Océan Indien : Mgr Michel Moura nommé vicaire apostolique à Rodrigues

Le nouveau vicaire apostolique: « Le diocèse de Port-Louis m’a formé et m’a permis d’être ce que je suis »

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Le père Michel Moura, 61 ans, actuellement curé de la paroisse de Saint Esprit, Bel-Air, a été nommé vicaire apostolique de Rodrigues par le pape François. Dans une première déclaration, il a affirmé que toutes ses pensées vont à ses frères et sœurs de Rodrigues. Il a annoncé qu’il sera dans l’île dès aujourd’hui pour une visite d’un jour pour une première série de rencontres.
« Je n’accueille pas cette nomination comme une récompense ou un Achievement personnel. Je suis dans la joie mais ma joie est surtout pour le peuple rodriguais qui a longtemps été dans l’attente d’un pasteur, qui avance avec lui de manière paisible et durable. Je suis extrêmement redevable envers le diocèse de Port-Louis qui m’a vu faire mes premiers pas dans l’Église et dans les paroisses », fait-il ressortir.
« J’ai été ordonné à l’âge de 44 ans et j’ai tout reçu du diocèse de Port Louis, l’amitié des prêtres, le soutien du cardinal Maurice Piat, l’amitié de Mgr Durhône. Le diocèse m’a formé et m’a permis d’être ce que je suis. Je connais un peu Rodrigues pour y avoir travaillé en temps que postier. J’ai aussi été curé à Port-Mathurin et à Baie-aux-Huîtres. J’irai à Rodrigues surtout avec humilité parce que c’est tout autre chose que d’être placé à la tête d’une Église qui a une riche histoire d’homme et de femmes qui vivent pleinement leur solidarité. Il y a tant qui a été fait avant moi et je me joins à cette marche avec le peuple pour me laisser conduire par le seigneur. Il y a la joie, il y a la paix mais aussi le désir d’apprendre et de connaître davantage la réalité de Rodrigues et la place de l’Église dans l’histoire Rodrigues qui a ses propres particularités et spécificité. »


Mgr Durhône : « Mgr Moura, un passionné  »
L’évêque de Port-Louis, Mgr Jean Michaël Durhône, qui a procédé à l’annonce de la nomination de Mgr Michel Moura comme vicaire apostolique de Rodrigues se félicite que « cette nomination est une grande joie pour le diocèse de Port-Louis et pour le vicariat apostolique de Rodrigues. Le peuple rodriguais était dans l’attente durant ce temps de l’Avent, qui est aussi le temps de l’attente de la venue du Seigneur. »
Présentant le nouvel évêque, il a ajouté que « Michel et moi avons fait trois ans de séminaire ensemble (2002-2005). Michel est un homme pratique, terre-à-terre, qui aime la bonne cuisine et qui cuisine très bien. Il est passionné par tout ce qu’il entreprend, passionné par les débats de société, et des fois il s’emballe dans ses réflexions. Il aime se lancer dans des projets, il est curieux. Il a cette sensibilité des îles de l’océan indien, il est proche du peuple de Dieu à qui il veut faire connaître Jésus-Christ. Il aime l’Église. »
Mgr Durhône a rendu un vibrant hommage au père Jean Maurice Labour et le père Luc René pour leur amour pour Rodrigues et leur dévouement à servir le peuple rodriguais.  « Ils ont quitté paroisse et amis pour un temps, pour être aux côtés de nos frères et sœurs de Rodrigues. Qu’ils soient ici remerciés », dira-t-il.
L’évêque de Port-Louis a eu une pensée pour «  tous les fils du sol qui ont accepté les appels successifs qu’ils ont reçus de l’Église pour être au service des hommes et des femmes, du peuple de Dieu, dans les îles de l’océan Indien ou dans notre société mauricienne. Je pense ici à Mgr Denis Wiehé, évêque aux Seychelles pendant 20 ans, Mgr Harel à Rodrigues et ensuite aux Seychelles, le Cardinal Margéot et le Cardial Piat qui ont servi le diocèse de Port-Louis. »
Au sujet des récentes nominations, Mgr Alain Harel aux Seychelles en septembre 2020, Mgr Durhône, en mai dernier, Mgr Chane-Teng à La-Réunion en juillet et Mgr Moura à Rodrigues, l’évêque de Port-Louis affirmera qu’ « une nouvelle dynamique et un nouveau souffle nous sont donnés pour conduire l’Église dans l’océan indien, tout en reconnaissant l’héritage reçu de nos frères évêques, Mgr Aubry, Mgr Harel, Mgr Wiehé, Cardinal Piat et feu Cardinal Margéot. »

