Danny Philippe : (Prévention/DRIP) : « des ados de 10 à 16 ans comme guetteurs ou passeurs »

Un millier d’enfants d’ONG et de fondations différentes du pays étaient réunis au J&J Auditorium de Phoenix lundi. En marge de la Journée mondiale des Droits des Enfants, l’ONG DRIP (Développement, Rassemblement, Information et Prévention) a organisé une journée récréative, dans le but de sensibiliser l’opinion publique et les partenaires qui oeuvrent dans le secteur de la petite enfance sur des sujets très alarmants.

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« Principalement, il est question de l’implication des enfants dans le trafic de drogues, à divers échelons. C’est un cri que nous répétons inlassablement depuis plusieurs années. Et, c’est triste de le constater, de plus en plus d’enfants sont entraînés dans ces réseaux… », déclare Danny Philippe, travailleur social, et chargé de prévention pour DRIP.

« Notre attention a été attirée sur le fait que dans plusieurs régions, et c’est un phénomène qui gagne du terrain, des ados de 10 à 16 ans sont pris pour cible, principalement parce qu’ils sont issus de foyers très vulnérables. Ces enfants sont exploités et monnayent leurs services comme guetteurs ou jockeys », expliquent en substance des travailleurs sociaux rencontrés lors de cette journée d’activités, et engagés aux côtés des enfants. Mais attention, poursuivent-ils, « avec le temps, les paramètres ont changé. Sa bann zenes-la, mem zot ankor bien tann, zot pa inbesil. Ces jeunes monnayent leurs services : ils ne touchent pas aux drogues. Encore heureux, d’ailleurs ! Parce qu’avec le manque d’informations, de formation, d’éducation et de traitement, ce serait la catastrophe si tous ces jeunes consommaient ces produits. Certains le font, cependant, il faut le dire. »

Ces travailleurs sociaux, très actifs sur le terrain dans diverses régions du pays, font ressortir qu’ayant approché des enfants et jeunes, « zot dir nou kareman ki pou zot, seki inportan, se gagn kas! Ces gens qui s’adonnent au trafic savent qu’ils vivent dans des foyers très vulnérables, avec des parents qui peinent à joindre les deux bouts. Ils embrigadent ces enfants, leur font miroiter une vie de luxe, vêtements et chaussures de marque, bijoux, argent pour s’acheter à manger dans des restaurants, aller au supermarché et s’offrir ce qu’ils aiment… Fini aster, zot koumsamem depi zot piti. »

Raison pour laquelle, s’appesantit Danny Philippe, rejoint par Isabelle David, directrice de DRIP, « nous lançons un appel fort aux autorités autant qu’aux parents et à tous ceux concernés : protégez nos enfants. Évitez de les impliquer dans le trafic de drogues. C’est avec leur avenir que nous jouons. »

Isabelle David poursuit : « DRIP est, à ce jour, à Maurice, l’unique ONG qui oeuvre en faveur de la prévention et la protection de la petite enfance. Cela fait des années que nous tirons la sonnette d’alarme et réclamons des autorités qu’un plan, serti d’une campagne soutenue de prévention à tous les niveaux, soit activé afin que tous les partenaires concernés dans ce secteur puissent être mis à profit pour protéger nos enfants, leur permettant un développement sain. Nous sommes les seuls à faire ce plaidoyer et le problème ne fait qu’augmenter. C’est très inquiétant. »

Outre l’importance de protéger les enfants des drogues et des fléaux sociaux les menaçant, DRIP a également évoqué les thématiques de l’accessibilité des enfants à l’éducation, à la santé, à l’exploitation des droits des enfants de par le monde, « que ce soit en Afrique, aussi bien qu’ailleurs dans le monde entier, même à Maurice, où nombre de leurs droits sont quotidiennement bafoués. »

Une marche de conscientisation sur l’aire de stationnement du J&J Auditorium jusqu’à son enceinte, à l’intérieur, a marqué cette journée récréative. Un concert a aussi été offert aux enfants, animé par des vedettes locales dont Laura Beg, The Prophecy, Blakkayo, Clarel Armel et Eric Triton.

DRIP a bénéficié des soutiens de ses partenaires nommément Ichos, Grace Foundation, Jorezbox et TwoGether, entre autres, pour concrétiser ce projet.

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