Smart Agriculture – Agroécologie : « une transition réalisable »

Dans le cadre de son projet Smart Agriculture, la Chambre d’Agriculture de l’Ile Maurice a organisé un exercice de restitution, marquant la fin de la phase 2 du projet. La présentation d’une demi-journée était centrée sur la restitution des résultats des actions menées pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires chez les 13 planteurs bénéficiaires, depuis 2017.

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La phase 1 du projet a été initiée en 2015 avec le soutien financier de l’Agence Française de Développement et la collaboration du CIRAD de l’île de La Réunion. La phase 2 qui a débuté en 2017, a été financée par le Mauritius Research and Innovation Council (MRIC), l’Union européenne sous l’initiative de financement de l’Alliance Mondiale contre le Changement Climatique avec le soutien technique et scientifique du FAREI et du CIRAD et la mise à disposition de deux Volontaires de Solidarité Internationale (VSI) par Région Réunion. Le projet a également été soutenu par le Human Resource and Development Council (HRDC) qui, sous le Sectoral Skills Development Scheme, a financé des formations capitales pour la communauté des planteurs.

La cartographie

La cartographie, visant à mieux connaître l’utilisation des produits chimiques et avoir une meilleure connaissance de la communauté agricole, a été menée pendant la phase 1 en 2015 par le truchement d’une enquête terrain auprès d’un échantillon de 300 producteurs à travers l’île. Les résultats obtenus ont servi de base à l’élaboration de la phase 2 du projet Smart Agriculture qui a démarré en 2017.

Le projet est centré sur la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. L’objectif est de faire évoluer les pratiques culturales des planteurs en mettant en place des leviers agroécologiques visant à réduire l’utilisation des pesticides de synthèse et leurs impacts négatifs sur l’environnement et d’utiliser les services offerts par la biodiversité fonctionnelle.

L’Indice de Fréquence de Traitement (IFT) représente un indicateur clé du projet. Pour ce faire, un réseau de 13 agriculteurs, comprenant des Corporates et des petits planteurs, a été mis en place. Les agriculteurs ont été formés aux techniques agroécologiques par des organisations locales et internationales afin de renforcer leurs connaissances.

De multiples leviers (paillage, plantes de service, abris physiques, assainissement …) et équipements (broyeur, filets à insectes, sarcleuse) ont été expérimentés au sein des exploitations suivies. Des visites de terrain et des réunions fréquentes ont été organisées pour favoriser l’échange d’expériences.

Entre 2020 et 2022, sur les 13 exploitations suivies par l’équipe projet, tous pesticides confondus, une réduction moyenne de l’utilisation de 57% a été observée sur 7 cultures. Les IFT pour la laitue, le chou et la pomme d’amour ont diminué de 90% et 78%, et 47% respectivement.

Concernant l’aspect économique, la marge brute annuelle moyenne des bénéficiaires a plus que doublé entre 2020 et 2022, passant de Rs 148,000 par arpent à Rs 353,000 par arpent.

Les cahiers de suivi remplis par les agriculteurs ont permis de produire des références économiques et techniques utiles pour les partages d’expérience. Les performances économiques (rendements totaux et commercialisés, prix de vente en tenant en compte les coûts divers et variés des semences, pesticides, engrais, carburants, et des salaires de la main d’œuvre) pour 29 légumes issus de systèmes de cultures maraîchères aux pratiques raisonnées ont été évaluées. En moyenne, les parcelles dédiées au projet s’étendent sur 4.4 arpents (minimum = 0.25 arpent, maximum = 26 arpents).

Jacqueline Sauzier, SG  de la Chambre d’Agriculture : « La transition agroécologique possible.»

Passant en revue les différentes étapes du projet de Smart Agriculture, la secrétaire générale de la Chambre d’Agriculture, Jacqueline Sauzier, ne rate pas de situer le contexte avec la pandémie du Covid-10 9 et les deux périodes de confinement. Ces facteurs hors de tout contrôle ont complètement bouleversé le calendrier des actions auprès des bénéficiaires et ont aussi changé le paysage agricole mauricien.

« Ces changements nous ont bousculés et nous avons été forcés de remettre en question notre manière d’opérer et surtout, nous nous sommes sentis comme dans le besoin, de répondre au plus vite aux questions pressantes sur la transition agroécologique », déclare Jacqueline Sauzier tout en précisant qye que trois piliers ont contribués à la réussite de ce projet.

Ainsi, elle cite en priorité des partenaires techniques et scientifiques, assurant le monitoring sur le terrain, des bailleurs de fonds avec la conviction que le changement est possible et un encadrement motivé.

Les partenaires techniques et scientifiques sont le FAREI localement et le CIRAD régionalement renforçant les liens et échanges entre les deux îles.

« Cette collaboration Maurice – Réunion fonctionne et cela se voit dans les divers projets qui sont menés entre nos deux îles : le projet Food-Sec Semences porté par le CIRAD et le FAREI ou le projet APTAE-OI Appropriation des Pratiques pour la Transition Agroécologique dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien sous le programme Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle de l’Océan Indien – SANOI financé par l’Union européenne et piloté par le CIRAD en partenariat avec la Chambre d’Agriculture et Le Vélo Vert », fait-elle comprendre avec force.

