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A Time for Celebration : l’incontournable Collège Bhujoharry fête ses 100 ans

Mgr Jean-Michaël Durhône : « Le défi aujourd’hui dans l’éducation est de former des lauréats de la vie »

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A Time for Celebration pour le Collège Bhujoharry, qui fête ces jours-ci ses 100 années d’existence. Au programme, une messe d’action de grâces, en présence du cardinal Maurice E. Piat a été célébrée par l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michaël Duthône en la Cathédrale Saint-Louis, hier. Dans son homélie, ce dernier n’a pas manqué de mettre en exergue l’engagement de feu Jean Arthur Bhujoharry, qui avait fondé ce collège avec une dizaine d’élèves et quatre enseignants. L’établissement a vite grandi et produit plusieurs lauréats. Aujourd’hui, s’est-il appesanti, le défi dans l’éducation est de former des lauréats de la vie.

1924-2024, un long chemin parcouru pour le Collège Bhujoharry, qui constitue un patrimoine incontournable dans le domaine de l’éducation à Maurice. Mgr Jean-Michaël Durhône a retracé le début de ce collège privé, prenant ses quartiers à la rue St-Georges, à Port-Louis. C’était le début d’une aventure éducative, avec Alex Bhujoharry et son fils Manfred, qui allaient prendre la relève.Depuis 2010, Ramdass Ellayah qui assure la continuité de la famille Bhujoharry « pour sauver ce collège ». (Voir plus loin).

L’évêque de Port-Louis fait ressortir que beaucoup de citoyens sont passés par ce collège. « Aujourd’hui, ils sont des adultes, qui assument pleinement leurs responsabilités dans la société mauricienne. Le Collège Bhujoharry est un collège qui a une âme, un esprit, un cœur. Ce n’est pas qu’un bâtiment », maintient-il.

Lorsqu’on fête un événement, tel que les 100 années d’existence, a poursuivi Mgr Durhône, il est bon de regarder dans le passé, mais il faut aussi se tourner vers l’avenir. « Il faut se demander quels sont les défis aujourd’hui, en 2024. Le premier défi est de former des humainement et spirituellement des citoyens responsables. Le collège a eu des lauréats, c’est bien. Mais il ne faut pas se limiter à l’excellence académique. Il faut aussi des lauréats de la vie. Les jeunes de 2024, ne sont pas des jeunes de 1924 », fait-il comprendre.

Le recteur du Bhujoharry College, Didier Moutou, a rendu grâce pour ce cheminement. « Après 100 ans, la philosophie n’a pas changé, soit éduquer par passion, avec amour et dévouement. Le collège Bhujoharry est une école de la vie, ainsi que l’a voulu le père fondateur, Jean Arthur Bhujoharry et ses successeurs, dont son fils Alex et son petit-fils Manfred », dira-t-il.

Didier Moutou a évoqué ses années d’études dans cet établissement, qu’il a qualifiées de « moment jovial et fraternel ». Il a également salué la famille Ellayah, qui a repris le flambeau pour garder la flamme allumée. « C’est une chance inouïe de pouvoir célébrer ses 100 ans. Le collège a marqué le pays de son empreinte. Il ne s’agit pas que d’une école, c’est une institution », affirme le recteur du Bhujoharry College.

La messe d’action de grâces a été animée par des élèves du collège. Le Bhujoharry College, qui a déménagé de la rue Saint-Georges à La-Tour-Koenig il y a quelques années, compte aujourd’hui deux autres établissements, à Rose-Belle et Quartier-Militaire.

 

Ramdass Ellayah (Manager) : « Un patrimoine à sauver »

« J’ai repris le collège en 2010. Mon ami, François Lam, est venu me voir pour me dire que le Collège Bhujoharry était en train de sombrer et qu’il fallait faire quelque chose pour le sauver. Il m’avait dit qu’il faut tout entreprendre pour que le collège passe le cap de ses 100 ans et qu’il ne fallait pas le laisser sombrer. J’ai pris l’engagement auprès de mon ami, que nous allions sauver le collège Bhujoharry.

« Pour moi, c’est un devoir accompli aujourd’hui. La première chose que j’ai faite a été d’investir mon argent et mon énergie dans un nouveau bâtiment pour offrir un meilleur environnement aux élèves. J’ai fait tout ce que j’ai pu de mon côté.