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Parcours de Mgr Michel Moura

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Une célébration des îles de l’OI

Né le 28 septembre 1962 à Vacoas, Michel Moura est le septième enfant d’Emilie Louise et de Bénédict Moura, famille composée de neuf enfants – sept garçons et deux filles. À la mort du père en 1974, la famille s’installe à Plaisance, Rose-Hill. Il terminera sa scolarité primaire à la Plaisance Hugnin Government School. Il fera ses études secondaires au lycée Léoville L’Homme pour terminer son HSC en 1982 au Collège Eden.
Mgr Moura évoque ces années de collège comme « la découverte d’un monde dont je ne soupçonnais pas l’existence ». En effet, il est le seul membre de sa famille à poursuivre des études secondaires. Il qualifie cependant ces années de « difficiles » car de nature timide, il hésite à aller vers les autres.
Une histoire de foi
Jusqu’à la première communion et la confirmation, Michel Moura se rend de façon irrégulière à la messe. « La pratique des messes dominicales n’était pas une priorité des parents ; ils se préoccupaient davantage à chercher du travail pour nourrir et vêtir tout le monde », dira-t-il. À l’adolescence, il fait ce qu’il appelle « une petite crise de foi », se révoltant contre tout, contre Dieu qui « laissait mourir, qui laissait la guerre perdurer ».
De 1983 à 1985, période où le taux de chômage battait son plein, Michel Moura parvint à trouver quelques petits boulots : apprenti maçon, charpentier, coupeur de cannes entre autres.
Années « engagement »
De 1983 à 1987, Michel fait un passage à l’Institut pour le Développement et le Progrès (IDP), où accompagné d‘Esham Rahman, Jean-Noël Adolphe et du père Robert Fleurot entre autres, il se forge une identité mauricienne et développe une conscience vive de ses droits et devoirs de citoyen. Cette période est également très importante dans sa vie car il vit une réelle amitié avec des Mauriciens de toutes confessions religieuses. Malgré que l’IDP était un organisme d’église et en dépit de diverses actions entreprises avec Sr Maud Adam et les jeunes de Plaisance-Stanley auprès des victimes de la drogue de la région, Michel Moura campera sur ses positions concernant ses idées sur Dieu.
D’une île à l’autre
De 1985 à 1992, Michel Moura travaille à la Poste. En 1992, il postule pour un emploi de clerc de comptabilité auprès de l’OIDC à Agalega. Sa nouvelle vie à Agalega le transforme. Dans le même temps, il accueille l’invitation que lui font les Agaléens pour participer à la Liturgie de la Parole le dimanche.
Petit à petit, Michel Moura prend goût à l’Evangile. Il est surtout émerveillé « qu’une petite communauté chrétienne maintienne malgré ses très maigres moyens une présence d’église qui fait signe et permette que la foi se vive même en l’absence habituelle de prêtres et de religieuses ».
De retour à Maurice en 1994, il reprend son emploi à la poste et en 1996, il suit la formation Groupe 40 pour acquérir un « bagage religieux » plus solide en vue de retourner à Agalega. Durant ces années, sa manière de se situer dans la foi change radicalement. Il entreprend alors la démarche de découvrir, d’apprendre à connaître et à aimer Dieu.
Michel Moura partira pour Rodrigues en 1997. Là-bas, il prend le temps de prier, de se poser des questions et de faire un temps de discernement avec le père Gérard Mongelard.
À son retour à Maurice, une certitude se fait jour : il ne veut plus faire carrière à la poste et envisage sérieusement de consacrer sa vie au seigneur. Il entre au séminaire à La-Réunion en septembre 2000 pour son premier cycle d’études et en 2002 met le cap pour Nantes pour le deuxième cycle.
En 2004, il se replonge dans la vie de l’église en terre mauricienne, le temps d’un stage à l’église Saint-Sacrement, Cassis. Le 12 juin 2005, Michel Moura est ordonné diacre – ultime étape avant d’être ordonné prêtre – à Luçon, France.

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