Dharam Dev Manraj, un des derniers grands commis de l’État, dont l’impact profond et indélébile sur le secteur financier mauricien est incontestable, est décédé ce lundi à l’âge de 75 ans. Il n’aura de fait pas l’occasion d’assister à l’adoption au dernier budget du gouvernement après avoir participé étroitement à sa préparation. En tant que secrétaire financier, il avait été associé à toutes les rencontres prébudgétaires présidées par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, était en première ligne de la Budget Cell au ministère des Finances et était présent au sein l’hémicycle lors du Budget Speech du 7 juin dernier.
Dharam Dev Manraj, G.O.S.K, est né le 30 mars 1949 à Maurice. Il est titulaire d’un diplôme d’études supérieures en gestion internationale de l’International Institute for Management Development (IMD) de Lausanne, en Suisse, et était membre de l’Association of Chartered Certified Accountants (FCCA). Il avait une vaste expérience dans les affaires financières et budgétaires du gouvernement de même qu’une maîtrise de l’économie de Maurice, qu’il avait développée en gravissant graduellement les échelons, particulièrement au sein du ministère des Finances.
Il fait ses débuts dans les années 1970’ dans le département du Plan et du Développement, qui faisait partie alors du ministère des Finances. Entre 1974 et 1998, Dev Manraj a occupé divers postes au sein de ce ministère, allant de comptable principal au début à secrétaire financier, en 1990, succédant ainsi à celui qui aura été son mentor, le FS Baguant. De ce fait, il a travaillé avec tous les ministres des Finances de l’île Maurice indépendante. Il avait cependant quitté brièvement le ministère des Finances pour agir comme consultant auprès du gouvernement mozambicain avant de rentrer à Maurice.
Subséquemment, Dev Manraj devait réintégrer le bureau du Premier ministre Navin Ramgoolam en tant que conseiller avant de reprendre la fonction de secrétaire financier. Il devait d’ailleurs servir différents gouvernements avec le même sens du devoir et la même honnêteté. Il symbolise sur ce point le rôle d’un vrai fonctionnaire. Dev Manraj a également été à la tête d’une série d’institutions parapubliques, dont la State Bank of Mauritius (SBM), la State Insurance Corporation of Mauritius Ltd (SICOM), la Mauritius Offshore Business Activities Authority (MOBAA), l’Airport Development Corporation Ltd (ADCO) ainsi que l’Airports of Mauritius Co Ltd (AML). Il a aussi été président de Business Parks of Mauritius Ltd (BPML) et avait, à ce titre, participé activement à la transformation des terres d’Illovo, passées d’un vaste champ de cannes pour devenir la cybercité d’Ébène que l’on connaît aujourd’hui.
Il avait en outre contribué à la mise en place de la Financial Services Commission, de la State Investment Corporation de la BOI et de l’Economic Development Board (EDB), avant d’être associé à la création de Metro Express Ltd (MEL), entre autres. Il a également été président d’Air Mauritius et membre du conseil d’administration de Mauritius Telecom Ltd, mais aussi directeur du conseil d’administration de l’Airports Terminal Operations Ltd (ATOL), entre autres.
Dev Manraj a participé à diverses conférences internationales ainsi qu’aux négociations menant à la signature d’accords de double imposition avec plusieurs pays. Sans compter qu’il aura été gouverneur suppléant de la Banque mondiale.
Toutefois, Dev Manraj aura joué un rôle plus que déterminant dans la lutte contre le fléau de la drogue lors de la première vague des années 80’. Ce n’est pas le repenti Raffick Peerbaccus, Narainkrishna Peerun, alors haut gradé de la force policière, ou encore Shakuntala Jugmohun qui diront le contraire. Sa contribution pour amener aux révélations des dessous de la mafia de l’époque, avec les dépositions de Raffick Peerbaccus suite à l’arrestation de ce dernier avec des devises étrangères scellées dans une boîte de conserve au départ à l’aéroport, aura d’ailleurs été plus que capitale dans le démantèlement de ce réseau de trafiquants avec la publication du rapport de la commission d’enquête présidée par l’ancien chef juge sir Maurice Rault.
