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Assemblée Nationale – 14e mois : mano-à-mano XLD/Callichurn arbitré par le Speaker

  • Le leader de l’opposition : « Avec Covid, la moyenne de hausse de prix des commodités de base a été de 50%  et il est temps de compenser maintenant cette perte du pouvoir »
  • Le ministre du Travail : « Le rapport sur la révision du National Minimum Wage sera soumis à la fin de ce mois, et le gouvernement décidera »
  • PMQT : Joanne Tour cède son tour à Abbas-Mamode pour ouvrir la porte au jugement en appel du Privy Council sur la pétition électorale au No 8

La demande du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, au sujet du paiement d’un 14e mois cette année pour compenser la perte du pouvoir d’achat des salariés avec les séquelles de la pandémie du Covid-19, a donné lieu à un mano-à-mano avec le ministre du Travail et des Relations industrielles, Soodesh Callichurn. Ces échanges ont été systématiquement ponctués par des interventions du Speaker, Sooroojdev Phokeer, réclamant « Question ! Question ! Question ! No Statement. » Visiblement irrité par ces interruptions, Xavier-Luc Duval devait hausser le ton : « This is the first time that I see such a Question Time ».

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Sur fond de la teneur de la Private Notice Question (PNQ), au sujet du paiement du 14e mois et d’un mécanisme d’aide pour soutenir les employeurs en difficultés, le leader de l’opposition a tenu à faire la différence avec le paiement d’un 14e mois et le quantum de la compensation salariale. Le premier est pour compenser la perte du pouvoir d’achat avec la hausse moyenne de 50% sur les prix des commodités de base depuis la pandémie de Covid-19 et le second pour le coût de la vie en anticipation pour 2024. Il a aussi cité les résultats d’un sondage à l’effet que 82,4% des salariés affirment que la perte du pouvoir d’achat est la principale appréhension dans la conjoncture tout en dénonçant la politique de la dépréciation de la roupie et du poids de l’imposition fiscale.
De son côté, le ministre du Travail a soutenu que les négociations tripartites ont été convoquées formellement pour le 7 décembre, avec un round préliminaire le 4 en vue de déterminer le quantum de la compensation salariale applicable à compter du 1er janvier prochain. Pour ce qui est du paiement du 14e mois, il soulignera que des consultations avec les partenaires sociaux s’imposent avant toute décision. Mais malgré la pression exercée par le leader de l’opposition à la fin des échanges supplémentaires, le ministre s’est gardé de se prononcer sur ce rendez-vous.
D’autre part, le ministre du Travail a annoncé que le rapport sur la révision du National Minimum Wage sera soumis vers la fin de ce mois, une décision devant être déterminée subséquemment.

Toujours en ce qui concerne le début de la séance, Joanne Tour, Deputy Chief Whip, dont l’interpellation au titre du Prime Minister’s Question Time était en deuxième position, a cédé son tour au Backbencher Salim Abbas Mamode. Cette manœuvre parlementaire aura permis au Leader of the House et Premier ministre, Pravind Jugnauth, de remettre en perspective les attendus du jugement du Judicial Committee of the Privy Council, rejetant la pétition électorale du candidat battu du parti Travailliste, Suren Dayal, à Quartier-Militaire/Moka (No 8).

Dans une réponse liminaire exhaustive, pointant du doigt toute la campagne de l’opposition depuis la proclamation des résultats des élections du 7 novembre 2019, Pravind Jugnauth a mis en avant que « pour faire amende honorable cette même opposition a le devoir de présenter ses excuses au président de l’Electoral Supervisory Commission, au commissaire électoral, aux Returning Officers et à tous les fonctionnaires déployés lors des élections ».
À la fin de l’intervention du Premier ministre, le Speaker n’a pas autorisé d’interpellations supplémentaires même si Xavier-Luc Duval a soutenu qu’il en avait une tout en se demandant « if it’s fair not to have supplementary questions after an answer of thirty minutes ». Malgré tout, Sooroojdev Phokeer n’a pas bronché.

