Miroir de notre existence, le visage raconte une histoire unique à chacun de nous. Nos expressions laissent deviner nos sentiments et nos émotions, brimés, voilés, retenus ou libres.
Regardons d’abord les yeux, ces énigmatiques fenêtres de l’âme. Tantôt pétillants ou tristes, tantôt surpris ou joyeux, tantôt éteints ou vides, ils reflètent ce que nous vivons au plus intime de nous-mêmes. Les yeux vont même jusqu’à dérober des secrets bien gardés et dévoilent des rêves inachevés, des espoirs enfouis et même des regrets. Ils brillent de l’éclat des souvenirs précieux et de la lumière des aspirations futures.
Les sourires esquissés, éclatants ou timides témoignent eux des moments de bonheur et de complicité. Parfois moqueurs ou forcés, ils deviennent des rictus, accompagnés de regards trompeurs ou haineux, dévalorisant ceux qui les arborent. Les lèvres, quant à elles, murmurent ce que les mots ne peuvent pas toujours dire. Pincées, elles avouent la retenue ou le malaise ; crispées, elles révèlent un tourbillon d’idées ou de désaccords ou encore expriment une concentration sur ce qui s’apprêtent à être exprimé.
Les joues, creuses ou pleines, se mêlent harmonieusement aux sourires, fidèles compagnes de nos joyeux élans. Rougissant sous l’émotion ou s’affaissant sous la fatigue, elles traduisent notre vulnérabilité et notre force intérieure, telle une toile sensible aux regards ou aux critiques de ses admirateurs.
Le front, parfois plissé par les soucis ou les interrogations, porte les marques des épreuves surmontées et des réflexions intérieures. Il incarne l’inquiétude du moment, la colère fugace, la gravité du jour, l’effort consenti, mais aussi les années écoulées en un tableau morose ou coloré.
La peau, autrefois lisse comme une belle pomme rouge, croquante et ferme, se marque avec les années, les éléments et les aléas. Fine, délicate et robuste, elle enveloppe notre corps et devient le journal intime de notre existence. Les imperfections gravées sur notre visage témoignent de nos aventures, des défis relevés et des combats encore à mener.
Chaque partie de notre visage dit quelque chose de nous. Chaque expression décèle d’une manière ou d’une autre, notre état intérieur.
Nous voyons aussi des visages adeptes de mimiques et de grimaces. Très expressives, ces personnes sont comme un livre ouvert. Tout transparaît ! Tout s’y lit : de l’étonnement à la déception, de l’émerveillement à la frustration, de la colère à l’inquiétude, de la dureté à la confiance, de la lâcheté à la joie.
Le visage est en fait une page d’écriture que nous apprenons à lire au fil du temps. Il est le témoin silencieux de nos passages sur terre, de nos amours, de nos luttes et de nos triomphes. En l’observant, nous découvrons les traces de notre héritage familial, les échos des générations passées, et l’influence des expériences qui ont façonné notre être.
Il est à la fois un bouclier et une invitation, une barrière et un pont vers les autres. C’est à travers lui que nous communiquons notre essence la plus profonde, que nous nous connectons aux autres et que nous laissons un peu de notre empreinte..
Puis, il y a ces visages qui rassurent par leur douceur et leur tendresse. D’autres qui dégagent force et enracinement. Il y a ceux qui sont durs ou destructeurs, et puis ceux qu’on ne voudrait jamais voir puisqu’à travers le regard et le sourire, ils transpirent la trahison. Faut-il encore se rappeler que l’être humain est d’abord empreint de bon et de bien ? Lorsque la trahison hante ces cœurs faibles, les regards fuyants et les faux sourires les trahissent à leur tour.
Puis encore, il y a les visages de nos proches, familiers et aimants, attendrissants et rassurants, protecteurs et motivants. Des visages que nos mains dessineraient les yeux fermés et dont on ne se fatiguerait pas de parcourir les contours.
Pour finir, il y a les visages de nos chers disparus que nous nous efforçons à garder vivant dans notre esprit mais qui s’effrite et s’efface avec le temps. Ces visages que nous cherchons et voudrions garder jalousement comme un baume apaisant pour notre cœur.
Et, il y a ce visage. Ce visage que nous connaissons et que nous savons que nous le voyons pour la toute dernière fois. Ces traits dont nous imprimons chaque millimètre, avec courage, de toutes nos forces, dans notre cœur pour que rien ne soit perdu, comme pour le retenir tout en le laissant partir. Il y a cet échange de regards qui transcende toute dimension spatiale et temporelle. Ce regard où tout est dit sans qu’aucun mot ne soit prononcé. Et il y a ce sourire grave, entendu et tranquillisant qui refuse de laisser transparaître la tristesse.
Il y a ce visage fait d’expressions uniques que seuls ceux qui savent qu’ils s’en vont pour de bon peuvent offrir.
Il y des visages que nous évitons et ceux que nous retenons. Il y a ceux que nous chérissons.
Et il y a ce visage, le visage que je cherche encore.