Le Financial Crimes Commission Bill – qui a été présenté en première lecture par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à l’Assemblée nationale, mardi – a été condamné avec force par les trois dirigeants de l’Alliance PTr-MMM-PMSD. “ J’espère que les Mauriciens réalisent que c’est un monstre que Pravind Jugnauth veut créer. Avec l’adoption de cette législation ce sera la fin de l’État de droit”, affirme le leader de l’alliance et du parti Travailliste, Navin Ramgoolam.
”Steven Obeegadoo et Ivan Collendavelloo doivent assumer leurs responsabilités devant la nation comme je l’ai fait dans le passé”, ajoute, de son côté, Xavier-Luc Duval. Pour sa part, Paul Bérenger estime que « le FCC Bill est mille fois plus dangereux que le Prevention of Corruption Bill, la loi de l’ICAC”.
Dans les rangs de l’alliance de l’opposition, l’on dénonce le fait que cette législation changera beaucoup de choses. À commencer par les procédures pour les enquêtes qui seront modifiées fondamentalement. Ce sera le cas pour les poursuites au pénal. Il n’y aura plus de vie privée avec cette législation.
« Le gouvernement pourra s’engager dans des écoutes téléphoniques, entrer dans nos ordinateurs, scruter les comptes bancaires. Toutes les données recueillies pourront être utilisées en Cour sans qu’il y a eu aucun contrôle judiciaire. Les enquêteurs de la FCC peuvent entrer chez des avocats et prendre des dossiers concernant la conversation entre un client et son avocat. Tout cela sans que le DPP ait son mot à dire. Le DPP ne pourra intervenir que lorsqu’il y aura une charge formelle », s’insurge-t-on.
Auparavant, les poursuites ne pouvaient être engagées sans l’autorisation du DPP. “La FCC met une Provisional Charge, il mène l’enquête. C’est lorsqu’il y aura une charge formelle que le DPP aura son mot à dire. Le pire est que c’est un nominé politique qui disposera de tous ces pouvoirs. C’est un nominé politique qui aura tous ces pouvoirs. Il pourra poursuivre n’importe quel Mauricien, même les journalistes. Il pourra loger une charge provisoire et procéder à l’arrestation de n’importe qui sans que le DPP ne puisse rien faire jusqu’à la fin de l’enquête. La loi amende la section 72 et donne les pouvoirs d’un DPP au directeur général de la FCC qui est nommé par le Premier ministre », dénonce l’opposition.
Navin Ramgoolam s’appesantit sur le fait que l’élaboration de la Constitution avait fait l’objet des consultations avec les leaders des partis politiques. « Le DPP n’est pas nommé par le Premier ministre mais par la Judicial and Public Service commission. Il est totalement indépendant et son salaire n’est pas décidé à la légère. Cela avait été fait pour protéger tout citoyen mauricien contre l’exécutif et pour préserver les droits fondamentaux. Le pire est que le directeur général de la FCC détiendra des Powers of Arrest. Un autre élément dangereux est l’inclusive surveillance », poursuit-il.
Dans cette perspective, l’alliance de l’opposition a pris la décision de confier ce texte de loi à un panel d’avocats pour se pencher sur les entorses à la Constitution. « Entre-temps, la population doit faire bloc contre ce texte de loi. C’est une législation dangereuse présentée durant la période de fin d’année », dit-il encore.
Pour sa part, Xavier-Luc Duval trouve qu’il y a une atmosphère très lourde dans le pays. « Au lieu de préparer les fêtes de Noël et de fin d’année dans la joie, les Mauriciens se sentent traqués. Les atteintes contre la démocratie ont lieu tous les jours. Il y a une destruction quasi totale de nos institutions indépendantes. L’arbitraire est à son summum. Le seul endroit où on peut voir travailler le gouvernement est à l’Assemblée nationale où il y a un Speaker qui pratique l’arbitraire. Chaque mardi, il avait coutume de dire The nation is watching you. Lorsque je lui ai dit que The Nation is watching you, il considère cela comme une menace. L’Assemblée nationale est une vitrine pour voir comment travaille le gouvernement. La démocratie est bafouée continuellement », déclare-t-il.
En ce qui concerne le Financial Crimes Commission Bill, Xavier-Luc Duval affirme avoir compris le Modus Operandi du gouvernement . « Le Prosecution Commission Bill était arrivé en décembre 2016. Le FCC Bill est présenté également en décembre. Nous souhaitons que tout le monde écoute l’appel de Navin Ramgoolam », fait-il ressortir.
Paul Bérenger a affirmé que la FCC Act sera remplacée par un autre texte de loi avec l’arrivée du nouveau gouvernement au pouvoir.
Reprise des meetings l’année prochaine
Après le renvoi du meeting prévu à Rose-Hill dimanche dernier, l’Alliance PTr-MMM-PMSD compte poursuivre avec l’organisation d’autres rassemblements l’année prochaine, qui devraient déboucher sur l’organisation d’un grand meeting commun le 1er mai à Port-Louis.
Boissons alcoolisées – Ramgoolam : « Jugnauth a un complexe obsessionnel à mon encontre »
Répondant aux critiques formulées contre lui par Pravind Jugnauth, Navin Ramgoolam estime que ce dernier a un complexe obsessionnel à son encontre. « Il sait que la grande majorité des Mauriciens souhaitent son départ et pense qu’à travers les calomnies et les faussetés il empoisonnera l’esprit des gens. Je suis l’homme à abattre. Il oublie que c’est grâce au PTr qu’il a été élu au No 8. Il oublie qu’il avait voulu conclure une alliance avec moi en 2010. À cette époque j’étais bon » a-t-il dit.
Concernant l’achat des boissons alcoolisées, Navin Ramgoolam affirme que Pravind Jugnauth ne dit pas la vérité. « Il affirme que le 26 décembre 2014 j’avais acheté 12 bouteilles de Red Label. Mais ce jour-là c’est son père qui était Premier ministre, pas moi. Les dépenses dont il fait état n’étaient pas pour ma consommation personnelle mais pour les chefs d’État et les fonctions officielles », déclare Navin Ramgoolam, qui révèle que le premier lancement de Metro Express en avril 2017 avait coûté Rs 7,5 millions et le deuxième lancement à peu près Rs 20 millions.
Compensations salariales – Les chiffres de l’inflation sont manipulés
Pour le leader de l’Alliance, les statistiques sont manipulées. Il ne croit pas que l’inflation est à 7% seulement. « J’espère que les travailleurs auront une compensation adéquate », affirme-t-il. Xavier Luc Duval et Paul Bérenger abonderont dans le même sens.
Electoral Boundary Commission – Les partis consulteront leurs députés
Les trois leaders s’étonnent que le rapport de l’Electoral Boundary Commission est revenu au-devant de l’actualité à la veille des élections générales après avoir dormi dans les tiroirs durant trois ans.
Ils ont annoncé que des rencontres sont prévues avec les députés des trois partis respectifs dans les autres circonscriptions et les responsables politiques avant de prendre de décision. Ils reconnaissent que la motion sera adoptée parce que le gouvernement dispose d’une majorité au Parlement.
Extended programme – Un problème sociétal
Pour Xavier-Luc Duval, la question d’Extended Programme concerne au moins 6 200 enfants qui ont échoué aux examens jusqu’à maintenant. « Les parents cherchent par tous les moyens comment sortir de cette situation. Ces enfants ont disparu dans la nature depuis des années. C’est un grand problème pour la société. Voilà que le Speaker arrête la PNQ brutalement alors que 3 000 enfants prendront part aux examens l’année prochaine », dénonce-t-il.