Callichurn (répondant à la PNQ) : Cette interpellation du leader de l’opposition me permet de revenir sur les différentes mesures prises par le gouvernement depuis 2014. La pratique du paiement d’un 13e ou d’un 14e mois varie d’un pays à un autre. Le 13e mois est payable à la fin de l’année et non pour compenser la perte du pouvoir d’achat. (À ce stade, le ministre remonte jusqu’à 1975 avec le bonanza du prix du sucre sur le marché en Europe et les pressions des salariés pour le paiement du boni de fin d’année.) La End of Year Bonus Act fut adoptée au Parlement en 1975. Mais la période allant de 1978 à 1985, considérée comme les années de braise, n’a pas vu de paiement du boni de fin d’année. Ce ne fut qu’en 2001, sous un gouvernement, dirigé par le MSM, que le paiement du boni de fin d’année est devenu une réalité.

Pour ce qui est du paiement du 14e mois, il nous faudra engager des consultations avec les partenaires sociaux pour déterminer la Sustainability. (Le ministre revient sur le Support Programme du Covid-19 avec Rs 21 milliards versées sous forme de salaires pendant 21 mois, soit 5% du PIB et autres soutiens financiers à différents guichets, dont la CSG Income Allowance entre Rs 1 000 et Rs 2 000 dépendant des salaires en faveur de 200 000 employés.)

Les tripartites pour la compensation salariale ont été convoquées pour le 7 décembre, avec une première réunion sous ma présidence le 4. Government will decide on the quantum of compensation. Pour ce qui est de la révision du National Minimum Wage, je peux annoncer que l’instance chargée de cette mission soumettra son rapport à la fin de ce mois avec une décision subséquente du gouvernement.

XLD : Les salariés ont dû faire face à une perte du pouvoir d’achat avec un taux d’inflation de 10% l’année dernière et de 9% cette année. À cela, il faudra ajouter la révision à la hausse des taux d’intérêt et les fortes ponctions fiscales effectuées par la Mauritius Revenue Authority et encore la dépréciation de la roupie de l’ordre de 48%. Est-il conscient qu’un récent sondage indique que 82,4% de la population considère la perte du pouvoir d’achat comme la principale appréhension ? Ce qui justifie le paiement du 14e mois pour compenser les effets de la hausse des prix dans le passé car la compensation salariale est pour l’année prochaine !

Callichurn : J’ai déjà fait état des mesures prises par le gouvernement pour compenser la perte du pouvoir d’achat. Puis-je rappeler qu’en 2007 avec un taux d’inflation de 8,8% et en 2008 avec 9,7%, la compensation payée a été respectivement de Rs 125 seulement et de Rs 400. À cette époque, le taux de croissance était de 10%. En tant que gouvernement assumant ses responsabilités, il nous faut savoir si les entreprises ont la capacité de payer avant de légiférer. Not all employers have the capacity to pay (Interruptions). We just cannot decide without holding compensation…

XLD : Puis-je demander que le ministre ait recours à des réponses plus succinctes… ?
Speaker : You have to shorten the question. Your question is about five lines…

XLD : Pour ceux au bas de l’échelle, la révision du National Minimum Wage constitue une bonne nouvelle. Mais puis-je rappeler au ministre que son patron, le Premier ministre, mon prédécesseur au ministère des Finances, avait accordé en 2010 une compensation de seulement Rs 120. He needs to be careful when he speaks. A-t-il pris connaissance des bilans financiers des compagnies du privé avec des profits en général de l’ordre de Rs 20 milliards, soit une progression de 80% sans compter de 250% par rapport à la période pré-Covid ? Tout cela sur le dos de la politique de la dépréciation de la roupie aux dépens des salariés et consommateurs. Comme il a été également le cas pour le ministre des Finances.
Callichurn : C’est une bonne chose de voir des compagnies profitables. Dans certains cas, ces dernières accordent à leurs employés les 14e et 15e mois de salaires. Pour ce qui est de la compensation salariale accordée par le Premier ministre en tant que ministre des Finances, elle était de Rs 420 avec un taux d’inflation de 2,9%.

