JOURNÉE INTERNATIONALE DES MUSÉES, 18 MAI 2024

« Musées pour l’Éducation & la Recherche »

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À l’initiative de l’International Council of Museums (ICOM), la Journée internationale des Musées est célébrée le 18 mai chaque année depuis 1977. L’objectif est de diffuser le message que les musées sont un moyen important d’échanges culturels et d’enrichissement des cultures, et d’encourager la compréhension mutuelle, la coopération et la paix entre les peuples. L’année dernière, plus de 37 000 musées ont participé à l’événement dans près de 156 pays y compris l’ile Maurice. C’est en 2022 que le Musée Intercontinental de l’Esclavage (aussi connu sous le sigle « ISM »), le tout nouveau venu dans le paysage institutionnel culturel du pays, célébra cette journée, placée sous le thème international « The Power of Museums / Le Pouvoir des Musées ». Le musée marqua cette journée par la commémoration du bicentenaire (1822-2022) de l’exécution de Ratsitantanina avec « un parcours de l’histoire et de la mémoire » comprenant une panoplie d’activités telles que Conférence, Essay Writing Contest pour les écoles primaires de la région de Pamplemousses, Roving Exhibition, Marche sur la Montagne des Signaux avec des jeunes. Pour 2024, le thème international est « Musées pour l’éducation et la recherche ». Le choix de ce thème par l’ICOM est de souligner le rôle central des institutions culturelles telles que les musées dans l’offre d’une expérience éducative holistique. Les musées ont le potentiel d’être des lieux éducatifs dynamiques qui favorisent la curiosité, la créativité et l’esprit critique. On s’éloigne de plus en plus de l’image du musée statique, réduit aux « dodo », « dinosaure », « objets/artefacts », « animaux empaillés ». Quand l’esprit critique s’y invite, c’est une conscience citoyenne éclairée qui émerge.

Musée, lieux de mémoire et site de conscience

La définition la plus courante est celle adoptée par l’ICOM lors de son Assemblée Générale tenue à Prague le 22 aout 2022. Elle se lit comme suit : « Un musée est une institution permanente, à but non lucratif et au service de la société, qui se consacre à la recherche, la collecte, la conservation, l’interprétation et l’exposition du patrimoine matériel et immatériel. Ouvert au public, accessible et inclusif, il encourage la diversité et la durabilité. Les musées opèrent et communiquent de manière éthique et professionnelle, avec la participation de diverses communautés. Ils offrent à leurs publics des expériences variées d’éducation, de divertissement, de réflexion et de partage de connaissances. ». L’arrivée des musées consacrés aux thématiques de l’esclavage, du génocide ou de la réconciliation et la réparation a donné naissance à un nouveau terme qui s’appelle « sites de conscience ». Ce sont des musées ou des lieux historiques, de mémoire qui activent la mémoire du public pour une meilleure compréhension du passé à travers la particularité de son offre muséale. Le public vit « des expériences variées » comme le dit l’ICOM dans sa définition du musée tout court mais avec le concept de « sites de conscience », les visiteurs ne font pas que des visites mais procèdent à une expérience muséale qui les amène à utiliser les leçons du passé pour agir face aux défis actuels de la démocratie et aux droits de l’homme. Donc, le musée « site de conscience » comme celui de l’ISM à Maurice a pour mission et ambition d’offrir une plateforme pour l’exploration et la diffusion de nouvelles idées. C’est ainsi que les musées peuvent devenir des espaces vitaux où l’éducation et la recherche convergent pour façonner notre compréhension du monde.

Eduquer Pour Nos futurs ensembles

Dans le sillage de la pandémie du COVID-19, l’UNESCO publie un rapport sur l’éducation en 2021. Le titre du rapport est très parlant : « Repenser un nouveau contrat social pour l’éducation, nos futurs ensemble ». L’impact de la pandémie invite à revoir l’éducation. C’est une nouvelle manière de voir ce qu’est l’éducation qui nous amènera à repenser un nouveau contrat social. Ce nouveau contrat nous incite à penser nos « futurs ensemble ». Le rapport salue l’effort des politiques éducatives dans les différents pays pour remédier aux inégalités de genre, d’appartenance ethnique, de religion, de nationalité, de situations de handicap, d’identité sexuelle ou de classe sociale d’origine.  Cependant, les membres de la Commission internationale sur les futurs de l’éducation observent que ces mêmes politiques éducatives n’ont pas déployé la même énergie vis-à-vis de l’occultation et de l’exclusion des mémoires collectives, des aspirations, des traditions culturelles et des savoirs autochtones dans l’éducation et dans le patrimoine de « connaissances communes ».  Le rapport fait remarquer que « les ressources culturelles sont un élément essentiel de notre relation au savoir… Apprendre à regarder d’un oeil critique les connaissances dominantes est fondamental dans le cadre d’une pédagogie solidaire ; bref, il faut apprendre à désapprendre. (p.59).

Et alors ?

Il est clair que cette journée internationale invite les musées et des lieux de mémoire à placer l’éducation et la recherche comme deux axes essentiels au sein de leur organisme. La récente découverte pour le public mauricien de la « Vallée des ossements » vient inciter à développer toute la dimension éducation et recherche de nos lieux de mémoire.  Il faut aussi réinventer cette éducation comme le demande le rapport de l’UNESCO. Quelle ne se réduise pas qu’en des educational tours dans le cadre des examens ou pour une matière quelconque mais que ce soit une éducation qui nous permet de comprendre qu’un programme d’enseignement est structuré à partir d’un savoir qui n’est jamais « achevé » mais que ce « savoir » est plutôt « façonné par des connaissances issues de différentes générations, qu’il transmet un patrimoine culturel, et autorise des révisions ou des actualisations. Cette prise de conscience devrait nous amener à enseigner toutes les matières à partir d’un cadre historique et d’une conversation intergénérationnelle – une conversation que les élèves contextualiseront et à laquelle ils donneront un nouveau sens grâce à leur apprentissage ». (p.70). Comment nos musées et lieux de mémoire peuvent aider à faire comprendre que le savoir n’est jamais « achevé » ? Peut-on envisager des « révisions ou des actualisations » du récit national officiel ? De plus, pouvons-nous envisager que nos musées jouent un rôle positif dans l’évolution de notre système éducatif mauricien ? Voilà des questions qui montrent comment musées et lieux de mémoire peuvent transformer la société. La seule chose qu’il faut pour cela c’est l’audace de dire, de faire et ne pas s’arrêter.

Dr Jimmy Harmon

 

Références

Repenser un nouveau contrat social pour l’éducation, nos futurs ensemble, Rapport de la Commission internationale sur les futurs de l’éducation, UNESCO, 2021.

Qu’est-ce qu’un musée ? mudo.oise.fr

Challenges for the inclusion of the indigenous communities in transitional justice. Synthesis report on Africa, Asia-Pacific and Latin America. GIJTR (Global Initiative for Justice, Truth & Reconciliation). www.sitesof conscience.org

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