Hélas, il faut l’accepter. Avec le temps qu’il a fait ce premier week-end de décembre, d’habitude très sec en attendant les premières pluies d’été, il n’y a pas plus intraitable que le temps. Tou plan kase. En raison des fortes pluies balayant San get figir les coins et recoins de l’île.
Une façon de reconnaître que le changement climatique, traînant son flot de Mizer Nwar, est bien la réalité du jour pour les habitants de Planète Terre. Peu importe leur lieu d’habitation. Et pourtant, depuis la fin de la semaine dernière, la COP28, se déroulant à Dubaï aux Émirats arabes unis, se présente en théorie comme porteuse d’espoir pour assurer que demain ne soit pas pire qu’aujourd’hui pour l’environnement. Dire global serait un pléonasme. Ce qui se passe dans l’hémisphère Nord a des répercussions quasi directes au Sud du Globe.
Plus de 104 000 participants accrédités à cette grand’messe, pour ne pas dire foire, nécessitant au moins 300 avions à l’aller et 300 autres au retour pour assurer leur déplacement et participation à la COP28. Et le coût environnemental ? L’empreinte carbone de l’aviation civile est implacable.
Pas moins de 140 chefs d’État et de gouvernement se sont succédé à la tribune de ce sommet en faveur de l’environnement en moins de deux jours. Véritable exploit des organisateurs pour faire plaisir à ces Palto Kravat de la scène internationale, de très beaux parleurs avec des traits d’esprit sans pareils…
Le paraître étant plus important que tout autre critère, il ne faut surtout pas froisser leurs susceptibilités. Par contre, les victimes des dramatiques catastrophes naturelles, qu’elles soient celles du récent tremblement de terre à Marrakech au Maroc ou autres inondations et sécheresse, sont classées dans les colonnes de profits et pertes.
À ce ballet plus que diplomatique est venue se greffer une succession de chiffres, frisant la folie. Applaudissements pour les Émirats arabes unis, avec son Pledge dès l’ouverture de la conférence en faveur d’un fonds géant privé de 300 milliards de dollars pour assurer la transition climatique.
Comme lors d’une partie de poker planétaire, nullement menteur, les autres puissances ont fait également claquer leurs centaines de millions de dollars sur la table de la 28e conférence des Nations unies sur le changement climatique. Mais en fin de compte, il n’y a ni vainqueurs ni vaincus. Le temps est intraitable. Il traite chaque habitant de la Planète Terre de la même façon.
Pour ne pas être en reste, la République de Maurice s’est également présentée à la COP28 avec ses milliards. Mais dans un autre registre. Le coût de la transition écologique au titre des Nationally Determined Contributions (NCD) est estimé à quelque Rs 300 milliards (6,5 milliards de dollars) sur cinq ans. À juste titre, ce chiffre représente 50 % du Produit intérieur brut, indicateur si cher au Grand Argentier.
Mais ces centaines de milliards alignés à Dubaï ne semblent avoir aucun effet sur les effets de serre avec le réchauffement de la planète. Tout comme les multiples appels de bon sens pour que l’échec du G20 en Inde en matière de non-prolifération des énergies fossiles ne se répète à la COP28.
Attention, les composantes du Green Deal (Pacte Vert) de l’Union européenne, dont l’ambition déclarée est de parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050, soit en 25 ans, ramène à une réalité plus pointue et ciblée. Non seulement en Europe mais aussi pour les partenaires économiques du bloc européen, dont la République de Maurice.
Diplomate de carrière, Florence Van Houtte de la Délégation de l’Union européenne, met l’accent sur le fait que le Green Deal place résolument la balle dans les pieds des opérateurs économiques car il y va de leur gagne-pain d’aujourd’hui et de demain, reléguant à l’arrière-plan la rhétorique des politiques. Le bilan de réalisation des 28 COP s’avère être des plus maigres en dépit du volume de Soundbites politiques.
Mais l’avertissement du Green Deal européen est sans frais : « cette politique européenne aura bientôt un impact international dans la mesure où l’économie est mondialisée et, donc, ce qui est requis sur le marché européen s’applique également à tout ce qui est importé sur le marché européen. » Aucun secteur n’y échappera.
Le Set Menu des mesures à entériner est connu des opérateurs économiques pour se conformer aux directives du Green Deal, récusant le concept de barrières non-tarifaires. La feuille de route a été établie avec les organismes phares du privé. Et cela, contrairement à la mise à exécution des décisions politiques sujette à la tendance de Moving Goalposts.
Fidèle à sa pratique générale de dialogue avec le gouvernement et le secteur privé, l’Union européenne peut bénéficier de dividendes accrus en embrigadant la société civile car la protection de l’environnement est de manière intraitable une affaire de tous…