I can table that…

XLD : The fact is Rs 120. Je vais rendre public ce détail.
Speaker : Put your question…
XLD : Be patient…
Speaker : Put your question… No comment…
XLD : I have to comment…
Speaker : Ce n’est pas l’heure des débats à la Chambre. It’s Question Time. No statement… I can’t prevent any minister to reply. Il y a les Standing Orders…
XLD : … This is the first time that we have such a Question Time… I do have experience. La MRA a récolté la somme massive supplémentaire de Rs 23 milliards sous forme d’impôts…
Speaker : Put the question…
XLD : I’ll put the question as I see I have to put it. Tout cela a eu pour conséquence que les recettes publiques ont augmenté de Rs 70 milliards alors que les salariés ont été pénalisés avec la perte de pouvoir d’achat. Pense-t-il pouvoir apporter les amendements…?
Speaker : Let the minister answer…
Callichurn : Quand il y a des amendements à la Workers Rights Act, les premières questions de l’opposition sont de savoir s’il y a eu des consultations au préalable ou encore quel sera l’impact de ces mesures. Voyez du côté de Reza Uteem ou de Baloomoody. Je suis clair sur la question, les décisions seront adoptées après consultations.
XLD : Je suis heureux qu’il vienne de l’avant avec les consultations…
Speaker : Put your question…
XLD : Il y a encore les répercussions de la révision à la hausse du taux d’intérêt avec des sommes variant entre Rs 2000 et Rs 4 000 en plus. Il faudra prendre en compte ce facteur, d’où la nécessité d’un 14e mois…
Callichurn : Nous allons tenir compte de ce fait lors des consultations tripartites…
XLD : La compensation est pour l’année prochaine…
Speaker : Question…
XLD : La compensation salariale est pour l’année prochaine. Il faudra voir pour la perte du pouvoir d’achat jusqu’ici.
Le ministre revient sur les mesures, sous forme de CSG Income Allowance et autres allocations versées par le gouvernement, notamment les Rs 1 000 et Rs 2 000. De son côté, le leader de l’opposition avance que la pratique du paiement du 13e mois est une initiative revenant à sir Gaëtan Duval du PMSD en 1975.
XLD : This year is extremely difficult with the depreciation. Quand le ministre se décidera-t-il à engager ces consultations pour le paiement de ce 14e mois?
Devant la réponse du ministre Callichurn, Xavier-Luc Duval rétorquera : « Don’t play on words. I’m only asking when » ?
Callichurn : Quand nous avions décidé d’instituer le National Minimum Wage, qu’avait commenté son boss, le leader du PMSD? Qu’avec le nombre de Stakeholders, ce ne sera pas possible d’ae parvenir une décision. (Le ministre cite des extraits de l’intervention de Paul Bérenger, qui avait trouvé qu’il n’y aura pas de National Minimum Wage.) Un mort-né, avait-il dit. Mais c’est une réalité…
XLD : Le ministre ne fait allusion qu’à de précédentes déclarations…
Speaker : This is not a question… You are doing politics…
XLD : J’ai analysé les hausses de prix depuis le Covid. Cela vous intéressera aussi, Monsieur le Président. Le thon en conserve a augmenté de 67 %. Macaroni de 79% l’huile de Rani de 67%, la pâte de dentifrice Colgate de 43%, la savonnette Palmolive 48% et les Pilchard Tomatoes. C’est ce que consomment les plus pauvres de ce pays de 56%. Les sardines de 57%. Je viens de prendre les produits les plus élémentaires que les gens consomment. Celles-ci ont augmenté en moyenne de 50 % ou plus depuis le Covid et le gouvernement parle de mener des consultations pour voir qui peut ou ne peut pas payer ? Il est temps que le ministre oublie ses amis patrons et pense aux gens qui ont voté pour nous.
Speaker : Do you have a question ?
Callichurn : Nous avons toujours été dans le camp des travailleurs. C’est nous qui avons introduit le Worker’s Rights Act. C’est nous qui avons introduit le PRGF, le National Minimum Wage. Dois-moi rappeler ce que son mentor, le leader de l’opposition, Paul Raymond Bérenger, disait le 26 mai 2016 quand nous tenions des consultations avec les différents Stakeholders pour l’introduction du National Minimum Wage, que les PMEs avaient des problèmes spécifiques et qu’elles seront impactées. Pour le salaire minimum son mentor avait des réserves. Que dira-t-il pour le 14e mois ? We are killing businesses in Mauritius ? Je présume. Il oublie que quand il était dans le gouvernement, quand il était ministre des Finances, des pauvres Cleaners touchaient Rs1500 et maintenant ils perçoivent 10 fois plus.

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