Éducation – nouveaux règlements : parcours du combattant pour l’enregistrement des Managers

  • De nouveaux règlements de la PSEA imposent une série de conditions pour une année avec des propriétaires de collèges privés contraints de recruter des Managers

La Private Secondary Education Authority (PSEA) finalise les procédures pour la rentrée scolaire 2024. Parmi, il y a l’enregistrement des Managers, avec de nouvelles conditions imposées, notamment une limite d’âge à 70 ans et des compétences pédagogiques. Pour certains propriétaires, c’est un casse-tête et certains doivent même recruter. En tout cas, un véritable parcours du combattant.

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Une annonce de recrutement témoigne de la situation critique pour certains collèges privés. En effet, un établissement des hautes Plaines-Wilhems a fait publier un avis de recrutement d’un Manager. Ce qui sonne faux, c’est que généralement, les collèges sont gérés par les propriétaires eux-mêmes. Renseignement pris, ce collège se retrouve contraint de recruter afin de respecter les nouveaux critères imposés par la PSEA.

Le 14 septembre dernier, l’autorité régulatrice a émis une lettre-circulaire à l’effet que les sections 11A, 12 et 13 de l’Education Act ont été amendées. Dorénavant, pour être Manager d’un collège privé, il faudra remplir une fiche dédiée de la PSEA et soumettre une demande d’enregistrement pour une période d’un an. Auparavant, une fois un Manager nommé par la PSEA, il restait en poste, jusqu’à son départ à la retraite.

Avec les nouveaux règlements, il devra faire une demande de renouvellement de son enregistrement annuellement. Au terme des nouvelles dispositions de la loi amendée, la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, peut accepter ou rejeter cette demande de renouvellement. Dépendant si les critères sont respectés ou pas.
Et c’est là où le bât blesse. Comme le fait remarquer un Manager : « nous sommes propriétaires de notre collège, mais ce sont les autorités qui nous disent si nous sommes aptes ou pas à gérer ce qui nous appartient. » Un Manager d’un collège du Sud en a fait l’amère expérience récemment, après le refus de la PSEA de valider son enregistrement. La raison évoquée est qu’il a déjà dépassé la limite d’âge de 70 ans.

Ce dernier, fondateur du collège comptant plus de 50 ans, ne cache pas son désarroi : « je crois que si le collège a tenu pendant toutes ces années et produit de bons résultats, c’est parce que j’ai été un bon Manager. Aujourd’hui, on vient me dire que je ne peux plus gérer mon collège parce que je suis trop âgé », s’indigne-t-il.

Ce qui est aussi surprenant, c’est qu’une correspondance lui a été adressée le 12 décembre dernier – qui a été affranchie le lendemain – et on lui demande de trouver un nouveau Manager au plus tard le… 15 décembre. D’où le casse-tête pour certains.
Un autre critère imposé par la PSEA : il faut s’enregistrer pour un seul collège. Ce qui veut dire que les propriétaires qui ont plusieurs collèges ou plusieurs départements devront également trouver d’autres personnes pour gérer à leur place.

Ces nouveaux règlements viennent ajouter un nouvel élément à la complexité des relations entre la PSEA et les collèges privés, depuis la décision de revoir les formules de Grant. Devant les nouvelles donnes, la Fédération des Managers des collèges privés a soumis une demande de Judicial Review en Cour suprême concernant le Comprehensive Grant Formula 2024-2026. Ils revendiquent une compensation plus équitable et la liberté de gérer leurs collèges.

Ivor Tan Yan (conseiller technique) : Le critère d’âge est un élément de discrimination »

Ivor Tan Yan, juriste de formation, agit comme conseiller technique auprès de la Fédération des Managers des collèges privés. D’après lui, la PSEA ne peut imposer une limite d’âge à un Manager, propriétaire de son collège. « Le critère d’âge est un élément de discrimination et c’est reconnu dans la loi », indique-t-il.
Il fait remarquer que la PSEA impose une limite d’âge aux Managers des collèges privés alors que tel n’est pas le cas pour siéger dans un gouvernement. « Combien de personnes de plus de 70 ans ont dirigé ce pays ou occupé des postes importants ? » se demande-t-il.
Il ajoute que les collèges privés ont été les premiers à donner accès à l’éducation et qu’ils ont contribué à former l’élite du pays.

Arvind Bhojun (UPSEE) : « Certains Managers font la pluie et le beau temps »

Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), se dit en faveur de nouveaux critères imposés aux Managers. Il s’explique : « Certains Managers n’ont aucune connaissance pédagogique ou n’ont jamais travaillé dans un collège. Ils sont là simplement pour des raisons familiales. Cela est au détriment des élèves et du personnel. »

De plus, dit-il, quelques-uns ont des problèmes relationnels. Il cite en exemple la situation au Collège Mauritius à Curepipe, que les autorités ont finalement fini par fermer. « Certains Managers font la pluie et le beau temps. J’espère que maintenant qu’il faudra renouveler la licence tous les ans, ils se comporteront mieux. Et aussi, que la PSEA va appliquer ce règlement comme il le faut et prendre en compte les plaintes des employées. »

Cette situation est d’autant plus complexe si le même Manager gère plusieurs collèges à la fois, ajoute Arvind Bhojun. « Il va recréer les mêmes problèmes partout. C’est pour cela que nous estimons une bonne chose de limiter un Manager à un collège. »

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