Originaire de Rodrigues et moniteur de kitesurf, Noah a remporté le titre de la 3e édition du concours musical Konpoz To Lamizik, lancé par le groupe Attitude. Il a interprété deux titres, Mo’nn anvi viv et She knows, revisitant le blues avec passion, impressionnant le public et le jury composé d’Éric Triton, Véronique Zuël-Bungaroo, Daniella Bastien, Jean-François Dorza et Manu Desroches. La grande finale s’est tenue fin avril à N’JOY, Grand-Baie.
Noah, le grand gagnant de Konpoz To Lamizik 2024, bénéficiera désormais du financement et de l’accompagnement d’une équipe de professionnels pour la réalisation d’un vidéo-clip sur l’une de ses deux chansons. Les cinq premiers du concours auront, eux, la chance d’enregistrer leurs deux chansons présentées lors des auditions et de la finale dans un studio professionnel. Ils auront aussi l’occasion de se produire régulièrement dans les hôtels Attitude et d’être inclus dans les programmations des événements Dreamers et du festival LA ISLA 2068 organisés par La Isla Social Club.
De plus, les dix finalistes Z’Artisé, 4Élémen, Noah, Danilo & the Revolution, Chris Matthieu, NuA4, Dimitry Duval, Corina Matouka, Rusina Lacruche et Didier Thérèse recevront une vidéo de leur prestation live lors de la finale. Une vidéo de haute qualité qu’ils pourront utiliser pour promouvoir leur talent. Cette année, 56 artistes se sont inscrits au concours. Les membres du jury ont été impressionnés par leur niveau lors de cette 3e édition. Éric Triton confie : « Je suis très content, le niveau est plus élevé que les éditions précédentes. Cela donne de l’espoir de voir des jeunes s’intéresser à la création. L’accompagnement continuera, même pour ceux qui n’ont pas gagné, car ils ont tous du potentiel. »
Véronique Zuël-Bungaroo ajoute, elle, que « j’espère que Konpoz to Lamizik continuera, car il offre une plateforme aux artistes pour présenter leur travail. Cela apporte de la visibilité aux artistes locaux qui évoluent dans leur musique, dans leur style et dans leurs genres spécifiques. » Jean-François Dorza, autre membre du jury, souligne que « c’était un show spectaculaire avec une magnifique variété de performances. Il y avait des univers différents : du rap, du créole, de la musique typique, du séga plus moderne. Ils dégageaient beaucoup de maturité et de force. C’était une expérience très forte. »
Pour Daniella Bastien, « nous avons découvert des artistes d’univers musicaux différents. Ce concours leur a permis de se produire sur une scène locale et de mettre en avant leur talent avec les deux morceaux qu’ils ont présentés. Maintenant, c’est à eux de poursuivre dans cette voie pour faire entendre leur musique. Konpoz to Lamizik a été une belle expérience et une belle découverte musicale. » Et pour conclure, Manu Desroches avance que « j’ai été inspiré par la passion et le talent de chaque artiste qui a participé à la finale. Félicitations à tous pour avoir partagé votre musique avec le monde. J’espère que les artistes pourront saisir les opportunités qui leur seront offertes à l’issue du concours. Je remercie Attitude pour avoir une fois de plus permis aux artistes mauriciens de sortir de l’ombre et de partager leur passion avec le public.
Noah : « Le blues est une couleur musicale qui se perd à Maurice et je veux la faire revivre »
« Je suis originaire de l’île Rodrigues et je suis moniteur de kite surf avec mon frère. J’ai sorti mon premier single Fer Dimal en 2018, suivi par Temperature l’année suivante, qui a bien marché à Rodrigues. En 2018, j’ai remporté le concours de musique freestyle organisé par Blakkayo à Rodrigues. Ensuite en 2022, j’ai décidé de venir à Maurice pour poursuivre ma passion musicale. Konpoz to Lamizik a été pour moi une aubaine. J’ai pu présenter mon style que je décris comme bluzzy, un style un peu oublié. Le blues est une couleur musicale qui se perd à Maurice et je veux la faire revivre. Il est important de préserver ce genre de musique pour les jeunes qui prendront la relève après.
