Critères de recrutement : les Education Regulations de nouveau amendées pour l’enseignement de trois matières

  • De nouvelles spécialisations introduites pour Computer Science, les mathématiques et la sociologie

Pour la quatrième fois depuis 2022, les Regulations sous l’article 38 de l’Education Act, concernant les critères pour l’enseignement au secondaire, ont été amendées. Cette fois, ces nouveaux règlements portent sur l’introduction de nouvelles spécialisations au niveau des diplômes universitaires pour l’enseignement de Computer Science, des mathématiques et de la sociologie. Au sein de la profession, cette démarche est appréciée, surtout dans un contexte où le recrutement des enseignants est devenu compliqué pour certaines matières. Toutefois, dit-on, il y a un sentiment d’injustice pour ceux qui ont été privés d’enseignement, avec ces mêmes spécialisations, avant cet amendement.

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En décembre 2022, les Regulations ont été revues une première fois, pour inscrire l’obtention du Post Graduate Certificate in Education (PGCE) comme obligatoire, pour pouvoir enseigner au secondaire. Dans la foulée, la liste des diplômes autorisés pour l’enseignement de chaque matière au programme du cycle secondaire avait aussi été publiée. Un mois plus tôt, le conseil des ministres avait avalisé cette proposition de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun. Toutefois, la Private Secondary Education Authority (PSEA), qui émettait à l’époque des Teaching Licences aux enseignants du secondaire privé, appliquait déjà une telle liste, depuis deux ans.

Ces changements, survenus pendant les vacances scolaires, alors que les administrations préparaient la rentrée de 2023, avaient donné lieu à de nombreux inconvénients. Le recrutement des enseignants a été impacté, avec pour conséquence, un manque accru d’enseignants, tant dans le secondaire d’État que privé subventionné. Après des négociations à plusieurs niveaux, un amendement devait survenir en 2023, rendant éligibles au recrutement, des personnes déjà engagées dans une formation de PGCE au Mauritius Institute of Education (MIE). Simultanément, le MIE a élaboré un programme élargi en vue de répondre à la situation.

En 2023 toujours, suivant une démarche légale d’un manager d’un collège privé, un nouvel amendement a été promulgué, afin de revoir les critères d’éligibilité pour l’enseignement de Travel and Tourism. Le plaignant avait évoqué ses difficultés à recruter des enseignants pour cette matière, car les seuls diplômes reconnus par la PSEA, à l’époque, étaient Tourism and Hospitality Management et Travel and Tourism. Avec cet amendement, deux autres spécialisations ont été ajoutées, soit Tourism, Hospitality and Events Management et Tourism, Leisure and Recreation Management. L’obtention d’un PGCE ou d’un Bachelor in Education (B.Ed) du MIE est le critère additionnel.

Cette fois-ci, ce sont trois matières qui sont concernées pour le quatrième amendement, à savoir, Computer Science, mathématiques et sociologie. Le changement survient dans le contexte d’un manque d’enseignants, particulièrement pour Computer Science, ainsi que l’entrée en vigueur de la Technology Education Stream. Lors du lancement du projet pilote, actuellement appliqué dans six institutions, la question avait été soulevée, concernant les spécialisations nécessaires, pour enseigner des matières comme Applied Mathematics ou Computer Technology and Innovation, compris dans le programme de Technology Education.

Les amendements apportés par la ministre le 28 mai dernier et Gazetted le 1er juin, viennent y répondre. Auparavant, pour pouvoir enseigner la Computer Science, il fallait impérativement avoir un Degree en Computer Science. Avec les amendements 2024, un Degree en Information and Technology, Software Engineering, Computer Engineering et Computer Science and Engineering. Ces mêmes spécialisations sont valables pour l’enseignement de Computer Technology and Innovation, dans la Technology Education Stream. À cela, il faut ajouter un PGCE ou un B.Ed.

Pour enseigner les mathématiques, un diplôme universitaire en Applied Mathematics, Mathematical Sciences, Mathematics with Computer et Mathematics and/with Statistics est aussi accepté. Auparavant, seul un degré dans les Mathematics était accepté. Le PGCE ou un B.Ed dans ce domaine demeure obligatoire. Ces spécialisations seront aussi valables pour l’enseignement d’Applied Mathematics, dans la Technology Education Stream.

