Dans un pays dit démocratique, les valeurs fondamentales que sont la bonne gouvernance et l’équité sont essentielles. Donc, l’opacité et autres passe-droits, susceptibles de nuire à son bon fonctionnement, doivent être combattus dans toute sa rigueur.
Sauf qu’à Maurice, on voit les choses autrement, pour ne pas dire qu’on ferme les yeux sur un certain nombre de cas, afin de ne pas froisser les petits copains. Alors, que, pourtant, on nous casse souvent les oreilles sur les limites à ne pas franchir, mais que certains, en revanche, dépassent allègrement avec la bénédiction de l’autorité !
Les cas recensés au niveau du fonctionnement de certaines fédérations témoignent à quel point il est devenu plus facile de violer les lois que d’être performant sur le terrain. En judo par exemple, il y a des clubs qui sont légalement en phase avec les lois du pays, mais cependant pas reconnus par la Fédération mauricienne de judo (FMJ) !
Nous avons aussi le cas d’une Mauritius Football Association (MFA) dont les règlements ne sont toujours pas officiellement en ligne avec la Registration Act 1978 et forcément pas avec la Sports Act 2016. Et pourtant, cette même association est soutenue à coup de millions de roupies par l’État, contrairement à d’autres qui sont performantes et qui font régulièrement honneur au pays à l’étranger.
Dans l’art de la décadence et réputée aussi pour faire abstraction aux lois, on retrouve l’Association mauricienne de handball (AMH). Si on connaissait jusque-là certains dossiers brûlants, en revanche, ce que nous ignorons, c’est que des décisions seraient prises dans l’illégalité !
Il a donc fallu que Philippe Boudou, président de l’USBBRH, vienne de l’avant avec une série de révélations pour se rendre compte à quel point cette association est en faute. Même qu’il a mis le doigt sur un point ultra-sensible et qui mérite désormais des actions fortes de l’autorité, donc du ministère des Sports.
Désormais, Stephan Toussaint n’a plus aucune échappatoire pour espérer se tirer d’affaire. Contrairement à une récente malheureuse réponse à l’Assemblée nationale, au moment de s’expliquer sur le cas d’indiscipline allégué aux Jeux des Iles à Madagascar…en handball toujours ! On voit mal comment le ministre pourrait ne pas agir compte tenu du fait que certains ont agi dans l’illégalité pour prendre des décisions importantes.
Ce qui se passe depuis quelques années au sein de l’AMH est inacceptable, voire révoltant. Et ça, nous le savons déjà pour les avoir dénoncé en certaines occasions. Sauf que certains ont pris leurs aises et pensent que tout leur est permis, quitte à aller contre l’intérêt de leur discipline et du sport en général. Comment un comité directeur peut-il prendre des décisions alors qu’il n’y a pas de quorum comme l’exige la loi ?
C’est justement ce point crucial qui a été mis en avant par l’USBBRH pour contester, en Cour, la décision de l’AMH de lui avoir privé de sa recrue malgache pendant pratiquement toute une saison. Désormais, le club des villes soeurs cherche réparation et elle a tout à fait raison d’en faire autant en tenant compte des circonstances atténuantes dans lesquelles l’AMH a agi sur ce dossier.
Désormais, l’AMH devra s’expliquer sur une affaire dont elle sera, au départ même, acculé par rapport aux documents troublants, notamment des procès-verbaux prouvant qu’au moins trois réunions se sont tenues sans la majorité requise ! Pire. Le représentant du Curepipe Starlight SC (CSSC) a même participé aux débats où son club était directement impliqué !
A l’ordre du jour: une protestation du club de Plaisance contre la présence d’un entraîneur étranger sur le banc de touche curepipien. Au lieu de trancher dans le plus bref délai, l’AMH a permis au principal concerné de terminer la saison avec le CSSC qui était alors en course avec l’USBBRH pour remporter le titre chez les hommes !
Ce qui est encore plus grave, c’est qu’au lieu d’agir en toute impartialité, les cinq membres présents à cette réunion illégale du 13 novembre ont décidé de franchir les limites de l’acceptable. Savez-vous ce qui a été décidé en lien avec la protestation de Plaisance ce jour-là ?
Et bien, l’AMH avait décidé, tenez-vous bien, d’écrire au Passport & Immigration Office (PIO) pour solliciter un “exemption certificate” en faveur de l’entraîneur étranger, afin qu’il puisse assumer tranquillement ses fonctions ! Au lieu d’assumer ses responsabilités et d’appliquer les règlements, l’AMH les a bafoué.
Ce faisant, également, cette association a indirectement avoué que cet étranger n’avait pas le droit d’entraîner sur le sol mauricien faute d’un permis de travail comme le conteste Plaisance. Sauf qu’à l’AMH, l’impartialité, il semble qu’on ne la connaît pas !
On ne sait donc pas si, depuis, le PIO a été contacté ou pas. Mais ce qui est sûr, c’est que la démarche des quatre membres qui ont cautionné cette décision est déplorable et hautement condamnable. Et pour cela, ces messieurs devront désormais assumer les conséquences et répondre de leurs actes !
JEAN-MICHEL CHELVAN