Mes projets ? Travailler étroitement avec Attitude. Et après, aller en tournée et enseigner aux jeunes talents ce style de musique. Mon message à passer : Si vous avez un rêve qui vous tient à cœur, il ne faut jamais baisser les bras, ne jamais abandonner. Votre passion demandera beaucoup de travail, il faut se donner à fond pour obtenir ce qu’on veut. Avoir gagné, c’est mon rêve d’enfance qui se réalise, recevoir un trophée dans l’univers musical. »
Z’Artisé : « Nous souhaitons également voyager et partager notre art à l’étranger »
« Cela fait un peu plus d’un an que nous avons commencé, et notre groupe s’appelait Konnekte. Cette année, je joue avec deux autres musiciens, C’est là que nous est venue l’idée de former ce groupe. Le nom de notre groupe est dérivé du mot « zilwa » et évoque tout ce qui est créole, en lien avec nos racines insulaires, ainsi que le métissage. Participer à ce concours était crucial pour partager notre musique et notre fusion de styles orientaux, africains et mauriciens avec d’autres. J’ai composé deux de nos textes en 2020. Lorsque nous avons formé le groupe, il était primordial que chacun apporte sa propre couleur musicale. Selvinen et Andiisen jouent des instruments venant de l’Inde : le ghatam et le morsing. Olivier, notre guitariste, a un style vraiment africain, unique en son genre. Quant à Berty, notre percussionniste, il est l’un des meilleurs que j’ai entendu. Au cours des trois dernières semaines, nous avons travaillé sur les chansons, nous rencontrant six à sept fois. Pour l’arrangement musical, j’ai eu l’aide d’un ami proche, Stéphane, que je remercie. Mon souhait est d’avoir la chance de jouer et de partager notre musique sur différentes plateformes, tout en sensibilisant les jeunes à l’importance de la musique. Nous souhaitons également voyager et partager notre art à l’étranger. »
Corina Matouka : « Offrir aux artistes la possibilité de se faire connaître »
« Je suis vraiment heureuse de figurer parmi les gagnants. J’ai pris un mois pour rassembler les musiciens et me concentrer vraiment sur la création musicale. Konpoz to Lamizik est une compétition formidable car elle offre aux artistes la possibilité de se faire connaître, d’accroître leur visibilité sur le circuit musical. J’ai commencé la musique il y a longtemps avec l’Atelier Mo’Zar à Roche Bois, en jouant de la flûte traversière. J’y ai passé un an, où j’ai appris à lire la musique. C’est là que mon évolution musicale a pris naissance. J’ai fait une pause de 15 ans en raison d’obligations familiales, et cela fait environ 3 à 4 ans que je suis de retour à la musique.
J’ai rencontré notre guitariste grâce à Mo’Zar. Tant notre guitariste que notre bassiste, je les ai gardés en contact grâce au secteur hôtelier. Par l’entremise de Mo’Zar, je me suis liée d’amitié avec notre batteur à l’époque. À partir de là, nous avons créé notre quatuor et l’avons baptisé « 50 50 ». Je tiens à souligner qu’il n’y a pas suffisamment de facilités financières en ce qui concerne le parrainage de projets musicaux, surtout pour les jeunes qui débutent. Les instruments sont très coûteux. Les acheter et les expédier à Maurice représentent déjà un investissement. Ayant dit cela, je tiens à remercier le Groupe Attitude d’avoir construit une plateforme qui rend cela réalisable. »
Rusina Lacruche : « Nous continuons à faire notre travail parce que nous avons un message à transmettre »
« Cela fait maintenant 22 ans que je suis dans la musique, une aventure qui a débuté avec le concours Sofe Ravanne en 2002, suivi de Bat Sega. J’ai sorti mon album Anou Sante en 2020, après mon premier album Revey twa il y a 10 ans. Je suis descendante de Ti Frère Ravaton, et j’ai été immergée dans la musique depuis le ventre de ma mère. J’ai grandi en écoutant de la musique au quotidien. J’aimerais que les jeunes suivent mon exemple, même si je n’ai pas réussi il y a vingt ans, j’ai réussi aujourd’hui. Il faut persévérer, être patient et croire au bon moment.
Il n’y a pas assez de travail pour les artistes. En dehors du travail monumental que fait Attitude pour les artistes prometteurs, le gouvernement doit reconnaître les besoins des artistes. Comme l’eau et la nourriture, qui sont des besoins humains de base, les humains ont besoin de musique, elle est à la fois un réconfort et une source de connexion. Produire une chanson est coûteux en termes de prix des instruments, de l’espace en studio et de l’arrangement. Nous continuons à faire notre travail parce que nous avons un message à transmettre. Nous sommes des artistes engagés, des porte-paroles pour des fléaux sociaux. »
4Élémen : « Ensemble, nous avons créé de la musique avec le cœur »
« Mon parcours musical a débuté en liant une amitié avec Stevie Lagaité, que je connais depuis plus de 15 ans. Après la période de Covid, j’ai développé une amitié avec Mika Ramsamy, guitariste et chanteur que j’avais rencontré à Le Sapin. Mes amis et moi avons collaboré pour la Fête de la Musique 2023 à Tribeca. Nous avons ensuite remplacé des artistes dans des hôtels qui ne pouvaient pas se produire, une expérience qui a duré environ un mois. Malgré la fin de cette opportunité, cela ne nous a pas découragés. Nous avons continué à nous rencontrer et à faire de la musique, renforçant ainsi nos liens. Ce sont nos amis qui nous ont encouragés à participer à Konpoz to Lamizik.
Une autre rencontre précieuse après Covid a été avec le bassiste Emmanuel Fatime, fils de Roland Fatime, le grand chanteur de séga et pionnier de la musique mauricienne, que j’ai rencontré à Kwin Artis, Cité La Cure. Ensemble, nous avons créé de la musique avec le cœur. Il est avant tout important d’être en phase avec notre musique. Avec cette intention, tout ce qui suit est un bonus. De là et grâce à Attitude, nous attendons avec impatience la publication de nos prestations. En guise de message à tous ceux qui créent de la musique : ne baissez pas les bras. Quoi que vous fassiez, faites-le bien et faites-le avec amour. Si ce n’est pas aujourd’hui ni demain, cela en vaudra la peine un jour. Je préfère être audacieux plutôt que de mourir avec des regrets. »