Abordant le financement de la phase 2, Jacqueline Sauzier explique que le projet a été accompagné par plusieurs bailleurs de fonds, contribuant directement et indirectement à la réussite de ces actions. « La phase 2 est enclenchée en 2017 avec le Mauritiu  Research and Innovation Council, puis en 2018, avec l’Union européenne sous l’initiative GCCA+ et le financement Supporting Climate Smart Agriculture for Small Holders in the Republic of Mauritius. Il va de soi que la Chambre d’Agriculture elle-même a porté des co- financements importants sur ce projet. Et je remercie ici les membres de la Chambre d’Agriculture pour leur confiance. Il a aussi d’autres partenaires financiers qui nous ont accompagnés sur des actions plus précises, tels que la Human Resources and Development Council, la HRDC pour les aspects de formation des planteurs, activité extrêmement importante pour le démarrage du projet », poursuit-elle.

La Chambre d’Agriculture indique que les données collectées depuis le début du projet et sur les trois dernières années démontrent des résultats qui sont très encourageants.« Nous pouvons confortablement dire que la transition vers l’agroécologie est réalisable. Mais il faut se donner les moyens… Il est important de comprendre que la situation globale de nos planteurs locaux est critique, avec ou sans changement de posture agricole, notre sécurité alimentaire est en cause », ajoute-t-elle.

« La formation et l’accompagnement ont été des éléments déterminants pour le changement de posture des planteurs bénéficiaires. Les différentes formations apportées sur la durée du projet ont permis de démontrer plusieurs aspects importants », déclare Jacqueline Sauzier. Les partenaires intervenant sur ce front sont la Chambre d’Agriculture avec le Regional Training Centre (RTC) sous le financement de la HRDC et le National Training and Reskilling Scheme. Ils ont assuré l’initiation technique d’une centaine de Mauriciens aux bases de l’agriculture à travers le programme Starting your Journey in Agriculture.

« Des vocations agricoles ont été ouvertes et la suite est nécessaire. C’est ainsi que la Chambre d’Agriculture œuvre pour la création d’une École Technique Agricole pour rendre ces formations simples et disponibles à un plus grand nombre », préconise la secrétaire générale de la Chambre d’Agriculture.

Cependant, la commercialisation de ces productions issues d’une pratique agricole saine à un prix juste est aussi un aspect important.

« La réponse la plus simple est effectivement de dire qu’il faut mettre en place de la certification… À travers le projet Karo Natirel, nous avons identifié les aspects des programmes de certification qui sont connus et acceptables par les divers acteurs de la filière : du planteur au consommateur en passant par le distributeur. Et nous souhaitons remercier la haute commission australienne de cet accompagnement financier », préconise-t-elle.

Teeruthraj Hurdoyal , ministre de l’Agro-Industrie : « Ouvrons la voie à un avenir plus vert et plus prospère »

Le ministre de l’Agro-Industrie, Teeruthraj Hurdoyal, a félicité la Chambre d’Agriculture pour son dévouement dans l’accompagnement des planteurs pour la prospérité du secteur. Pour lui, le projet Smart Agriculture cadre avec le besoin de produire sainement pour éviter les impacts des produits chimiques sur la santé et l’environnement. Il avance que ce projet dépasse les frontières du pays pour adhérer aux normes et standards internationaux.

Teeruthraj Hurdoyal a fait ressortir que la production de légumes sains utilisant des techniques innovantes devra constituer un attrait pour les jeunes. « Cela attirera les jeunes vers le secteur et viendra comme une solution au manque de main-d’œuvre », dit-il.

« Il est crucial que les organismes gouvernementaux, les instituts de recherche, les agriculteurs, les consommateurs et les organisations environnementales travaillent main dans la main pour faire progresser les pratiques durables et sensibiliser les gens. Ensemble, nous pouvons construire un système agricole résilient qui garantit la sécurité alimentaire, protège notre écosystème et contribue à atténuer le changement climatique. Continuons à défendre l’agriculture durable à Maurice et ouvrons la voie à un avenir plus vert et plus prospère » , affirme-t-il.

DE son côté, Gerard Van Driessche, premier conseiller et responsable des finances et des contrats au sein de la délégation de I’Union européenne à Maurice a précisé que Bruxelles soutient l’agriculture à Maurice depuis son implantation avec pour objectif  d’offrir des produits de meilleure qualité aux consommateurs.

Le représentant de la Délégation de l’Union européenne s’est attardé sur l’importance d’une analyse socio-économique sur ce type de projet et non pas juste pour des résultats techniques et agronomiques. « Il faut avoir tous les acteurs pour avoir une approche cohérente », propose-t-il.

Micheline Seenevassen Pillay, Acting Chief Executive Officer de la Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI), est intervenue ppour saluer cette initiative la Chambre d’Agriculture, favorisant la transition vers l’agroécologie. Elle concède que ce n’est pas une tâche facile que de rassembler producteurs, distributeurs et consommateurs autour de cette initiative. Cependant, elle a fait ressortir qu’il faudra unir les efforts vers cet objectif commun qui est de transiter vers une agriculture raisonnée.

Smart Agriculture

Initié en 2015, le Projet Smart Agriculture a pour objectif principal la transition d’une agriculture conventionnelle vers une agriculture durable. Cela, à travers la diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires sur les cultures, dans le but d’offrir des produits sains aux consommateurs.

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