Le Guide - Législatives 2024

L’Inde vote avec le nationaliste hindou Modi pour favori

L’Inde vote depuis vendredi matin dans le cadre d’élections générales que le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi semble presque assuré d’emporter face à une opposition à la peine.

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Une longue file d’attente s’est formée tôt devant un bureau de vote à l’ouverture à Haridwar, important lieu de pèlerinage hindou sur les rives du Gange et l’une des premières villes à voter dans le cadre de ces élections.

Uday Bharti, un saddhu de 59 ans, est catégorique, le parti Bharatiya Janata (BJP) de M. Modi agit en faveur de ce qui « compte le plus ».

« Modi a assuré la protection de notre pays et de notre foi », affirme-t-il à l’AFP devant un bureau de vote. « Nous sommes ici pour garantir que Modi continue de faire du bon travail ».

M. Modi a exhorté dès le début du vote, les électeurs de la première phase du scrutin, qui en compte sept, à « exercer leur droit de vote en nombre record », en particulier les jeunes et ceux qui votent pour la première fois.

« Chaque vote compte et chaque voix est importante », a-t-il ajouté sur le réseau social X.

– contre « la haine et l’injustice » –

Le Congrès, principal parti d’opposition en Inde, a lui rappelé aux électeurs, sur la même plateforme, que leur « vote peut mettre fin à l’inflation, au chômage, à la haine et à l’injustice », et de souligner : « Assurez-vous de voter », « N’oubliez pas de voter ».

Au total, 968 millions d’Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l’Union européenne et de la Russie réunis.

Les élections se déroulent jusqu’au 1er juin, avec plus d’un million de bureaux de vote à travers le pays.

Les bulletins de vote de tout le pays seront dépouillés le 4 juin. Les résultats sont généralement annoncés le même jour.

M. Modi, âgé de 73 ans, est encore très populaire après deux mandats, au cours desquels l’Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique.

Une enquête Pew de 2023 indiquait que M. Modi était perçu favorablement par près de 80% des Indiens.

Il a déjà donné au BJP deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l’électorat hindou.

Cette année, il a inauguré dans la ville d’Ayodhya un grand temple dédié à la divinité hindoue Ram, bâti sur le site d’une mosquée vieille de plusieurs siècles détruite par des fanatiques hindous.

Cet événement, très attendu par ses militants, a bénéficié d’une ample couverture médiatique et de festivités publiques dans toute l’Inde.

– « Une duperie » –

Pour Mukesh Dubey, prêtre d’un petit temple hindou à Haridwar, le fait que le gouvernement Modi joue sur la foi est une « duperie » destinée à détourner de difficultés plus graves et urgentes auxquelles l’Inde est confrontée, avec des millions de jeunes diplômés d’universités au chômage.

Les cadeaux religieux ne servent à rien si « les gens n’ont pas de travail et de nourriture », dit-il à l’AFP.

Mais les analystes politiques l’ont d’ores et déjà donné vainqueur face à une coalition de partis d’opposition qui n’a pas encore nommé son candidat pour le poste de Premier ministre.

Ses perspectives ont été renforcées par plusieurs enquêtes criminelles contre ses opposants.

Les comptes bancaires du Congrès sont gelés depuis février par le fisc indien, à la suite d’un différend sur des déclarations de revenu datant d’il y a cinq ans.

« Nous n’avons pas d’argent pour faire campagne, nous ne pouvons pas soutenir nos candidats », a prévenu son chef Rahul Gandhi en mars. « Notre faculté de livrer la bataille électorale a été endommagée. »

M. Gandhi, 53 ans, dont le père, la grand-mère et l’arrière-grand-père ont tous été Premier ministre, a été brièvement écarté du Parlement l’an dernier après avoir été reconnu coupable de diffamation.

Il accuse le gouvernement d’un certain recul démocratique et fustige ses appels à la foi majoritaire de l’Inde, au détriment d’importantes minorités inquiètes pour leur avenir, dont 210 millions d’Indiens musulmans.

Les mandats de M. Modi ont été marqués par « un modèle de répression visant à saper la démocratie et l’espace civique », a dénoncé mercredi l’association de défense des droits CIVICUS dans un rapport.

Le Congrès a formé une alliance avec plus d’une vingtaine de partis régionaux pour affronter le BJP aux rouages électoraux bien huilés et généreusement financés.

La coalition accuse le gouvernement de M. Modi d’instrumentaliser la justice pour neutraliser certains dirigeants de l’opposition comme le ministre en chef de Delhi Arvind Kejriwal, actuellement en détention.

Sous les mandats de M. Modi, l’Inde est devenue la cinquième économie mondiale devant le Royaume-Uni, l’ancienne puissance coloniale.

Et les pays occidentaux se pressent de courtiser cet allié potentiel pour lutter contre l’affirmation croissante de la Chine, grande rivale dans la région et ce, malgré les avertissements des défenseurs des droits sur le recul de la liberté de la presse.

Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Modi en 2014, l’Inde a perdu 21 places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), se situant au 161e rang sur 180 pays.

@afp

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