Le Mauricien présente à sa famille ses plus sincères condoléances.
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Radhakrishna Sadien : « Dev Manraj et le rapport du PRB tous les trois ans »
Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees Association, souligne, avec justesse, que Dev Manraj était un des plus anciens fonctionnaires encore en fonction. Il met l’accent sur le rôle qu’il a joué dans la résolution d’un conflit opposant les syndicats des fonctionnaires au gouvernement en 2013 en publiant ce qui est connu comme le rapport Manraj. Il avait recommandé que le rapport PRB soit publié tous les trois ans.
Arvin Boolell : « Shaper and Mover »
L’actuel leader de l’opposition Arvin Boolell affirme que l’ancien secrétaire financier Dev Manraj était un “shaper and mover”. « C’était un homme pratique et pragmatique. Il était de la trempe des grands fonctionnaires comme les Baguant, Coopamah et Manna, qui ont marqué de leur empreinte le ministère des Finances », déclare-t-il. Il se souvient aussi d’avoir établi le lien entre Dev Manraj après son retour du Mozambique avec le Premier ministre d’alors.
S. Mootoo : « Une contribution remarquable »
S. Mootoo, du Prime Minister’s Office, se souvient du rôle joué par Dev Manraj en tant que président du Special Purpose Vehicle pour l’organisation du 50e anniversaire de l’indépendance de Maurice, en 2018. « C’est grâce à lui que cette célébration a été un succès », souligne-t-il. Il évoque également le rôle de Dev Manraj pour régler les problèmes industriels au niveau de l’Université de Maurice.
Harvesh Seegolam (BoM) : « A big loss »
« A very sad moment for our country. Mr Manraj has been an institution and spearheaded many developments in our economy. We pray for his “moksha”. It is indeed a big loss. I have had the opportunity of working closely with him in different capacities over the years. He will no doubt be remembered as a man of respect, honour and determination. An inspiration for many professionals and our younger generations. »
Le ministre Padayachy : « Très triste ! Difficile d’en parler »
Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a difficile de parler de la disparition de Dev Manraj, avec qui il collaborait, se disant ainsi au Mauricien sobrement « très triste » à l’annonce du décès de ce dernier, ancien secrétaire financier, et qui aura œuvré jusqu’au 7 juin, date de la présentation du budget, en voie d’adoption par l’Assemblée nationale. Très probablement aura-t-il une pensée spéciale pour ce haut fonctionnaire hors pair lors du Summing-Up des débats en deuxième lecture cet après-midi.
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth : « Un monument nous a quittés »
« C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de Dev Manraj, qui occupait le poste de Financial Secretary. Un monument nous a quittés. Dev Manraj a eu une grande contribution dans l’économie de notre pays depuis 1974. Il était un fin intellectuel, avait une vision économique moderne et croyait dans l’innovation.
« Je garde de lui un souvenir extraordinaire du travail que nous avions abattu ensemble avec l’équipe du ministère des Finances dans la préparation de plusieurs budgets à l’époque où j’étais ministre des Finances, et même tout récemment pour le dernier budget. Je présente mes sincères sympathies à sa famille et à ses proches. »
Xavier-Luc Duval, leader du PMSD : « Il était très compétent »
« C’est avec une grande tristesse que j’ai appris son décès. Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble sur deux budgets. Il était quelqu’un de très compétent, courageux dans le travail et était doté d’une grande intelligence. Son décès est une grande perte pour le pays. Dev Manraj était aussi et surtout quelqu’un qui a travaillé jusqu’à son dernier souffle.».
Reza Uteem, MMM : « Sa rigueur m’a toujours impressionné »
« J’ai eu l’occasion de travailler étroitement avec Dev Manraj, qui présidait le Steering Committee, qui a mis sur pied la FSC dont j’étais un des membres. Il m’a toujours impressionné par sa rigueur et son sérieux ainsi que sa maîtrise des dossiers. L’île Maurice perd un de ses éminents fonctionnaires. »