Questions
— En fin de compte, tu avais raison quand, la semaine dernière, tu as parlé de ce ministre qui continuait à travailler comme notaire, ce qui est interdit par la loi.
— C’est celui qui avait fait son « pa mwa sa, li sa » en disant que c’était un employé de son ancienne étude qui avait fauté en faisant une erreur, pas lui ?
— C’est pas fini : on a découvert que ce n’est pas la première fois que sa soi-disant ancienne étude fait des « erreurs » comme ça. On dirait que c’est une pratique bien établie.
— Tu veux dire que ce ministre à un double emploi ?
— D’après ce que je comprends, il ne serait pas le seul. Mais ce qui est plus grave, que c’est une situation de conflit d’intérêts.
— Comment ça ?
— On a découvert qu’il est arrivé que c’est le ministère de l’Environnement qui donne un permis pour un projet et que, tiens-toi bien, les papiers légaux soient faits par la supposée ancienne étude du ministre !
— Ne me dis pas ! On dirait que c’est une nouvelle version du slogan de l’affaire MedPoint.
— L’affaire MedPoint ? Sorry, mais je ne vois pas le rapport.
— Tu te rappelles pas le slogan de l’opposition quand le gouvernement avait racheté la clinique MedPoint : zot mem vande, zot mem aste ? Aujourd’hui c’est zot mem donn permi, zot mem fer kontra !
— Tu as raison, c’est un peu comme ça. Mais tu ne sais pas la meilleure, toi : au Parlement, le ministre de la Justice a défendu son collègue.
— Le ministre de la Justice ? Celui qui a été impliqué dans l’affaire « stag party » près de Grand-Bassin ?
— Quel « stag party » encore ?
— Tu as oublié, celle dans une chasse près de Grand-Bassin le soir avec cerf, whisky, enn madam bien sexy et bribes ?
— Maintenant je me rappelle. Mais dis-moi, l’ICAC n’avait pas ouvert une enquête sur cette affaire ?
— Tu n’as pas encore compris que pour certaines enquêtes, surtout celles qui concernent l’opposition, l’ICAC travaille à la vitesse grand V. Mais en ce qu’il s’agit des affaires qui touchent le gouvernement et ses proches, l’ICAC travaille à la vitesse d’une tortue. C’est à cause de ça même qu’on attend toujours les résultats de l’enquête sur la stag party de Grand-Bassin.
— Donc, le ministre de la Justice a couvert celui de l’Environnement sur cette affaire de conflit d’intérêts ?
— Oui toi, et puis le Speaker a bloqué les questions supplémentaires sur le sujet.
— C’est normal toi !
— Comment ça c’est normal ! ?
— Le Speaker ne fait que faire son autre travail.
— Quel autre travail encore ? Lui aussi a un double emploi ?
— Tu n’as pas encore compris que son vrai job c’est de barrer les questions de l’opposition contre le gouvernement ? Après Loud Speaker, son deuxième nom gâté c’est goalkeeper !
— Qu’est-ce que l’opposition a fait quand le Speaker a interdit ses questions supplémentaires, un walk out ?
— Non. Elle a fait une conférence de presse pour poser les questions interdites par le Speaker. Par exemple, si c’est un employé de l’ancienne étude du ministre de l’Environnement qui a fait un faux, est-ce que le ministre a été faire une déclaration à la police ?
— C’est une bonne question, mais on n’aura jamais la réponse, comme les questions sur Angus Road ou les trois questions que Sherry Singh a posées à Pravind Jugnauth.
— Ça c’est sûr. Tout ça me fait penser à ce qu’un MSM de la première heure m’a dit l’autre jour…
— Qu’est-ce qu’il t’a dit comme ça ?
— Qu’en fin de compte, en 2019, en acceptant les transfuges du MMM, le MSM a ramassé les plus mauvais éléments mauves.
— Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ?
— Il m’a dit de regarder les performances de ces anciens MMM qui sont devenus ministres. Et quand tu regardes bien et que tu compares, il n’a pas tort.
— C’est-à-dire ?
— On va prendre le ministre du Métro pour commencer. Tout ce qu’on retient de lui, c’est qu’il ignorait l’existence de Franklin et que son job consiste à donner des cadeaux, des couettes par exemple, à ses mandats en boycottant systématiquement ses colistiers du MSM.
— Sans compter les distributions de gâteaux Marie de sa protégée.
— On prend ensuite le ministre du Logement. À part de faire son chatwa avec Pravind, il a fait détruire des longères au bulldozer et essayé de créer une plateforme militante qui ne décolle pas. Collendavelloo a refusé de monter sur cette plateforme !
— Qu’est-ce que ton vieux militant orange dit du leader du ML ?
— Il rappelle simplement que Pravind l’a limogé comme vice-Premier ministre dans le cadre de l’affaire de corruption de la centrale St Louis…
— Encore une enquête de l’ICAC, commencée depuis des mois dont on continue à attendre les conclusions
— Et maintenant on vient d’apprendre que le ministre de l’Environnement continue à travailler comme notaire. On pensait au MSM que les ex-MMM seraient des assets, aujourd’hui, me dit le vieux militant orange, ils sont devenus des liabilities.
— Ce qui veut dire ?
— Que leurs nattes sont dans le coup de vent. Et la question que pose le vieux militant orange est la suivante : est-ce qu’ils auront un ticket du MSM ?