GUERRE ISRAËL (NETANYAHU)-HAMAS (HANIYEH) – L’Appel Humain : « Stop ! »

DR JIMMY HARMON

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Face à la guerre entre l’Israël de Benjamin Netanyahu et le Hamas de Ismail Haniyeh du Qatar, l’appel au niveau international devient persistant : « cessez-le feu ! », « stop ! », « arrêtez le massacre des civils, des enfants ». Les mouvements de protestation de différentes tendances se sont manifestés à Maurice pour dénoncer la situation actuelle. L’État mauricien s’est aussi prononcé contre cette guerre aux Nations Unies et a rappelé la position de Maurice sur la question palestinienne depuis notre indépendance. L’appel actuel est foncièrement un appel de tout être humain. Netanyahu a franchi une ligne inacceptable.

Aucun humain ne peut accepter une telle escalade de la violence organisée par un homme d’État.  La coordonnatrice humanitaire des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés, Lynn Hastings, a annoncé que, depuis le 7 octobre dernier, 1,5 million de Palestiniens ont été déplacés dans la bande de Gaza (Press Briefs, 23 décembre 2023). Les derniers chiffres donnent au moins 31 272 personnes tuées, en majorité des femmes, enfants et adolescents, dans la bande de Gaza.  C’est pourquoi la récrimination doit continuer jusqu’au cessez-le feu et l’instauration du dialogue. Au-delà des complexités politiques qui sous-tendent le conflit Israël-Palestine et des divergences sur « la question palestinienne » elle-même, le Pape François nous permet de nous rallier à cet appel humain.

De la Place Saint-Pierre à l’Angélus

Dans son traditionnel discours Urbi et orbi, lundi 25 décembre à Rome, devant plusieurs milliers de pèlerins réunis sur la place Saint-Pierre, le Pape Francois dit ceci : « Je porte dans mon cœur la douleur pour les victimes de l’odieuse attaque du 7 octobre dernier et je renouvelle un appel pressant pour la libération de ceux qui sont encore retenus en otage […]Je demande que cessent les opérations militaires, avec leur effroyable suite de victimes civiles innocentes, et que l’on remédie à la situation humanitaire désespérée en œuvrant à l’arrivée de l’aide humanitaire ».

La veille, dans son homélie prononcée lors de la messe de Noël en la Basilique Saint-Pierre, le souverain pontife déplorait déjà « le fracas des armes » dans la bande de Gaza qui a terni les célébrations à Bethléem – où, selon la tradition, est né Jésus-Christ –, en Cisjordanie occupée. Sur le long terme, le souverain pontife a appelé à « résoudre la question palestinienne, à travers un dialogue sincère et persévérant entre les parties, soutenu par une forte volonté politique et par l’appui de la communauté internationale ».

Dans sa prière hebdomadaire de l’Angélus récemment, le Pape Francois réitère l’appel en ces termes :  « Je porte dans mon cœur la souffrance des peuples de Palestine et d’Israël », a déclaré le souverain pontife « […] Est-ce vraiment ainsi que nous envisageons de construire un monde meilleur ? Stop, ça suffit ». Le chef de l’Église catholique romaine a également réitéré son souhait de voir la libération des prisonniers et l’augmentation de l’aide humanitaire destinée à la bande de Gaza.

Sauvegarde de toute vie humaine

Le mardi 5 mars 2024, ce sont aux responsables religieux chrétiens de France de lancer le même appel. Les présidents de la fédération protestante de France, le pasteur Christian Krieger, de la conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et de l’assemblée des évêques orthodoxes de France, Mgr Dimitrios, réclament trois choses. Tout d’abord, « un cessez-le-feu immédiat pour assurer l’acheminement d’une aide humanitaire indispensable, en premier lieu les soins médicaux, la nourriture et l’eau »; ensuite « la libération immédiate de tous les otages » retenus par le Hamas depuis le 7 octobre dernier; et enfin, l’ouverture, « par le dialogue », d’« une nouvelle voie politique vers une paix durable », avec en ligne de mire « une solution viable à deux États » et le début d’un travail sur « la guérison des mémoires de tous les habitants de la région ».  Protestants, catholiques et orthodoxes se disent « solidaires » de toutes les victimes du conflit, civils comme soldats qui porteront « les conséquences des actions qu’ils doivent mener » et disent souffrir « de la désespérante situation » que connaissent les deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza. Ils insistent sur le fait que la restriction d’accès aux soins médicaux, à l’eau et à la nourriture est « fondamentalement inhumaine ».  Les responsables chrétiens ont condamné l’attaque du Hamas du 7 octobre et exprimé leur solidarité avec les Israéliens, mais font ressortir que Netanyahu fait de même après « la tuerie de plus d’une centaine de Gazaouis affamés » le 29 février. Quant à la question politique, les responsables déclarent que « les objectifs militaires et les intérêts politiques poursuivis ne peuvent négliger la priorité que revêt la sauvegarde de toute vie humaine. Nous réprouvons les actes de violence qui exacerbent la souffrance humaine et empêchent l’émergence d’une paix durable ».

Chrétiens Palestiniens

Rappelons que les chrétiens qui vivent en Palestine et en Israël sont au nombre de 175,000. Ils représentent 2,3 pour cent de la population arabe et juive dans son ensemble. Les chrétiens forment 8,0 et 0,7 pour cent respectivement des quelque 3,9 millions de Palestiniens qui vivent en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Il est difficile de dissocier le destin des chrétiens de celui du reste de la population palestinienne. Le conflit israélo-palestinien affecte la population dans son ensemble, avec l’expérience de la perte de la terre, de la dispersion et de l’occupation. Deux des plus grandes organisations palestiniennes ont été fondées par des chrétiens (le Front populaire de libération de la Palestine, FPLP, par George Habache et le Front démocratique de libération de la Palestine, FDLP, par Nayef Hawatmeh). Cependant, au fil des décennies, l’influence grandissante des organisations islamistes, le Jihad islamique et le Hamas est venue compliquée la situation. Ces organisations sont devenues une alternative au nationalisme arabe qui a échoué à réaliser les aspirations du peuple. Le succès retentissant du Hamas en 2006 en est une preuve, avec la lutte ouverte contre le Fatah. Les factions au sein de l’OLP du temps de Yasser Arafat présageaient déjà des difficultés. Ces conflits internes ont en effet mis en évidence des divisions de la classe politique. Alors, verra-t-on un repositionnement obligé de la classe politique palestinienne et israélienne face aux dérives de Netanyahu ?

Références

https://www.vaticannews.va/en.html

Isibouts, Jean Pierre, In the footsteps of Jesus, A chronicle of his life and the origins of Christianity. 2nd Ed. National Geographic. 2017.

Sossie, Andezian, « Palestiniens chrétiens et construction nationale ». Confluences Méditerranée, 2008. Pp.59-71.

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