PISTES DE LECTURE | Ces perspectives d’autrefois : La pluie à l’île Maurice…

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L’extrait qui suit est issu de l’ouvrage de Marc Herchenroder intitulé La pluie à l’île Maurice, Étude de soixante années d’observation, imprimé en 1935 par The General Printing & Stationery Cy. Ltd.

“Historique. Généralités. Périodicité. « Les premières observations pluviométriques, dont il semble qu’on ait fait état à Maurice, datent de 1853 et se retrouvent dans un communiqué du Dr.Meldrum à la Société Royale de Londres en 1873. Dès cette époque, Meldrum a entrevu des oscillations très nettes dans le régime des pluies à Maurice. Mais l’idée de vouloir apparenter la fréquence des cyclones et, comme conséquence, les pluies avec le cycle d’activité solaire semble avoir à ce point séduit le savant, qu’il a pensé trouver, envers et contre tout, dans ces alternances de sécheresse et d’abondance, de déficit et d’excès relatifs, le synchronisme même avec les maxima et les minima des taches solaires. M.Claxton qui succéda à Meldrum, reprenant l’idée de son prédécesseur, chercha à confirmer ses conclusions.

Outre que ses résultats pour la fréquence des cyclones ne sont pas tout à fait en accord avec ceux de Meldrum, Claxton, après une analyse de l’effet d’activité solaire sur la pression, la température et la pluie, termine par la remarque suivante :

« On voit donc que l’effet de recrudescences des taches solaires, sinon entièrement masqué, est considérablement modifié par d’autres causes périodiques ou apériodiques ». (The Climate of Pamplemousses in the Island of Mauritius, T.F Claxton, p.374)

En fait, cette concordance avec le cycle solaire ne fut jamais définitivement établie pour les cyclones de Maurice; et par ailleurs aucune corrélation semblable ne parait exister soit avec l’activité solaire, ni même entre elles, pour les perturbations tropicales des Antilles, les typhons de la mer de Chine, et les cyclones de la baie du Bengal. Et si, comme il ne parait rester aucun doute, la périodicité dans les pluies de Maurice, trouvée et exposée plus loin, est réelle et n’est pas un fait attribuable simplement au hasard, il sera facile de vérifier s’il existe une corrélation importante entre ces variations et la fréquence cyclonique en adoptant les mêmes périodes trouvées pour la pluie, et en les appliquant à la courbe des fréquences annuelles des cyclones dans le voisinage de Maurice.

Cette répartition a été établie dans la table I.

On ne reconnait dans ces chiffres aucun élément de périodicité permettant de rapprocher les variations observées dans la pluviosité aux occurrences de cyclones.

Par contre, on reconnait que les extrêmes du côté des minima comme des maxima de fréquences cycloniques se rencontrent singulièrement dans les époques correspondantes d’activité solaire, sans toutefois que ces faits suivent une règle absolue. Par exemple, en 1856 on observe deux cyclones ; aucun en 1889 ; un en 1900 et en 1922 ; toutes ces années se plaçant aux environs du minimum du cycle solaire. Mais les années 1867, 1870 avec cinq cyclones et 1911 avec dix cyclones sont formellement en contradiction avec cette règle.

Parmi les maxima on trouve: 9 cyclones en 1860 et 1872 ; 10 en 1894, 8 en 1902. 13 en 1913 et 9 en 1928, ces années étant toutes aux environs des maxima du cycle scolaire. Il est plus juste cependant de remarquer que les statistiques ont porté principalement sur les occurrences de cyclones dans le voisinage de Maurice ; alors qu’il est évident, que pour avoir une idée de l’effet des variations dues à l’activité solaire, il faudrait prendre en considération les cyclones ayant évolué sur l’océan Indien tout entier et même dans les autres parties du globe où les phénomènes semblables se produisent. Mais cette étude sortirait nettement du cadre du présent ouvrage.

Le nombre des cyclones évoluant tous les ans dans nos parages est très variable, comme on peut s’en rendre compte en consultant la courbe de fréquence annuelle reproduite dans la fig. 1.

On n’a pu trouver jusqu’ici des raisons satisfaisantes pour expliquer des variations aussi grandes.

Ce sujet sera repris en détail dans le chapitre des pluies cycloniques.

Nous devons à Meldrum et aux membres de la Société Météorologique de Maurice l’initiative première de l’extension à divers points de l’île, et principalement aux établissements sucriers, des mesures pluviométriques régulières. C’est ainsi que parmi les plus anciennes figurent celles de La Bourdonnais et de Cluny vers 1869 – bien avant la fondation de l’Observatoire actuel des Pamplemousses.

Des observations très soignées, entreprises en même temps sur plusieurs demeures privées, telles que : « Gentilly » (Moka), Salency (Beau-Séjour), « The Manse » (Beau-Bassin); « The Bower » (Moka), Lynnwood (Moka), témoignent de l’activité et de l’enthousiasme des membres de la Société Météorologique à cette époque.

Les établissements sucriers, qui presque tous aujourd’hui tiennent un relevé journalier de la pluie, nous offrent certes une précieuse collaboration dans cette partie ; mais il est regrettable de constater que si d’une part de nombreuses lacunes existent au cours de ces soixante années d’observation, on ne peut d’autre part s’empêcher de penser qu’un certain élément d’incertitude existe dans le parallèle strict des données pour une période aussi longue. Car il est dans les observations pluviométriques un facteur dont on ignore trop souvent l’importance : c’est l’exposition : c’est-à-dire, l’ensemble des conditions dans lesquelles un instrument météorologique doit être installé. Il arrive trop souvent que, soit par déplacement du poste d’observation, soit par un changement des conditions environnantes, l’exposition au bout d’un nombre d’années a changé de manière suffisante pour entraîner une modification de la « normale » de pluie observée pour l’endroit et laisser apparaître des anomalies parfois considérables… ”

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