La proclamation des résultats du HSC, marquée par tout le folklore incontournable autour des lauréats, a inévitablement ramené sur le tapis le débat sur notre politique en matière d’éducation. Avec l’accent sur le cycle secondaire, et donc la nécessité de conserver le système des lauréats ou de passer à autre chose.
Les temps ont changé, la donne encore plus, évidemment. Avec toujours plus de recalés qui se retrouvent à la rue et sans repères, proies faciles des marchands de la mort que sont les trafiquants de drogue et autres oiseaux de mauvais augure qui entretiennent vicieusement les fléaux sociaux comme l’alcool, la prostitution et le vol, entre autres, doit-on sincèrement persister et faire perdurer le schéma actuel ? Uniquement pour satisfaire quelques “happy few” ? N’est-il pas temps de revoir tout cela et de venir avec un projet d’éducation où les chances seraient mieux réparties ? Où la grande majorité de nos enfants trouveraient des avenues adéquates pour conjuguer développement humain, académique et/ou technique, voire semi-professionnel ? Pourtant, diront les plus cyniques, à voir la réforme apportée par l’équipe de Leela Devi Dookun au cycle primaire, et le niveau d’éducation qui va en s’aggravant, l’on est plus tenté de laisser les choses telles quelles !
Avec les 56 ans de l’indépendance et en cette année électorale, ne devrait-on pas s’atteler sérieusement à une étude complète et solide de l’état de notre éducation nationale ? S’il y a besoin de conserver une certaine forme d’élitisme, qu’il ne soit pas au détriment de ceux qui n’ont pas les mêmes chances dès le départ de la course !
Nos enfants méritent définitivement mieux que de trimer des heures, des semaines et des années, au prix de leur innocence et leur insouciance, pour une “rat race” obsolète et sans grande gratification. Un projet éducatif basé sur l’épanouissement humain qui se ferait en adéquation avec son apprentissage académique ou semi-professionnel devrait permettre à nos jeunes de souffler et de vivre mieux.
Et bien sûr, si c’est pour, au final, après des années de sacrifices et de dur labeur, découvrir que leurs aspirations et opportunités de travail ne leur seront pas accessibles, car ils ne sont pas nés du bon côté de la barrière, n’étant pas dans les bons papiers des petits princes du jour, l’exode de nos meilleures méninges ne s’arrêtera pas de sitôt ! La caricature de notre collègue Deven T. sur ce sujet cette semaine rafle la distinction ultime. L’on dit qu’une image vaut souvent plus que mille mots. Cela s’est prouvé une fois de plus !
Armés de leur fraîcheur et dotés d’une belle spontanéité, les lauréats de la présente cuvée ont quasiment tous, dans un grand élan de patriotisme, déclaré qu’ils rentreraient au bercail « servir notre patrie ». Combien se mordront la langue et changeront d’avis d’ici quelques années si rien n’est fait pour cultiver et faire triompher une réelle méritocratie ?
Sur un autre sujet, l’épidémie de dengue qui frappe l’île ces jours-ci semble bien plus tenace que les précédentes. Les épisodes récurrents de grosses pluies, cyclones et bouleversements climatiques de ces derniers mois n’y sont certes pas étrangers. Néanmoins, doit-on pour autant dédouaner le manque de réactivité et de prévision des autorités, qui auraient dû, dès fin 2023, avec l’identification des premiers cas, accentuer les mesures de précaution et contenir le virus dans les premiers foyers recensés ? N’y a-t-il pas eu laxisme et négligences quelque part ?
Dans le même ordre d’idées, avec la sonnette d’alarme tirée, une prise de conscience collective s’impose. De manière générale, les citoyens s’organisent en s’appliquant à nettoyer leurs cours et se débarrassant des foyers potentiels de moustiques. En revanche, certaines autorités locales ne suivent pas le mouvement. Dans nombre de nos villes autant que nos villages, des Mauriciens se plaignent que les services de voirie ne respectent pas le planning, usent de toutes sortes de prétextes pour ne pas ramasser feuilles, branches et autres déchets naturels, et ne récupèrent que les ordures ménagères.
Il ne faut pas aller plus loin que dans le voisinage du Premier ministre d’ailleurs. Plusieurs quartiers de Vacoas/Phoenix, même les rues adjacentes de l’Angus Road, offrent un spectacle lamentable d’amas de branches et de feuilles pourries qui jonchent les trottoirs et devantures de maisons ! Et c’est ainsi que nous allons combattre la dengue ?
Husna Ramjanally