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Meurtre de Vanessa Lagesse : un témoin à charge de France pour le volet des analyses ADN

Le SP Monvoisin, entendu sur les séances d’interrogatoire de Bernard Maigrot à la MCIT en date du 24 mars 2001

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Le ministère public fait état de 25 appels téléphoniques de l’accusé à la victime entre le 1er et le 9 mars 2001

L’audition des témoins de la poursuite s’est poursuivie, hier, en Cour d’Assises dans le procès du meurtre de Vanessa Lagesse en date du 10 mars 2001 dans le bungalow de la victime à Grand-Baie. Il a été question des relations extraconjugales entre Bernard Maigrot et Vanessa Lagesse, l’alibi de l’accusé. Tout semble indiquer que la poursuite compte assigner un expert étranger, notamment français, pour démêler tout le volet des analyses ADN dans cette enquête à rebondissements. Ainsi, les dispositions de la Mutual Legal Assistance(MLA) entre Maurice et la France ont aussi été à l’ordre du jour, la Cour ordonnant à l’Attorney-General de dévoiler les modalités afin qu’un témoin en France puisse déposer dans cette affaire.

Les relevés des appels téléphoniques passés et reçus par la victime du mois de février 2001 au 9 mars 2001 ont été produits en Cour. Ceux-ci ont été dument authentifiés par les représentants des compagnies Emtel et Mauritius Telecom. Le représentant de la poursuite, Me Kevin Moorghen, confirme que ces relevés avaient été obtenus par le truchement d’un Judge’s Order en novembre 2001. Bernard Maigrot a ainsi appelé 25 fois Vanessa Lagesse entre le 1er et le 9 mars 2001.

L’ancien surintendant de police Daniel Monvoisin, qui avait interrogé l’accusé à l’époque, a ensuite été appelé à la barre des témoins par les avocats de la poursuite. Il a donné lecture en Cour de la déposition de Bernard Maigrot consignée au MCIT le 24 mars 2001.

Bernard Maigrot avait ainsi avoué qu’il avait eu une affaire extraconjugale avec Vanessa Lagesse en 1993. Durant cette année, il avait quitté son domicile pour aller louer une maison à Trou-aux-Biches, où Vanessa Lagesse lui rendait visite. Mais ensuite, il avait décidé de regagner le toit conjugal.

Bernard Maigrot avait aussi avoué qu’entre 1993 et 2001, il était un proche ami de Vanessa Lagesse et continuait de la conseiller en affaires. Durant cette période, il a ainsi eu des rapports sexuels avec celle-ci en deux occasions, dont la dernière remonte au 6 mars 2021 au domicile de la victime à Grand-Baie, soit quelques jours avant que la victime ne soit retrouvée morte dans sa baignoire le 10 mars 2001.

 

Dans son Statement, Bernard Maigrot maintient qu’il n’a jamais agressé Vanessa Lagesse. En ce qui concerne son alibi, il indique que le soir du meurtre, il se trouvait dans un dîner entre 20 h et 22 h 15 en présence des membres de sa famille et de ses amis. Ensuite, il s’est rendu chez un ami avec sa famille pour prendre quelques verres, de 22 h 30 à minuit, et puis il est rentré chez lui.

La séance de l’après-midi a été consacrée à l’audition de l’ancien surintendant  Monvoisin (DM) par Me Kevin Moorghen (KM), représentant de la poursuite.

KM : Quand avez-vous appris le décès de Vanessa Lagesse ?

DM : Le 10 mars 2001.

KM : Et ensuite ?

DM : Sur les instructions de Gyan Unmar, mon supérieur, je suis parti au domicile de l’accusé à Cap-Malheureux. Elizabeth Henesch, qui était la dernière personne à avoir vu la victime vivante, était sur les lieux. Nous l’avions emmenée avec nous au poste de police.

KM : Pourquoi avoir seulement emmené Mlle Henesch et non l’accusé ?

DM : L’accusé avait fait de sorte que Henesch, qui travaillait pour lui, soit présente sur les lieux. Il n’était pas encore suspecté de quoi que ce soit.