Finalement, le critère pour la sociologie, qui ne figurait pas dans les Regulations de 2022, a été ajouté. Il s’agit d’un Degree en sociologie, accompagné d’un PGCE ou d’un B.Ed dans ce domaine. Avec ce nouveau développement, les administrations des collèges auront une plus grande marge de manœuvre pour recruter des éducateurs. La situation se révèle compliquée pour certaines matières comme Computer Studies et Design and Technology.

Ramdass Ellayah (FoM) : « Un grand tort causé aux enfants »
Cet élargissement des filières de spécialisation est bien accueilli par la profession. Ramdass Ellayah, président de la Fédération des Managers des collèges privés, se dit satisfait d’une telle démarche.
« C’est une bonne chose que de nouvelles spécialisations ont été ajoutées pour l’enseignement de Computer Studies. Nous aurons une plus grande marge de manœuvre pour le recrutement. Toutefois, beaucoup de mal a été fait à nos enfants tout ce temps, faute de pouvoir recruter un enseignant. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? » se demande-t-il.

Prakash Ahku (Privé d’enseignement par la PSEA) :  « Un sentiment d’injustice »
Le Mauricien avait fait écho, l’année dernière, du cas de Prakash Ahku, privé d’enseignement par la PSEA. Détenteur d’un Master en Software Engineering de l’Université de Technologie de Maurice (UTM), il avait vu sa Teaching Licence invalidée, après l’application de la liste des matières éligibles pour l’enseignement.
À l’époque, les Computer Studies étaient exclusivement acceptées. En dépit d’un recours à l’Equal Opportunities Commission, il n’avait pu retrouver son poste d’enseignant.
Sollicité sur l’amendement 2024, où la Software Engineering est maintenant acceptée, Prakash Ahku déclare : « il y a un sentiment d’injustice. On s’était arrêté sur le titre de ma spécialisation au lieu de prendre en compte le contenu de la formation. C’est bien qu’on ait fait un amendement, qui va sans doute profiter à d’autres jeunes, mais moi, j’ai déjà raté ma chance. Je remplaçais dans un collège confessionnel qui voulait m’employer à plein temps, mais la PSEA n’a pas accepté. »
Ce dernier affirme avoir également fait une demande pour suivre un cours de PGCE au MIE à trois reprises, mais sa demande a été rejetée. Pour l’heure, il ne sait pas s’il retournera vers l’enseignement secondaire avec ce nouveau développement.

 

Arvind Bhojun (UPSEE) : « Le mal est déjà fait »

Pour le président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), cette situation aurait pu être évitée s’il y avait une communication entre le ministère de l’Éducation, la PSEA et les différents partenaires : « Nous accueillons ce nouvel amendement qui reconnaît un certain nombre de spécialisations. Toutefois, je dirais que le mal est déjà fait, car beaucoup d’étudiants et d’enseignants ont été pénalisés. »

Arvind Bhojun explique qu’avec les difficultés dans le cadre des recrutements, certains élèves n’ont pas eu une bonne préparation pour leurs examens, faute d’enseignants. « Des milliers d’élèves en ont déjà fait les frais. Ce sont surtout les plus vulnérables qui ont souffert, car ils n’avaient pas les moyens pour prendre des leçons particulières. »

D’autre part, ajoute Arvind Bhojun, des jeunes avec les spécialisations aujourd’hui reconnues, ont dû quitter leurs postes, car la PSEA ne reconnaissait pas leurs qualifications. « Cela a provoqué un brain drain. Ces jeunes ne vont pas revenir pour enseigner dans nos collèges. »

Il souhaite qu’à l’avenir, les autorités concernées engagent le dialogue avant de procéder à des changements drastiques. « C’est le quatrième amendement qui est fait depuis 2022. Il semble qu’on a fait une loi à la va-vite pour soutenir le board de la PSEA. L’UPSEE avait demandé à l’Université de Maurice de faire un Mapping Exercise, pour indiquer quelles étaient les spécialisations acceptables, et le ministère est en possession de ce document. Malheureusement, tout a été bloqué au niveau du Technical Committee, au détriment des enfants », fait-il comprendre.
Il ajoute que d’autres spécialisations méritent d’être introduites dans cette liste.

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