Le Premier ministre Rishi Sunak a assuré qu’il comptait « se battre pour chaque vote », lorsqu’il a annoncé à la surprise générale, sous la pluie, la tenue des élections au début de l’été, et non à l’automne comme le prévoyait le microcosme politique britannique.
La tâche s’annonce titanesque pour le dirigeant conservateur de 44 ans, qui n’a jamais réussi à redresser la barre depuis qu’il est entré en octobre 2022 au 10, Downing Street après les scandales de l’ère Boris Johnson et la quasi-crise financière qui a marqué les 49 jours au pouvoir de Liz Truss.
Les sondages donnent le Labour autour de 45% des intentions de vote contre moins de 25% pour les Tories. Cela semble ouvrir un boulevard vers le poste de Premier ministre au chef du Labour Keir Starmer, ancien avocat et directeur du parquet de 61 ans, qui a reconstruit son parti après la défaite historique de 2019 en le ramenant vers le centre gauche.
Formellement, la campagne dans les 650 circonscriptions des députés de la Chambre des Communes ne commencera qu’après la dissolution du Parlement le 30 mai prochain. En réalité, les partis s’y préparent depuis longtemps tant la tenue d’élections faisait l’objet de spéculations ces derniers mois.
La pression était de plus en plus forte pour que Rishi Sunak convoque les électeurs tant les sondages étaient mauvais, rendant le gouvernement de moins en moins audible et alimentant les querelles intestines dans la majorité.
Une série de bonnes nouvelles économiques – retour de la croissance et coup de frein à l’inflation – ont fini par le convaincre de se lancer, dans l’espoir d’une accalmie dans la défiance créée par la crise du pouvoir subie ces dernières années par les Britanniques.
« C’est la preuve que le plan et les priorités que j’ai définis fonctionnent », a plaidé Rishi Sunak mercredi. « A qui faites-vous confiance pour transformer ces bases en un avenir sûr pour vous, votre famille et notre pays? », a-t-il lancé, accusant son rival de manquer de fiabilité alors que « le monde est plus dangereux qu’il ne l’a été depuis la fin de la guerre froide ».
– « Reconstruire » –
Après 14 ans de pouvoir conservateur marqués par le référendum du Brexit et cinq Premiers ministres, les Britanniques semblent pourtant décidés à tourner la page, épuisés par la baisse du pouvoir d’achat des deux dernières années, le déclin des services publics – surtout du système de santé, à bout de souffle -, la hausse des taux d’intérêt ou encore la crise du logement. Sans parler des déchirements dans la majorité, où les luttes internes s’affichent ouvertement.
Selon un sondage YouGov publié mercredi, le Labour est considéré comme mieux placé que les Tories pour gérer, à l’exception de la défense, tous les sujets, y compris la fiscalité, l’immigration et la sécurité qui sont traditionnellement les domaines de prédilection des conservateurs.
« Le temps du changement est venu! », a lancé Keir Starmer après l’annonce des élections, présentant le vote Labour comme une voix « pour la stabilité, économique et politique ».
« Nous pouvons mettre fin au chaos, nous pouvons tourner la page, nous pouvons commencer à reconstruire le Royaume-Uni et changer notre pays », a-t-il insisté.
Depuis son arrivée à la tête des travaillistes en 2020, Keir Starmer a recentré le parti après les années Jeremy Corbyn, beaucoup plus à gauche, avec des positionnements prudents sur les questions budgétaires et fermes sur les questions de sécurité et d’immigration, ce qui fait grincer des dents au sein de la base.
Ses soutiens voient en lui un pragmatique mais ses détracteurs fustigent ses revirements politiques, une personnalité qui manque d’éclat et ses difficultés à dessiner une vision claire pour l’avenir du pays.