C’est un vent violent aussi dévastateur que l’ouragan Béryl, qui a balayé la Jamaïque cette semaine, qui a soufflé sur le paysage politique en Grande-Bretagne ce jeudi. Le Labour Party, dirigé par Keir Starmer, a en effet remporté vendredi une victoire écrasante sur le Conservative Party, améliorant ainsi sa performance enregistrée lors des élections générales de 2019 par 11 points de pourcentage. Le Conservative Party, au pouvoir depuis 14 ans, s’est vu infliger une des pires défaites électorales de son histoire en perdant autour de 250 parlementaires, dont une douzaine de ministres.
Le Premier ministre sortant, Rishi Sunak, a été élu dans sa circonscription, mais a annoncé sa démission comme leader de son mouvement aussitôt que son parti aura complété les procédures en vue de l’élection de son successeur. Rishi Sunak, qui est resté 20 mois à la tête du gouvernement, a reconnu ses responsabilités dans la défaite de son parti, et avant de quitter définitivement le 10 Downing Street, il a présenté ses excuses à la population, à son parti, aux membres de son gouvernement et à ses proches collaborateurs.
Non sans avoir remercié les électeurs de lui avoir permis de servir comme Premier ministre, lui qui fait partie d’une deuxième génération d’une famille arrivée de l’Inde. Il affirme d’ailleurs qu’un de ses plus grands plaisirs aura été de voir sa fille allumer des lampes de Divali sur le perron du 10 Downing Street. En fait, c’est un Conservative Party affaibli qui a participé aux élections : plusieurs dirigeants ont en effet quitté le parti depuis 2017. Deux Premiers ministres l’ont précédé durant l’actuel mandat, soit Boris Johnson et Liz Truss. Il est intéressant de noter que Jeremy Corbyn, ancien leader du Labour expulsé de son parti, a été réélu comme indépendant. C’est une bonne nouvelle pour les Chagossiens, qu’il a toujours soutenus.
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a dès vendredi matin félicité Keir Starmer pour sa victoire : « Mauritius and Uk share common values and principles, looking forward to further strengthening our historic ties. » De son côté, Navin Ramgoolam s’est souvenu avoir rencontré Keir Starmer lors d’une visite que celui-ci avait effectuée à Maurice en 2013, et a souhaité que les relations bilatérales entre nos deux pays soient consolidées. On attend avec intérêt la position du nouveau gouvernement britannique par rapport aux Chagos. Il faut dire que les discussions entre Maurice et le gouvernement n’ont rien donné jusqu’ici. Le gouvernement mauricien place beaucoup d’espoir dans la relance des discussions.
Après les élections en Grande-Bretagne, les regards sont désormais tournés vers la France, autre partenaire économique majeur du pays. Le deuxième tour des élections législatives se présente en effet comme une lutte sans merci entre le Rassemblement National et le Nouveau Front populaire. Les derniers sondages vendredi après-midi donnaient une légère avance au mouvement d’extrême droite, mais sans majorité absolue. L’issue de ces élections était encore incertaine. On ne sait quel sera le résultat du vent de changement qui souffle sur la République française.
À Maurice, au moment où nous écrivons, les débats sur les textes de loi sur le financement des partis politiques et de l’amendement constitutionnel se poursuivaient. Les partis de l’opposition se sont prononcés jusqu’ici à l’unisson contre les deux textes. Le leader du MMM, Paul Bérenger, y voit en effet « une tentative de mainmise dangereuse sur les partis politiques, avec pour but d’effrayer les contributeurs éventuels », alors que Pravind Jugnauth, lui, demande à l’opposition de ne pas rater la chance de voter cette législation.
Par ailleurs, le Speaker a réservé une surprise au leader de l’opposition, Arvin Boolell, en rejetant sa PNQ pour “non compliance” aux Standing Orders. L’opposition demande jusqu’où ira le Speaker, qui refuse de respecter le « right of dissent ». Si ce n’est pas une dictature au sein d’une instance démocratique, alors c’est quoi ?
Jean Marc Poché