Comme Charles Darwin en 1831, un groupe de scientifiques et d’écologistes a quitté l’année dernière le port anglais de Plymouth en direction des îles Galapagos, au large de l’Équateur. À bord de l’Oosterschelde, ils ont effectué la traversée et ont rejoint les Galapagos, qui ne sont pas, qui ne sont plus ce que racontait Charles Darwin…
Ce qu’ils ont découvert à leur arrivée le mois dernier diffère grandement de ce que le naturaliste Darwin a vu lorsqu’il a visité l’archipel en 1835, au cours de son voyage déterminant pour l’élaboration de sa désormais célèbre théorie sur l’évolution des espèces et la sélection naturelle. Les Galapagos sont aujourd’hui sous protection, font partie d’une réserve marine nationale équatorienne et sont classées au patrimoine mondial de l’humanité. Pourtant, la région est plus que jamais menacée, que ce soit par la pollution, la pêche illégale ou le changement climatique.
Arrière-arrière petite fille du naturaliste britannique, la botaniste Sarah Darwin était là pour observer ces défis, avec un exemplaire bien rempli de l’ouvrage de son illustre aïeul, « De l’origine des espèces ». « Je pense que la principale différence est qu’il y a maintenant des gens qui travaillent pour protéger l’archipel » des Galapagos, a déclaré la sexagénaire à l’AFP, à bord de l’Oosterschelde, une goélette à trois mâts rénovée construite il y a plus de 100 ans, en expédition scientifique et de sensibilisation depuis le mois d’août.
Les « héritiers »
À l’époque coloniale, les Galapagos, situées dans l’une des régions les plus riches en biodiversité au monde, servaient de halte aux pirates qui y capturaient et mangeaient les tortues géantes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’archipel a accueilli une base militaire américaine. « Je pense que si (Darwin) pouvait revenir aujourd’hui et voir les efforts que tout le monde fait, à la fois localement et globalement, pour protéger ces îles extraordinaires et cette biodiversité, je pense qu’il serait vraiment, vraiment enthousiaste et impressionné », se félicite la descendante du naturaliste.
Sarah Darwin s’est rendue pour la première fois aux Galapagos en 1995, où elle a illustré un guide des plantes endémiques. Elle s’est ensuite consacrée à l’étude des tomates locales. Elle encadre également des jeunes dans le cadre d’un projet visant à créer un groupe de 200 « héritiers » de Darwin afin de tirer la sonnette d’alarme sur les menaces environnementales et climatiques qui pèsent sur la planète.
Faisant escale dans plusieurs ports au cours de son voyage de Plymouth jusque dans le Pacifique, l’Oosterschelde a accueilli à chaque escale de nouveaux groupes de jeunes scientifiques et activistes. L’une d’entre elles, Laya Pothunuri, d’origine indienne, a rejoint la mission depuis Singapour. Les Galapagos « occupent une place très importante sur le plan scientifique », commente-t-elle à l’AFP. Elle est venue pour améliorer les systèmes d’irrigation dans les régions de culture du café de l’archipel.
« J’ai l’intention de le faire en utilisant du plastique recyclé, ce qui est également un gros problème ici », explique-t-elle, rappelant que les déchets plastiques finissent bien souvent consommés par la faune.
Le péril plastique
Aux Galapagos, les membres de l’expédition ont travaillé avec des chercheurs de l’université privée San Francisco de Quito (USFQ), de la fondation Charles Darwin et de l’ONG Conservation International pour lutter contre les espèces envahissantes et protéger les espèces endémiques.
L’année dernière, une étude de la Fondation Charles Darwin a révélé que les tortues géantes de la région ingéraient des substances nocives dues à la pollution humaine. Des échantillons ont révélé que près de 90% des déchets consommés étaient du plastique, 8% du tissu et le reste du métal, du papier, du carton, des matériaux de construction et du verre.
Depuis les Galapagos, l’Oosterschelde a repris la mer dimanche pour poursuivre son tour du monde, avec des escales prévues à Tahiti, en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Afrique du Sud.