Huit jours déjà que le cyclone tropical Belal, accompagné d’une énorme et dense masse nuageuse, descendait sur cette partie des Mascareignes. Aujourd’hui, ce phénomène, météorologique, qui a tenu les services météo et la population de La
Réunion et de Maurice en haleine, de par le danger réel qu’elle représentait, est sur le point de se désintégrer dans les mers du Sud de l’océan Indien.
Sans compter que d’autres menaces se précisent déjà à hauteur de la latitude 15° Sud du bassin Sud-Ouest de l’océan Indien. Une façon de dire qu’avec le changement climatique, nous devrons nous attendre à être confrontés de manière répétée à ce que le pays a vécu et subi en moins de six heures. Le plus fort des dégâts du passage de Belal à l’Ouest de Maurice a été ressenti à partir de 11 heures et le retour au calme confirmé à partir de 16 heures.
Encore à hier, le commissaire de police, Anil Kumar Dip, se démenait par le truchement d’un communiqué officiel pour essayer d’établir les faits autour des circonstances du décès des deux victimes de Belal. N’empêche des explications savantes des autorités, les proches pleurent deux Breadwinners, qui étaient partis travailler lundi matin. De par leur devoir sacré de père de famille, ils ont été emportés par les torrents de Belal.
En principe, la polémique suscitée par le slogan Ki Sanla inn fote ? devra reprendre de plus belle avec la décision annoncée des autorités d’instruire un comité disciplinaire à l’encontre du directeur de la Météo, Ram Dhurmea. Déjà, il faut prévoir un déballage de linge sale, relevant du National Crisis Committee, dont la présidence est confiée au vice-Premier ministre et ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo.
Le directeur de la Météo se refuse d’être le bouc-émissaire à l’autel des récriminations populaires contre le désastre des prévisions de Belal. Toutefois, cette instance, instituée avec pour mandat prioritaire d’assurer la protection de la population en cas de catastrophes naturelles, ne comprend pas que le vice-Premier ministre et le directeur de la Météo.
D’autres Top Guns, spécialisés en matière de prévention et de déploiement de logistiques de sécurité, y siègent. Pas seulement pour faire de la figuration. Les séquences de photos-satellites, indiquant l’évolution de Belal, bien avant que le phénomène soit nommé par les services météo de la région océan Indien, ne constituaient pas un argument solide et irréfutable dans la soirée de ce dimanche 14 janvier pour tirer la sonnette d’alarme, que peu importe la trajectoire empruntée le danger de situations de débordements et d’inondations à Maurice était plus que réel.
N’y avait-il pas un seul membre de ce National Crisis Committee qui avait pu attirer l’attention que les Model Forecasts avaient prévu une pluviométrie dans la fourchette de 100 à 200 millimètres, si ce n’est plus, en 24 heures ? Alors que la Météo misait sur une telle pluviométrie pour les 31 jours, soit les 744 heures, de ce mois de janvier.
C’est vrai que tout le monde n’a pas la maîtrise de climatologie, dont fait preuve Vassen Kauppaymuthoo pour décortiquer les éléments constitutifs et déterminants d’un cyclone dans le contexte du réchauffement de la planète. Ou encore trouver la nuance entre le poids à être alloué à l’importance des rafales et au volume de pluies.
Néanmoins, d’abord la logique de la mi-journée du 31 mars 2013 et ensuite de subséquentes inondations catastrophiques qu’a connues le pays auraient dû se présenter comme un Serious Reminder de l’effet dévastateur des torrents d’eau dans des zones à risques.
Le prochain épisode de Ki Sanla Inn Fote ? avec les pluies diluviennes du lundi 15 janvier, apportera-t-il des solutions à ces puissantes et dévastatrices images de l’eau dévalant la rue La Poudrière et ne laissant rien sur son passage ? Ou encore la séquence de cette conductrice assise de manière désespérée sur la portière de sa voiture emportée par les eaux dans cette zone à haut risque.
L’indignation suscitée en haut lieu devant ce qui est présenté comme un manquement professionnel présumé du directeur de la Météo dans un contexte de Jointly and In Solido aura perdu sa valeur faciale, aurait probablement pu faire œuvre utile pour la population. Au lieu d’être perçu comme un règlement de comptes.
Irréfutablement, le quartier partant du cinéma Majestic jusqu’au Port Louis Waterfront, pourtant névralgique aux activités de la capitale ne perdra pas sa réputation de zone à catastrophe en période de pluies. Si les experts, traduisant dans la réalité leurs préoccupations se décident de proposer de mettre un plan d’action pour ce point précis, les drames du 31 mars 2013 et du 15 janvier 2024 n’auront pas servi à rien. Surtout qu’il y a urgence…