Le ministre Vikram Hurdoyal a-t-il induit le parlement en erreur le 24 octobre dernier ? La question se pose eu égard aux réponses du ministre aux questions parlementaires du député du PMSD Khushal Lobine qui avait d’abord sollicité le ministre de l’Agro-Industrie, Vikram Hurdoyal afin de savoir si une enquête a été initiée sur la capture illégale des macaques dans la nature pour les besoins d’exportation, ainsi sur les mesures prises par les autorités.
À cette PQ, le ministre avait répondu que l’exportation des singes est « strictement réglementée tant au niveau local qu’international par les dispositions de la Convention on International Trade of Endangered Species of Flora and Fauna (CITES) – un accord international entre gouvernements visant à réglementer le commerce d’animaux et de plantes sauvages entre les pays et à protéger certaines espèces de la surexploitation ». Il indiquait qu’à ce jour, le National Parks and Conservation Service (NPCS) a délivré, depuis janvier 1988, des permis à six sociétés pour la capture, l’élevage et l’exportation de macaques à longue queue.
S’agissant des mesures qui sont prises par les autorités, le ministre Hurdoyal a répondu que « Mon ministère propose d’élaborer une réglementation pour l’enregistrement des piégeurs sous diverses conditions ainsi que la mise en place de moyens de traçabilité pour tous les pièges impliqués dans de telles activités. J’aurai également bientôt des discussions avec les six sociétés enregistrées et d’autres organismes publics sur les moyens de dissuader le piégeage illégal et le braconnage ».
« Durant le Covid, il y avait des restrictions et nous ne pouvions pas exporter »
C’est à une question supplémentaire du député Khushal Lobine qui voulait savoir pourquoi les chiffres sur le nombre de macaques exportés a doublé au cours des dernières années, et d’autre part, quels sont les outils dont disposent les agents du ministère de l’Agro-Industrie pour garantir que le nombre de macaques à longue queue exportés le soit par des moyens légaux, et non par des moyens illégaux, que le ministre Hurdoyal a donné la réponse qui suscite interrogation et colère auprès des associations de protection de ces singes.
Le ministre Hurdoyal avait répondu que « l’augmentation est due au Covid-19. L’exportation de macaques a été arrêtée et c’est la raison pour laquelle nous avons une augmentation considérable de 6,000, comme vous l’avez dit, à 12,000 aujourd’hui. La raison est que ce nombre a augmenté parce qu’à cette époque, nous avions des restrictions et nous ne pouvions pas exporter. »
Statistics Mauritius semble contredire le ministre
Tout en ajoutant que son ministère est en train d’élaborer des règlements. « Nous proposons une traçabilité très importante pour savoir d’où ces singes ont été piégés et nous discutons également de la possibilité d’avoir, peut-être, un système GPS dans la cage.
Où s’ils se déplacent demain, nous pourrons au moins les reconnaître, retracer où ces cages se déplacent et il sera facile de déterminer s’il s’agit de pièges légaux ou illégaux », avait-il répondu.
Or, à en croire les chiffres de Statistics Mauritius et du Convention on International Trade of Endangered Species of Flora and Fauna (CITES), des singes ont bel et bien été exportés pendant la période du Covid en 2020 et 2021. En effet, Statistics Mauritius indique que pendant le Covid, 10,827 (2020) et 14,639 (2021) singes ont été exportés, contredisant la réponse du ministre.
Par ailleurs le USA FOI Lemis report confirme bien qu’Air France a bien transporté des singes entre 2020 et 2022 vers les Etats-Unis. Air France était le principal transporteur des macaques jusqu’à son arrêt cette année. D’autres compagnies auraient également transporté des singes pendant la période du Covid.
Ces informations contredisent certains aspects de la réponse du ministre et la question se pose si le ministre a oui ou non induit le parlement en erreur. En tout cas des précisions de sa part sont attendues !