« Maintenant, je fais un appel au gouvernement, de ne pas laisser tomber le Collège Bhujoharry, qui est un patrimoine national. Nous ne pouvons oublier sa contribution dans le domaine de l’éducation, dans le développement du pays. Il y a l’empreinte du Collège Bhujoharry dans tous les domaines, même à l’Assemblée. Le premier Speaker, Sir Harilal Vaghjee, était un élève du Bhujoharry. Il y a eu un commissaire de police, un ministre des Finances, des ambassadeurs…

«  Alors, on ne peut laisser tomber un patrimoine national. Le gouvernement doit prendre la relève du Collège Bhujoharry pour rendre hommage au passé, mais surtout, pour l’avenir des futures générations. Il ne faut pas oublier la contribution du Collège Bhujoharry à Maurice. »

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Josian Bhujoharry (Petit-fils d’Arthur Bhujoharry) : « Merci d’avoir rallumé la flamme »

« Je suis heureux et fier de pouvoir être ici pour célébrer les 100 ans du collège fondé par mon grand-père, feu Jean Arthur Bhujoharry. Cette messe nous a donné l’occasion de dire merci pour l’existence de ce collège après tant d’années. C’est une grande émotion. À un moment, Alex Bhujoharry, mon grand-oncle, qui gérait le collège, avait passé le relais à son fils, Manfred. Plusieurs membres de la famille ont émigré en Australie.

« Avant de mourir, Alex Bhujoharry avait fondé une société, qui regroupait les enseignants du collège. Ce sont eux qui géraient le collège. Mais avec le temps, certains sont décédés et leurs enfants ne voulaient pas continuer. Le collège allait fermer, mais heureusement, que nous avons eu M. Ramdass Ellayah, qui a repris le flambeau.
« Heureusement qu’il a su rallumer la flamme du collège. Je lui dis merci au nom de la famille et je suis sûr que le Bon Dieu sera aussi là pour s’assurer de la continuité. »

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Dr Daniel Marie (Officer-in-Charge, MOI): « Ce collège m’a donné les bases pour aller dans de grandes universités »

« Si je suis Officer-in-Charge au Mauritius Oceanography Institute (MOI) aujourd’hui, c’est grâce aux valeurs que m’a données le Collège Bhujoharry. C’est une grande fierté de voir le collège fêter ses 100 ans. Quand je regarde tous ces élèves dans leurs uniformes, cela me ramène en arrière, quand j’ai intégré le collège en Form I. Je ne pensais pas que j’allais devenir ce que je suis aujourd’hui.

« J’ai eu des enseignants qui nous ont donné la confiance en nous. J’ai choisi les matières scientifiques grâce à des enseignants qui m’en ont donné l’envie. Ils nous encourageaient à être curieux dans ce que nous faisions. Et surtout avoir cette résilience, la persévérance. C’est ainsi que nous avons réussi.

« Je pense surtout à ces moments, où nous étions au laboratoire, sans des équipements sophistiqués, où l’on nous apprenait à improviser. Surtout pour les tests pratiques de chimie. Quand il manquait un équipement, un produit, on nous apprenait à chercher des alternatives. Par exemple, quand nous n’avions pas de Glowing Split pour tester la présence de l’oxygène, nous utilisions une tige de balai coco qu’on allumait. En présence de l’oxygène, cela flambait. De même, quand il fallait tester la présence de l’iode, nous utilisions de la mie de pain quand nous n’avions pas de Starch Paper.

« J’ai commencé comme cela, avec peu de moyens, au collège Bhujoharry, pour aller très très loin. Ce collège m’a donné les bases pour aller dans les grandes universités à l’étranger. Je suis heureux de cela. Je n’ai pas commencé dans un laboratoire où il y avait de tout. Grâce à ce que j’ai appris au Collège Bhujoharry, je dirige le centre de recherche océanographique avec cet esprit de curiosité. Le collège nous a responsabilisé dans notre façon d’étudier.

« Il y avait une compétition saine, dans le sens où tout le monde voulait réussir. Ce n’était pas pour écraser l’autre. Les enseignants nous apprenaient à partager et nous responsabilisaient. C’est pour cela que tout le monde a réussi. Il y a un esprit de famille au Bhujoharry. Je pense aussi à M. Shareef, qui était Lab Attendant au collège, mais qui connaissait beaucoup de chimie. Il connaissait tous les produits par cœur et tous les mélanges qu’il fallait faire. Quand il restait des sels les après-midis, il nous appelait pour venir pratiquer.

De nos jours, les élèves prennent des leçons pour faire la pratique. Nous, nous l’avions gratuitement. J’avais un enseignant de chimie qui nous disait toujours qu’il ne faut pas gaspiller l’argent des parents en allant prendre des leçons et que nous devions profiter au maximum de ce qu’il nous donnait en classe. Grâce à ces valeurs, moi aussi j’ai donné des leçons gratuitement à des jeunes qui ont réussi dans la vie. »

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