Sans foi, ni loi

Un entrefilet dans Le Mauricien sous le titre “Forcée de donner de l’argent à ses fils toxicomanes” atteste d’un énième drame familial. Une mère de 69 ans, contrainte de remettre sa pension à non pas un, mais à ses deux fils, tous deux toxicomanes. Esclaves de ces produits aux compositions, qui diffèrent selon les dealers, et qui poussent ceux qui les consomment à commettre des actes innommables. Comme de s’en prendre physiquement à leur propre maman !
Ces deux hommes sont âgés de 29 et 39 ans. Un âge où, normalement, ils auraient dû être pris dans la spirale entre les pressions du monde professionnel, à se démener pour prendre soin de leur mère et à subvenir aux besoins de leur foyer, avec épouse et enfants. Au lieu de cela, ces deux hommes ont été dénoncés par leur propre génitrice, celle-là même qui les a portés neuf mois durant, chacun, avec le lot de souffrances et de difficultés, et qui les a mis au monde. Imaginez l’horreur et l’indicible douleur de cette maman pour qui ses deux fils étaient des princes et qui se sont transformés en son pire cauchemar. Ce drame n’est ni isolé, ni encore moins anecdotique. C’est même la réalité quotidienne de nombreuses familles mauriciennes.
Malgré tout l’armada de moyens déployés par Pravind Jugnauth et ses fidèles lieutenants, tous les efforts mis en place pour réprimer le trafic de drogue, ces produits multiplient les ravages sur autant d’adultes que de jeunes, d’hommes et de femmes. Chaque jour qui passe, une nouvelle famille s’effondre sous le poids insoutenable de la déchirure. D’enfants, fils comme filles – il n’y a plus de distinction –, qui ne jurent que par leur came, et en font voir de toutes les couleurs à leurs parents. Menaces, cris, coups… tout est permis. Une génération de toxicomanes sans foi ni loi.
Les Mauriciens engagés activement contre ces fléaux sont unanimes : la bataille contre la drogue est perdue. Mais la guerre pour protéger nos enfants, elle, ne l’est pas. Alors, que faisons-nous ? Attendons-nous que tous nos jeunes deviennent des zombies sous prétexte que des enquêteurs sous le gouvernement Jugnauth multiplient les saisies ? Celles-ci ne freinent pas la consommation : les cargos continuent d’inonder le pays. Il faut croire que la demande est bien conséquente ! Les marchands de la mort ne sont pas prêts de pointer au chômage.
Aussi, quand Pravind Jugnauth se bombe le torse et se la joue superhéros (comme pour la journée des victimes de féminicides), nous ne sommes pas dupes. Le Drug Users Administrative Panel (DUAP), une recommandation de la Commission d’enquête sur la drogue, présidée par Paul Lam Shang Leen, viendra partiellement décongestionner les prisons. D’autres moyens ne pourraient-ils pas être mis en place dans le même sillage ? Comme l’élaboration et la mise en application d’une campagne nationale soutenue de prévention qui s’étalerait dans la durée ? Qui démarrerait à la petite enfance, dans la communauté comme à l’école, et s’étendrait dans le Workplace. Assurant de ce fait une sensibilisation et une familiarisation de toute la cellule familiale à la problématique ? Les solutions existent et sont là. Reste la volonté.
Sans foi ni loi, ce sont aussi ces conducteurs, ou plutôt devrait-on dire ces écervelés de la route, qui n’en font qu’à leur tête et sèment la mort sur leur passage ! Deux jeunes policiers sont tombés, allongeant le taux déjà très lourd de victimes des accidents de la route. Ni les vieilles personnes ni les enfants ne sont épargnés. Quand ce gouvernement se rendra-t-il compte qu’il est plus qu’urgent de rétablir un système comme celui du permis à points, avec la menace de suspension permanente du permis, pour que ces tueurs arrêtent de sévir ? Ce n’est qu’en brandissant une réelle menace que ces criminels en puissance y réfléchiront à deux fois avant de tourner la clé de leur véhicule.
La barre des 120 morts sera hélas très probablement dépassée d’ici le 31 décembre. Autant de familles meurtries à jamais. 2023 sera une des années les plus accablantes. Encore une fois, les solutions et les moyens existent. Ne reste plus que la volonté.
Sans foi ni loi, ce sont aussi ces tirs et ces bombes qui ont repris entre Israël et le Hamas. La trêve a volé en éclats et la guerre a repris ses droits…

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Husna Ramjanally

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