconnu en mathématiques. Ses croix noires donnent parfois l’impression d’être aspiré au centre du tableau, comme dans un trou noir. Les croix et les diagonales sont des formes très présentes dans la géométrie. Bien que les croix soient souvent associées à l’église, elles évoquent aussi l’interdit ou les marques de faute à l’école. « Dans mon inconscient, je veux peut-être faire vivre ces croix pour les tuer », confie Jean-Christophe.

Tous les artistes sont différents, et Jean-Christophe n’a pas suivi de cursus artistique. Autodidacte, il façonne ses outils et sa pensée. Il s’inspire de ce qui l’entoure tout en essayant de s’en détacher. Les matériaux de départ peuvent être les mêmes pour tous, mais c’est peut-être son vécu et son parcours qui le rendent unique. Son exposition « Art optique » à Bourdeaux est une invitation à découvrir non seulement un artiste débordant d’énergie et de passion, mais aussi une philosophie de l’art profondément personnelle. Ne manquez pas cette occasion unique de plonger dans un monde où la géométrie et la couleur se rencontrent pour créer une expérience visuelle singulière. Retrouvez-le à Bourdeaux jusqu’à fin août et laissez-vous captiver par l’univers de Jean-Christophe Carel.

Christopher Babet

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