Le Premier ministre est parti depuis plus d’une semaine. Pour une rencontre avec son nouvel homologue britannique, Sir Keir Starmer et, évidemment, pour discuter des Chagos. C’est du moins ce que Pravind Jugnauth a laissé entendre dans un post sur sa page Facebook.
La visite a été présentée comme “officielle” mais, curieusement, pas de couverture médiatique, même pas celle de la MBC qui a, néanmoins, repris une déclaration du chef du gouvernement sur ce bref et furtif saut au 10, Downing Street.
En attendant d’en savoir un peu plus sur cette visite, qui semble avoir été décidée à la dernière minute, le PM ne donne pas signe de vie. Est-il toujours en Grande Bretagne ? A-t-il mis le cap sur une autre destination ? A-t-il fait un saut à Paris pour voir la cérémonie exceptionnelle de l’ouverture des Jeux et encourager les participants mauriciens ? S’est-il rendu en Inde pour des conseils sur comment gérer la fin de son mandat et organiser dans les meilleures conditions les prochaines élections ? Personne ne le sait.
Or, ce n’est pas normal en démocratie que le dirigeant d’un pays soit porté momentanément disparu et qu’il ne rende pas compte de ses déplacements et de ses rencontres, du jour où il s’en va et celui de son retour. S’il est en vacances, ce auquel il a absolument droit, il faut le dire, mais ce n’est pas acceptable, en cette ère où la transparence s’étend jusqu’à la santé des dirigeants politiques, une absence du pays aussi prolongée soit entourée d’autant de mystère.
Cette vacance temporaire à la tête du gouvernement a quand même eu du bon. L’absence du leader of the House et son remplacement a donné l’occasion à son suppléant Steve Obeegadoo de se démarquer. Il n’a pas cassé la baraque, il n’est pas venu avec une motion pour lever la suspension des députés dont il avait été d’auteur et l’instrument complaisant, mais il s’est néanmoins gardé de répéter les numéros grotesques de Pravind Jugnauth et de ses meetings à charge contre Navin Ramgoolam au moyen de questions plantées de députés suiveurs et de supplémentaires rédigées par les embusqués du Sun Trust.
C’est, depuis peu, le transfuge du PMSD, Salim Abbas Mamode, que certains pourraient affubler du titre d’éclaireur vu qu’il a précédé ses anciens collègues dans le giron du pouvoir. Même s’il a obtenu un boutt moins important que le fils de son ancien leader, il est toujours partant pour une question téléguidée. C’est lui l’auteur des questions visant l’ancien PM Navin Ramgoolam.
Sauf que, cette fois, le député est rentré bredouille de sa participation aux délibérations parlementaires de mardi dernier, son missile ayant été pulvérisé en vol. Et c’est le département des magouilleurs de la Dirty Tricks Unit du Sun Trust qui doivent être en rogne.
Ce sont les mêmes qui sont à la manœuvre pour envoyer au front ces perroquets qui, les mardis comme les samedis, défendent le Speaker Adrien Duval comme ils l’avaient fait avec tout autant d’ardeur et de zèle pour Sooroojdev Phokeer pendant cinq longues années.
Oui, le leader of the House par intérim a coupé court à l’inquisition malsaine de Salim Abbas Mamode sur des affaires datant de 10 ans et il s’en est tenu aux réponses déjà amplement fournies, à l’Assemblée Nationale même, sur les voitures utilisées par Navin Ramgoolam durant ses années de Premier ministre de 2005 à 2014.
Dans un hémicycle idéal, où le Parlement serait vraiment le temple de la démocratie, le bureau du Speaker aurait rejeté la question puisque déjà canvassed ou alors, le ministre sollicité répondrait “I refer the Honorable member to PQ put on the 01 September 2015 on the same issue”.
Mais on peut d’ores et déjà dire que Steve Obeegadoo a choisi de ne pas tomber dans l’extrême bassesse de Pravind Jugnauh et ses petits laquais qui se délectent de détails sur les comprimés ou la maladie de Navin Ramgoolam. Ce n’est pas qu’il ne faille pas poser de questions sur l’ancien chef de gouvernement travailliste, mais qu’elles aient au moins une pertinence, du sens et de la nouveauté.
C’est bien que soit venu le temps de la mesure dans cette atmosphère de grande agressivité qui pousse la population elle-même à être constamment à cran. Et si le PM p.i. a choisi de faire dans ce registre-là et de rester factuel, tel n’aura pas été le cas de ses acolytes à venir et provenant de la basse-cour.
Le secrétaire général du PMSD s’est donné en spectacle sur les ondes d’un radio privée, mercredi. Son numéro est habituel : outrances, vulgarité et attaques personnelles d’une rare bassesse. Rien de bien nouveau, diront certains, puisque la récidive est une seconde nature chez cet ancien Lord-Maire qui se faisait photographier avec les deux pieds sur la table du bureau mairal.
C’est lui aussi qui s’était fait remarquer en 2017 lors de la campagne électorale pour la partielle de Belle-Rose/Quatre-Bornes. Après un incident entre Xavier Duval et la speaker Maya Hanoomanjee, Mahmad Khodabaccus s’était emporté lors d’un meeting de campagne le 31 octobre, où les références à Pravind Jugnauth se déclinaient sur le refrain de “ti Pino” et de son gouvernement de “voleurs” de “chor”.
Mais il avait réussi à faire mieux. “Nou pou defons twa Maya, kot to anvi”, sous les rires gras et satisfaits de son leader et de ses collègues Aurore Perraud et Malini Sewocksingh, celles qui se sont découvertes féministes dans le tard. Le secrétaire général du PMSD n’avait pas digéré l’expulsion de son leader de l’hémicycle par Maya Hanoomanjee après qu’il ait eu un vif accrochage avec la Speaker d’alors.
L’indignation générale suscitée par ses propos outranciers était telle que l’indélicat avait dû présenter des excuses à Maya Hanoomanjee qui avait même consigné une déposition aux Casernes Centrales contre le “défonceur” en chef de la basse-cour. Et, aujourd’hui, ce sont ces mêmes personnes qui prétendent donner des leçons d’élégance et de bonne conduite aux autres ! Le poulailler à l’envers !
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