Maurice a besoin d’espérance

 Et pas que Maurice ! Le monde entier

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Je me promène sur la plage tout en observant autour de moi. Comme souvent, la nature a des choses à nous apprendre et à nous révéler si on y prête attention.

À mes pieds, un coquillage échoué sur le rivage, plus loin une branche tombée de son arbre et, dans les airs, une plume d’oiseau erre à la merci du vent. Une pensée me vient comme un cheveu sur la soupe. Nous faisons tous face, à un moment ou à un autre, à un détachement, un égarement ou un déracinement.

Le passé, le futur et le temps présent sont faits de tout cela, chacun à sa manière. Déracinement, perte de repères ; égarement, perte de valeurs ; détachement, perte du sens de la responsabilité vis-à-vis de notre société.

Alors que le coquillage peut continuer sa route, immobile sur une étagère, la branche peut, elle, alimenter un feu qui réchauffe, quitte à être réduite en cendres. Quant à la plume, elle peut décorer un accessoire de mode oublié dans un tiroir.

Nous, nous ne sommes pas appelés à finir comme de vulgaires objets. Et face à la décadence de notre monde qui virevolte dans tous les sens, sans plus trop savoir où il va et si c’est le bon chemin à emprunter, nous sommes en droit de nous demander où tout cela nous mènera-t-il !

Pour le moment, regardez autour de vous ! Une chose est sûre, il y a beaucoup de gens désespérés, un bon paquet d’événements désespérants et une sacrée dose de désespoir.

Entre un automobiliste qui se permet d’en claquer un autre parce que ce dernier roule trop lentement, le béton qui continue à inonder nos villes, devenant l’ennemi n°1 lors des grosses pluies, les milliards de la CSG engloutis, un serial murderer qui sort de l’ombre, les familles qui luttent toujours face aux différentes crises, deux concerts qui finissent mal en à peine un mois, la politique qui désole, la drogue et ses effets néfastes et destructeurs qui gagne du terrain, le suicide qui guette les jeunes, la pauvreté, les guerres, les morts.

Le monde souffre. Et Maurice n’est pas en reste ! De plus, la morosité ne nous a pas encore complètement lâchés depuis cette histoire de virus et, pour couronner le tout, le sentiment d’insécurité s’accentue et se propage aussi vite et de manière aussi pernicieuse que l’eau qui s’infiltre avec force, comme nous avons pu le voir cette semaine.

Le peuple semble fatigué, “plein”, et ne s’étonne même plus de tout ce qui se passe. Comme l’écrivait saint Augustin : « À force de tout voir, on finit par tout supporter… À force de tout supporter, on finit par tout tolérer… À force de tout tolérer, on finit par tout accepter… À force de tout accepter, on finit par tout approuver ! » C’est malheureux, mais c’est comme cela. Les magouilles et les mauvaises attitudes sont du usual business. Le fatalisme et le défaitisme sont presque devenus des solutions. Se battre oui ! Mais jusqu’à quand ? À quel prix ? Et surtout contre qui. Car lutter avec des gens sensés, qui veulent le meilleur pour le pays, les entreprises et la société, c’est une chose. C’en est une autre lorsqu’il faut faire face à la malveillance, la malhonnêteté, la mauvaise foi, l’argent et le désir du pouvoir et du meilleur que pour soi.

Cela est sans doute une toute petite partie du tableau complet de la situation à Maurice, mais reste représentatif d’un état d’esprit et d’une certaine réalité. Après tous ces scandales qui se sont succédé, où en est-on ? Qu’est-ce qui a changé ? Oui, nous proclamons fièrement vivre dans un petit paradis et voulons la paix. Mais la paix, vraie, durable, n’est possible que lorsque la justice la précède.

Comment vivre dans la sérénité à Maurice lorsque le sentiment d’injustice habite bon nombre de Mauriciens victimes du système, victimes de la pauvreté, victimes tout court !

Je continue cette marche qui fait réfléchir et ramasse un coquillage. Je le mets à mon oreille pour entendre le bruit de la mer. Mais, abrutie que je suis ! Comment espérer entendre le murmure paisible de l’océan dans ce vacarme terrestre ? J’entends plutôt des plaintes et des pleurs résonner comme une alarme.

Ailleurs, j’erre dans une rue en pleine ville et une branche se fracasse à mes pieds, telle une tuile sortie de nulle part, pour me prévenir qu’on ne peut pas toujours prévoir ce qui nous tombe sur la tête.

Je lève les yeux au ciel et un oiseau de mauvais augure plane sur les toits, à la manière d’une épée de Damoclès chancelante pointée sur Maurice. Il rappelle les scandales qui éclatent sans cesse, qui s’éparpillent, transcendent les autorités ou se dissipent dans une quelconque amnésie pour passer les grabuges aux oubliettes. Tout cela a de quoi fâcher les habitants de nou ti zil.

Une question me revient sans arrêt. Ces situations désastreuses, menaçantes ou déstabilisantes, ne cesseront-elles donc jamais ? Il est vrai qu’un nombre trop important de Mauriciens ne s’intéresse même plus à ce qui se passe ici et à ce qui menace leur pays. Mais l’autre partie, celle qui s’offusque, se fait entendre et réagit, en a tellement marre de toutes les patates qui tombent sur nos têtes… Nous ne sommes quand même pas un peuple admirable endormi !

Alors, réveillons-nous, montons sur une tour de garde pour mieux surveiller les alentours et réjouissons-nous, car l’espérance se tient déjà à nos pieds ! Saisissons-la pour en faire une arme de guerre inoffensive mais salutaire. Nous n’allons quand même pas nous laisser abattre par le marasme lorsqu’il nous tient, car au-dessus des nuages, le ciel reste bleu et le soleil continue à briller.

Alors, usons et abusons de cette espérance dont l’île Maurice a tant besoin.

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