Mensonges, fausses promesses, fourberie… Il semblerait qu’aucune hypocrisie ne soit épargnée en ces temps sombres, où l’avenir n’aura jamais été aussi incertain.
Le défi du siècle, celui de tous les dangers, qui nous promet de voir se multiplier les actes de déchaînement de Dame Nature pendant longtemps encore, est purement et simplement ignoré. Non pas par déni (ou alors très peu), car la prise de conscience est désormais généralisée, mais par crainte de voir s’effondrer un système qui aura façonné un monde favorisant une poignée de nantis face à une majorité de défavorisés. Aussi comprend-on pourquoi, lorsqu’il s’agit de prendre des actions concrètes à grande échelle, l’on préfère passer l’urgence sous silence. Exception faite, bien sûr, des traditionnelles COP, bien que ressemblant elles aussi de plus en plus à une mascarade orchestrée.
Désormais, il semble que ceux représentant l’autorité mondiale aient fait leur choix : plutôt que de bousculer les codes – économiques sous-entendu –, et risquer ainsi de perdre leur suprématie et tout ce qu’elle implique en termes d’avantages, l’on préfère aujourd’hui axer nos actions sur la préparation au désastre qu’à la manière de l’éviter. Pour autant, sur ce point aussi, c’est loin d’être gagné ! Non seulement rien de ce qu’on pourrait entreprendre ne résistera à l’épreuve du temps – surtout une fois la barrière de l’emballement climatique franchie –, mais il apparaît encore difficile pour les pays riches de délier leurs bourses lorsqu’il s’agit de respecter les engagements pris envers les pays en voie de développement afin de les préparer à affronter le réchauffement planétaire.
Jamais la question de l’argent n’aura en effet été aussi présente dans les conversations sur le climat. À ce titre, rappelons la promesse formulée en 2009 par les pays développés, principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre, sous l’égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique, de porter à USD 100 milliards par an leur aide climatique de 2020 à 2025. Ces fonds sont d’autant indispensables qu’ils doivent servir à financer la décarbonisation de l’énergie et des transports, ainsi qu’à aider les pays pauvres à sécuriser leur approvisionnement en eau, à reforester et à effectuer des travaux d’assainissements afin de s’adapter aux conséquences des phénomènes climatiques extrêmes. Sauf que… la promesse n’aura pas été tenue pendant les deux premières années, le premier « versement » n’ayant en effet eu (péniblement) lieu qu’en 2022.
Mais il y a pire : aujourd’hui, certains n’hésitent pas non plus à détourner des fonds initialement prévus pour le climat à des fins purement vénales. C’est d’ailleurs ce que vient de mettre en relief le média indépendant Climate Home News qui, fin juillet, relevait un « scandale vert » sans précédent, ayant trait à l’engagement pris lors de la COP28, à Dubaï en novembre dernier, de mettre sur la table USD 30 milliards dans un fonds (privé) destiné à accompagner les pays du Sud sur la question du changement climatique. Sauf que, quatre mois plus tard, pas moins de USD 300 millions ont été ponctionnés de ce fonds « en vue d’acheter un important gazoduc fossile en Amérique du Nord ». Ce qui constitue donc non seulement un détournement de fonds mais, pire, un véritable « détournement idéologique ».
Ce cas est malheureusement loin d’être isolé; d’autres affaires similaires ont en effet déjà été relevées dans un proche passé et « d’autres fonds dits “climatiques” ont déjà été utilisés à mauvais escient », explique Climate Home News. Toutefois, ce qui pourrait être qualifié d’anecdotique – et ce, bien que les sommes engagées soient colossales – relève surtout d’un malaise global quant aux actions prétendument entreprises pour empêcher l’humanité de sombrer dans une ère d’incertitudes. Alors que nous connaissons le fondement du problème – purement anthropique, doit-on le rappeler –, tout autant que les mesures qu’ils nous faudraient prendre afin de réduire notre impact carbone, nos têtes pensantes (?) préfèrent débourser que revoir notre système de production/consommation, à l’origine de nos déboires. Un peu comme si nous cherchions à négocier avec le climat. Problème : la planète ne compte pas se laisser acheter, et encore moins par une espèce aussi insignifiante que l’homme. Après tout, elle n’a pas besoin de nous pour continuer de tourner !