La Private Secondary Education Authority (PSEA) mettrait-elle des bâtons dans la roue des collèges privés ? Les managers des collèges privés de la Federation of Union of Managers of Secondary Schools sont de cet avis. Le macadam dans le bon fonctionnement global des 80 collèges privés serait, selon la fédération, le grant formula 2024-26 et l’ingérence de la PSEA dans la pédagogie et la gestion de ces collèges. La fédération a l’intention d’aller à la rencontre de partis politiques qui vont briguer les élections générales pour leur rappeler quelle est sa mission dans le secteur éducatif, afin que les collèges privés puissent jouer pleinement leur rôle sous n’importe quel gouvernement. Pour l’instant, la fédération a l’impression que les autorités ignorent ses griefs et parle de « nationalisation déguisée » de l’éducation.
La coupe est pleine ! Les managers des collèges privés ont uni leur voix pour déplorer le sentiment de ras-le-bol d’une « usurpation de la Private Secondary Education Authority du rôle du manager et du recteur » dans leur secteur. Cela fait un certain temps depuis que la Federation of Union of Managers of Secondary Schools n’a eu de cesse de décrier une relation de force et la « mainmise » que leur impose la PSEA avec des formules de grant qui ne s’alignent pas, d’une part à la qualité de l’enseignement que dispense les collèges privés. Et d’autre part, qui limite la liberté des managers dans la gestion de leurs établissements.
« Tout le mal vient du mécanisme de grant, c’est cela qui rend impossible notre gestion », explique Jimmy Harmon, responsable du secondaire au Service diocésain de l’éducation catholique (Sedec). Face à une situation qui empire avec l’arrivée de la formule de grant 2024-26, dit le syndicat, qui rencontrait la presse pour faire état de ses griefs, vendredi dernier, celui-ci va passer à une autre étape. En marge des élections générales à venir, la fédération va « solliciter des rencontres avec les différents partis et mouvements politiques, dont les parlementaires et extra parlementaires, et opinion leaders du pays pour parler de la situation » et aussi de sa vision de l’éducation. Quel que soit le gouvernement qui sera en place, c’est l’enfant mauricien, insiste la fédération, qui doit en sortir gagnant.
« Empiétement »
« La formule de grant 2020-23 menaçait déjà l’existence de nos collèges et le type d’éducation que nous offrons dans le patrimoine éducatif du pays. À la fin de la formule 2020-23, nous avions attiré l’attention à travers de nombreuses correspondances et lors des réunions, rares et obtenues après plusieurs sollicitations de notre part. Plusieurs hautes personnalités du pays ont même été avisées de la situation. Nous avions cru qu’il y aurait un changement et le bon sens allait prévaloir. Tel n’a pas été le cas », regrette la fédération. Le mécanisme d’implémentation par la PSEA a donné lieu, selon elle, à « de nombreux disallowed items ne permettant pas aux collèges, dans la gestion quotidienne, de répondre aux besoins éducatifs de l’établissement. »
Avec l’entrée en vigueur de la formule 2024-26, le mécanisme d’implémentation par le PSEA a donné lieu à plusieurs « disallowed items. » La liste est longue, elle va des rideaux dans les salles de classe, à la réparation et l’entretien de la logistique dans les bureaux administratifs du collège, le thé ou le café aux visiteurs, au nombre de médailles et de prix imposés par la PSEA, au coût du transport limité à Rs 2 600 pour des activités scolaires, la réparation des équipements, le service d’agents de sécurité et la formation du personnel dans des domaines non-académiques… La fédération déplore également l’exigence de « prior endorsement » pour tout projet indistinctement. Ce qui constitue, selon elle, « un ralentissement au progrès » dans les collèges du secteur privé.
Outre le manque de manuels scolaires, les managers affirment que « les requirements bloquent le recrutement des enseignants », avec pour conséquence des classes et des élèves qui se retrouvent sans professeurs, et le programme paralysé. Les managers disent aussi ne pas comprendre pourquoi le ministère leur impose le Google Classroom pour les cours en ligne, alors que leurs collèges ont mis en place tout un système en ce sens avant les récentes annonces de la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun Luchoomun. Par ailleurs, les représentants du secondaire privé ont exprimé leur déception sur la manière : « avec nonchalance », dont le changement de la formule (40%, School Based + 60% national) d’examen pour l’Extended Programme a été fait lors d’un atelier de travail. Alors que le deuxième trimestre a été amorcé depuis un certain temps déjà, le secondaire privé n’a toujours pas reçu d’instructions sur les modalités autour des 40%.
La fédération des managers n’hésite pas à parler « d’empiétement » de la PSEA dans la pédagogie en avançant que cette autorité s’ingère dans le calendrier des examens internes. Pour le syndicat, il n’y aurait aucun doute, la « nationalisation déguisée » et l’ouverture « d’une voie vers une école unique » sont en marche. D’où son appel aux autorités de l’éducation : « Arrêtez de saborder l’éducation privée ! »