KM : Qu’en est-il de l’enquête sur Mlle Henesch ?

DM : Rien n’en est sorti. Elle avait un amant nommé Goodye. Ce dernier avait été interrogé le même jour. Il avait confirmé qu’ils étaient amants.

KM : Ont-ils à un moment donné été considérés comme suspects ?

DM : Non, à aucun moment ?

KM : L’accusé était-il considéré comme suspect à ce moment-là ?

DM : Non, ce n’est que plus tard qu’il avait été considéré comme suspect.

KM : Sur la base de quoi ?

DM : Certaines informations nous avaient été fournies, nous faisant croire que l’accusé était impliqué.

L’interrogatoire a été plus tard axé sur l’arrivée de Daniel Monvoisin sur la scène de crime.

DM : Les tiroirs n’avaient pas été ouverts, il n’y avait pas eu de fouille, il n’y avait pas de signe d’effraction. Une bague de la victime était toujours à son doigt. On n’avait rien rapporté comme ayant été volé. Une grande violence avait été utilisée contre Vanessa Lagesse.

KM : Des personnes avaient-elles déjà pénétré sur la scène du crime ?

DM : Oui, huit personnes ou plus, avant que les lieux ne soient sécurisés. Certaines de ces personnes ont été identifiées. Il s’agit des personnes vivant dans la même cour que Vanessa Lagesse.

KM : Qui ?

DM : Un couple allemand. L’Allemand avait suivi le jardinier sur la scène du crime.

KM : L’enquête a-t-elle révélé quelque chose sur cet Allemand ?

DM : Oui, il a été parmi les premiers à entrer sur la scène du crime

 

Le surintendant Monvoisin devait plus tard confirmer que la police avait donné à Bernard Maigrot l’autorisation de se rendre à Madagascar et qu’Elizabeth Henesch l’avait accompagné lors de ce voyage.

 

Il a ensuite été contre-interrogé par Me Gavin Glover, Senior Counsel, l’avocat de Bernard Maigrot, qui est revenu sur la journée du 24 mars, date où le Statement de l’accusé avait été consigné.

 

GG : On avait commencé à prendre le Statement de mon client vers 09 h 45. Puis Raddhoa avait fait son arrivée. Mme Maigrot donnait son Statement à d’autres officiers de police ?

DM : Bernard Maigrot donnait son Statement Under Warning. Je ne suis pas sûr pour Mme Maigrot.

GG : Vous dites avoir vu la maison « in good order ».

DM : Il n’y avait pas eu l’apparence qu’il y avait une fouille.

GG : Avez-vous vérifié si le sac à main de Vanessa Lagesse était bien là ?

DM : Non, je n’ai pas vu si c’était là-bas ou pas.

GG : Avez-vous lu le Statement de Thierry Lagessse où il explique qu’une montre très chère de la marque Jaeger-LeCoultre, qui valait plusieurs centaines de milliers de roupies, avait disparu ?

DM : Non, je ne suis pas au courant. Gyan Unmar dirigeait les opérations.

GG : Où est-il mentionné dans le Diary Book du MCIT que la CID de Curepipe, dirigée par Raddhoa, allait prendre cette enquête des mains de la MCIT?

DM : …

 

La séance a alors pris fin. La Cour d’assises, présidée par le juge Lutchmyparsad Aujayeb, a émis un ordre à l’égard de l’Attorney-General, pour que ce dernier donne à la poursuite et à la défense demain à 13 h 30, une copie de la demande pour une Mutual Legal Assistance (MLA) établissant les modalités afin qu’un témoin en France, dont l’identité n’a pas été divulguée en Cour, puisse déposer dans cette affaire.

Bernard Maigrot, 62 ans, homme d’affaires, est accusé de Manslaughter sur la personne de Vanessa Lagesse, en infraction avec le Code pénal, 23 ans après que cette dernière avait été retrouvée morte dans son bungalow à Grand-Baie le 10 mars 2001. Le prévenu plaide non-coupable.

 

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