Est-ce légal de mettre quelqu’un à l’écart du poste qui lui a été confié sans pour autant lui donner la chance de se défendre ? C’est la question que nous avons posé, dimanche dernier, dans notre rubrique “Points Chauds” au sujet de l’entraîneur Bruno Julie. Cela, après que l’Association mauricienne de boxe (AMB) l’eut mis à l’écart de la sélection nationale depuis le 18 septembre, donc près de cinq mois, pour avoir participé, en tant qu’entraîneur à des soirées de boxe professionnelle. Même que le seul médaillé olympique (bronze en 2008 en Chine) a porté plainte au ministère du Travail, mercredi.
Cette nouvelle démarche de Bruno Julie fait suite à la décision de l’AMB de le priver de ses allocations comme entraîneur de la sélection nationale depuis septembre. « C’est certes une allocation que je perçois, mais le fait est que l’AMB ne peut décider de couper mes vivres, alors que je n’ai pas eu l’opportunité de m’expliquer. Je considère donc cette situation d’injuste, d’autant que certains ne devraient pas oublier que cet argent est celui du ministère des Sports », déclare-t-il.
Bruno Julie rappelle d’ailleurs que dans la correspondance qui lui avait été adressée le 18 septembre, l’AMB avait bien précisé: « Veuillez noter que vous serez convoqué très prochainement par le comité directeur exécutif de l’Association Mauricienne de Boxe afin de vous faire part de notre position. » Depuis, c’est silence radio, si ce n’est cette déclaration de presse, fin 2023, du président de l’AMB, Pascal Telvar, qui avait précisé que les procédures étaient en cours. Sauf que, depuis, Bruno Julie n’a jamais été convoqué. « C’est justement cela qui me révolte. Est-ce normal et surtout légal qu’une association met quelqu’un à l’écart sans qu’il bénéficie de ce droit démocratique de se défendre ? », s’indigne Bruno Julie.
Selon lui, une plainte a déjà été enregistrée auprès du ministère du Travail. « C’était mercredi et on m’a promis qu’une enquête sera menée. Donc, j’attends, d’autant que j’estime qu’on ne peut me pénaliser doublement en me privant de cette allocation », déplore-t-il. Du reste, Bruno Julie a, une fois encore, écrit au ministre des Sports, Stephan Toussaint, mardi pour lui demander d’intervenir après avoir été privé de ses droits pendant près de cinq mois. Cela, compte tenu de ce qui est dit dans le “Employment Rights Act RIGHTS ACT Act 33 of 2008 – 2 February 2009” section 38 (Protection against termination of agreement).
Cette correspondance est également signée de trois juge-arbitres internationaux (une étoile) pour que leurs droits soient aussi rétablis. Vishale Cannoo, Chanradeo Jeebun et Stephano Hellene contestent eux, le fait de n’avoir reçu aucune convocation pour arbitrer ces derniers temps, estimant être pénalisés en raison de leur participation à la boxe professionnelle, tout comme Bruno Julie. Alors que, précisent-ils, dans la lettre, les règlements de l’International Boxing Association les autorisent à officier en boxe amateur comme chez les professionnels. Ces derniers espèrent que Stephan Toussaint réagira promptement pour faire enfin bouger les choses.
Ce qui est certain, c’est que l’AMB a failli sur ce dossier, plus particulièrement sur celui de Bruno Julie. Car légalement, on ne peut mettre quelqu’un à l’écart sans lui donner la chance de se défendre. Au cas contraire, toute personne que la police estime coupable sera condamnée sans même passer par une Cour de justice ! À l’AMB d’assumer ses responsabilités, mais aussi au ministre d’en faire de même, pour faire respecter les fondamentaux.