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Au moins 24 morts dans un nouveau drame de la migration au Sénégal

Un nouveau drame de l’émigration clandestine à destination de l’Europe a fait au moins 24 morts en mer dans le nord du Sénégal, selon un bilan actualisé communiqué jeudi à l’AFP par le gouverneur de la région de Saint-Louis.

Alioune Badara Samb, joint par téléphone, a indiqué que 24 corps avaient été récupérés depuis mercredi après le naufrage de leur embarcation. Par ailleurs, 21 personnes ont été secourues, a-t-il dit.

Il ne s’est pas prononcé sur le nombre de disparus. Des témoignages ont fait état de la présence de 200, voire plus de 300 personnes dans le bateau, mais le gouverneur a incité à la prudence devant ces chiffres.

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L’embarcation s’est retrouvée en perdition à quelques centaines de mètres du rivage, dans un secteur vaseux. Un certain nombre d’occupants qui ont survécu se sont dispersés dans la foule sur la rive, ce qui complique toute comptabilité, a-t-il dit.

Le trait de côte peut être particulièrement dangereux en raison des flux marins et de la nature du fond.

Un dispositif de veille a été mis en place sur la côte, a dit le gouverneur.

Mamady Dianfo, originaire de Casamance (au sud, à l’autre bout du pays), a parlé mercredi soir de plus de 300 occupants quand le bateau a quitté les côtes sénégalaises il y a une semaine. Un autre survivant, Alpha Baldé, a évoqué plus de 200 occupants.

Mamady Dianfo a raconté que le bateau était arrivé au Maroc. Là, « le capitaine nous a dit qu’il était perdu et ne pouvait plus continuer le voyage. On lui a demandé de nous ramener au Sénégal », a-t-il relaté.

Le drame est survenu à l’embouchure de Saint-Louis, notoirement dangereuse, a-t-il déclaré.

Flot de départs

Selon le gouverneur, le bateau pourrait être parti de Joal-Fadiouth, à quelques centaines de kilomètres plus au sud.

Le président Macky Sall a exprimé sa « profonde tristesse » sur les réseaux sociaux. Les autorités « sont mobilisées pour apporter soutien et assistance » aux proches des victimes, a-t-il dit.

Le Sénégal fait face depuis des années à un flot de départs à destination des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée de l’Europe, via la route maritime particulièrement mortifère de l’Atlantique, au large des côtes ouest-africaines.

Des milliers de Sénégalais fuyant la pauvreté, le chômage ou l’absence de perspectives d’avenir selon eux se sont embarqués clandestinement contre une certaine somme d’argent sur des pirogues en bois qui peuvent atteindre une vingtaine de mètres et transporter des dizaines de passagers.

Ils versent quelques centaines de milliers de francs CFA (1.000 FCFA = 1,5 EUR) à un passeur et défient les dangers d’une traversée d’environ 1.500 kilomètres pour atteindre les Canaries au bout de sept ou dix jours de navigation.

Fin 2023, il ne passait quasiment pas un jour sans que ne soit rapporté au Sénégal une arrivée aux Canaries, une interception, ou un naufrage.

Selon Frontex, l’agence exerçant le contrôle des frontières européennes, les migrants provenant du Sénégal sont, avec ceux du Maroc, les plus nombreux à arriver aux Canaries.

Le nombre de migrants ayant débarqué en 2023 aux Canaries a triplé en un an pour atteindre le chiffre record de 39.910, selon le gouvernement espagnol.

Sur les plus de 6.600 migrants qui sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, l’immense majorité ont péri sur la route atlantique, dit un récent rapport de l’ONG espagnole Caminando Fronteras.

Le président Sall a ordonné en novembre des mesures d’urgence pour endiguer ce flux en pleine expansion.

 

© Agence France-Presse

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