— Alors, il paraît qu’on te voit souvent en train de prendre le métro.
— Ayo ! Comme ça tu veilles mes affaires ?
— Tu crois que j’ai du temps à perdre ?! Il y a des gens qui te voient souvent à la gare près de chez toi, c’est tout.
— Écoute, il passe près de chez moi, c’est pratique et c’est rapide. Pourquoi ne pas en profiter ?
— Mais pourquoi il y a des gens qui se plaignent du métro alors ?
— Tu ne sais pas comment les Mauriciens sont ? Ils sont toujours à tirer l’ail, mais à la première occasion ils en profitent.
— On me dit que ce n’est pas accessible pour tout le monde.
— C’est vrai pour les gens qui habitent loin. Comme ma bonne qui doit prendre un taxi marron et un tiptop pour arriver à la station. Ça ne vaut pas la peine.
— J’ai une collègue de bureau qui me dit la même chose. Elle doit prendre deux bus pour arriver à la station. C’est plus cher et plus long, toi. Elle continue à prendre son bus même.
— Mais toi tu es ok ? Il ne te faut pas attendre trop longtemps ?
— Pas du tout. Si tu as besoin d’aller faire des démarches à Port-Louis ou de faire du shoping à Rose-Hill, Trianon, Phœnix ou Curepipe ou d’aller à la foire de Quatre-Bornes ou de Vacoas, c’est top.
— Il n’y a pas trop de monde, on n’est pas un sur l’autre, comme des sardines en boîte ?
— Ça dépend des heures. Dans la journée il n’y a que les collégiens et les gens du troisième âge. Tu peux facilement avoir une place assise.
— Les gens se comportent bien dans le métro, ils ne sont pas trop butor ?
— Écoute, c’est comme partout ailleurs. Tu as des gens qui savent se tenir et tu as d’autres… tu sais toi-même…
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Tu sais très bien ce que je suis en train de dire. C’est une question d’éducation. Tu as toujours des gens qui sont plus pressés et qui veulent passer avant tout le monde, même quand les autres font la queue.
— Ma bonne les appelle les veyer seke. Ils te poussent, écrasent tes pieds sans même un sorry. Il paraît qu’il y a même des femmes qui font comme ça.
— C’est partout pareil, toi. Tu n’as pas vu : les gens sont tellement indisciplinés qu’on a dû mettre des securicors à la poste, au CEB, à la CWA et dans beaucoup de bureaux. Et puis, il y a des gens qui n’ont vraiment pas de manières, même les jeunes. L’autre jour, une dame a dit à un collégien qui avait l’air d’être comme il faut et qui était assis : Vous n’êtes pas galant, jeune homme !
— Bien fait. Il faut parfois rappeler aux jeunes les bonnes manières. Le collégien a cédé sa place ?
— Jamais de la vie. Tu sais ce qu’il a répondu à la dame tout en restant assis : Mo pa ou galan mwa !
— Aryo, ne me dis pas. Il a osé lui dire ça ?!
— Oui toi. Et le pire c’est ce que ça a fait rire ses copains et ses copines. La dame ne savait plus où mettre sa tête, je te dis.
— Vraiment le monde est en bas là-haut. Certains jeunes d’aujourd’hui n’ont aucun respect pour les plus vieux. Qu’est-ce que tu veux, ils ont été mal élevés, un point c’est tout !
— On me dit que c’est pire dans les bus avec les collégiens, qui vont pourtant dans de bons collèges. On me dit qu’ils jurent ça… ou alors ils parlent fort dans leurs téléphones… L’autre jour dans le métro on a eu droit à une scène de telenovela en direct.
— Qu’est ce que tu veux dire ?
— Il y avait une femme qui était en train de parler avec sa belle-sœur. Elle parlait tellement fort que tout le monde entendait.
— De quoi elle était en train de parler ?
— De son beau-frère qui avait des commérages avec une de ses collègues de travail.
— Ne me dis pas !
— Elle a donné tous les détails de l’affaire avec les conseils pour casser le c… au beau-frère en question. On avait l’impression d’entendre un sketch des Komiko.
— Mais il s’en passe des choses dans le métro !
— Ah ! Parfois c’est mieux qu’une telenovela, je te dis. Comme l’incident entre la vieille dame et la jeune femme enceinte.
— Qu’est-ce qui s’est passé comme ça ?
— Une vieille dame entre dans le métro et voit une jeune femme, mince comme une golette casse-mâçon, sur un siège jaune qui est réservé aux handicapés, aux vieux et aux femmes enceintes. Elle lui dit que la place est réservée aux vieux.
— Et alors ?
— La jeune femme lui répond : Mo ansint ! La veille dame la regarde et dit bien haut : Wadire ou finn fek fer sa baba la !
— Qu’est-ce que la jeune femme a répondu ?
— Rien toi. Elle a ouvert son portable un peu déconcertée quand même, parce que tout le monde la regardait en souriant avec ironie. Mais la vieille dame, qui n’avait pas sa langue dans sa poche, ne l’a pas quittée.
— Qu’est-ce que la vieille dame a fait comme ça ?
— Quand la jeune femme s’est levée pour quitter le train, tu sais ce que la vieille dame lui a dit ?
— Non, dis-moi.
— Elle a dit a la jeune femme : Na pa mars vit koumsa, tansion ou al fer enn fos kous !
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