Pénurie de main d’oeuvre – Emmanuelle Thérèse : les conditions ne conviennent plus aux nouvelles générations »

Directrice de l’agence marketing Honeyblue, formatrice en marketing digital et mentor de startups, Emmanuelle Thérèse-Pama est une jeune entrepreneure dynamique, très active sur les réseaux sociaux, d’autant qu’elle est spécialisée dans le marketing digital et les réseaux. Doucement mais sûrement, avec un MBA et un PGCE (Post-Graduate Certificate in Education) en poche, elle se fait une place au soleil. Son agence a déjà accompagné 70 clients depuis 2020 et elle a formé plus de 250 professionnels à Maurice et en France dans les métiers du marketing digital et des réseaux sociaux. Créatrice de contenus, elle partage ses astuces pour générer de l’argent en ligne, économiser, investir et lancer son entreprise. Face à la pénurie de main-d’œuvre, cette jeune professionnelle préconise que les entreprises travaillent sur leur propre image afin de mieux séduire les employés potentiels. Elle évoque aussi les attentes de la génération Z.

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La pénurie de main-d’œuvre affecte divers secteurs avec des milliers de postes vacants. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Effectivement, nos clients se plaignent beaucoup depuis l’an dernier, car ils n’arrivent pas à recruter, ni à retenir leurs talents. Nous avons travaillé – et travaillons encore – sur des campagnes de marques employeurs pour créer et diffuser une image positive des entreprises et transformer les talents en ambassadeurs. Ces clients sont surtout dans le domaine du tourisme et des BPOs.
Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui contribuent à ce phénomène, à commencer par un changement de Mindset depuis la pandémie. Certains secteurs, qui auparavant étaient attirants pour les jeunes, ne le sont plus, comme le tourisme notamment. Les professionnels sont en quête d’un équilibre et d’une certaine flexibilité que certains secteurs ont du mal à offrir. Il y a aussi les conditions d’emploi qui ne conviennent plus aux nouvelles générations; la santé mentale et le bien-être semblent être plus importants qu’un salaire.
En outre, les nouveaux métiers dans le digital attirent la génération Z. Il y a aussi le fait qu’une masse de professionnels et de main-d’œuvre se sont envolés pour des pays comme le Canada ou la France cette année, pour beaucoup à cause du climat politique incertain dans le pays et le manque de confiance dans l’avenir du pays.

À votre niveau, comment proposez-vous d’aider les entreprises à attirer, recruter et retenir leurs talents ?
Avec mon agence digitale, Honeyblue, nous sommes sollicités pour mettre en avant les marques employeurs sur les réseaux sociaux. Nous travaillons sur des stratégies de communication pour mettre en avant les avantages de rejoindre ces entreprises, mais nous donnons aussi la parole aux employés à travers des témoignages vidéo.
Nous mettons en avant la culture d’entreprise, la camaraderie et l’esprit d’équipe qui, nous pensons, jouent un grand rôle dans la rétention des talents. L’offre est plus importante que la demande, et il faut savoir se démarquer de la concurrence pour attirer et retenir les meilleurs talents. En tant que formatrice certifiée, j’ai également formé plusieurs personnes dans le recrutement et des Human Resource Executives qui souhaitaient développer une stratégie de recrutement sur les réseaux sociaux.

Quelles sont ses attentes de la génération Z en matière d’emploi ?
J’ai souvent contact avec la Gen-Z à travers mes réseaux sociaux et je trouve qu’ils recherchent tous plus ou moins les mêmes choses : le mode hybride, car la plupart des jeunes qui me contactent cherchent un emploi où c’est possible de travailler de chez soi ou de n’importe où. Ils sont aussi à la recherche d’un environnement positif où ils pourront s’épanouir et prendre des responsabilités. De plus, les nouveaux métiers et les réseaux sociaux font rêver, et beaucoup veulent devenir freelance, créateurs de contenus, Community Manager, Designer, photographe, etc.
Il y a un penchant pour les métiers du digital, qui permettent une liberté géographique, et ce sont des métiers qui se tournent vers le futur. Et cela ne fera que s’amplifier avec l’intelligence artificielle. Les métiers plus traditionnels ne font plus rêver, et comme cette nouvelle génération est ultra-connectée, elle s’inspire de ce qu’elle voit en ligne. Dans ce contexte, le 9-5 job ne fait plus tant rêver, et avec Internet, les opportunités sont tellement énormes que les entreprises locales ont du mal à concurrencer…

Certains métiers vont disparaître, d’autres vont se transformer et de nouveaux métiers vont apparaître. Sans compter l’automatisation, l’intelligence artificielle (IA) et la robotisation, qui vont prendre une place de plus en plus importante dans les entreprises. Comment les jeunes doivent-ils se positionner et envisager leur choix de carrière ?
Il est clair que 2023 est l’année de l’IA et de l’automatisation. Je le vois dans mon domaine, qui est le marketing digital; tous nos outils ont intégré l’IA et nous sommes plus productifs avec le même effectif ! C’est une avancée spectaculaire, et le recrutement est définitivement impacté par cela.
Il y a cette expression qui dit : Adapt or Perish. Je pense que nous sommes dans cette ère. Il faut s’adapter, apprendre les nouveaux outils, développer des compétences professionnelles particulières pour se démarquer et faire carrière. Je pense sincèrement que les chercheurs d’emplois qui veulent réussir doivent se spécialiser dans un domaine en particulier plutôt qu’être des généralistes. Il y a de plus en plus de formations en IA dans les nouveaux métiers tels que le marketing digital, le développement Web et plus encore, et ces domaines recrutent en permanence. Que ce soit en remote, en mode hybride, à plein-temps ou en freelance, ces secteurs ne connaissent pas la crise !
Je pense aussi que les écoles ont un rôle à jouer. Si on continue d’enseigner comme en 2000 et que les matières n’évoluent pas et ne s’adaptent pas au marché actuel, il y a aura un fossé entre les opportunités et les compétences actuelles des jeunes générations.

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