Bonne gouvernance est un terme qui est entré dans le lexique courant. Elle évoque la qualité de la gestion d’un pays ou d’une entreprise, celle qui respecte des règles en matière de recrutement, de méritocratie, de recevabilité, de transparence, d’éthique et de participation et d’attribution des marchés publics.
Si les entreprises du privé sont souvent pointées du doigt parce qu’elles produisent des biens et services qui affectent les consommateurs dans leur quotidien, la vigilance est impérative lorsqu’il s’agit de la manière dont les fonds publics, ceux de nous tous contribuables, sont dépensés.
Le CEB a défrayé l’actualité depuis samedi dernier, quand la député du MMM et président de la commission environnement de ce parti, Joanna Bérenger a révélé les dessous d’un contrat à hauteur de Rs 5 milliards. Si le dossier s’est retrouvé sur la place publique, c’est qu’à l’intérieur même de la compagnie d’État, il y a eu des cadres pour donner l’alarme et alerter sur les infractions aux règles de la bonne gouvernance.
Comme d’habitude, dans ce genre de cas, il y a, dans les médias, des copains ou copines de quelques attachés de presse ou qui aspirent à l’être qui ont tout fait pour porter la voix des officiels et tenter de justifier même l’injustifiable, tandis que d’autres, les professionnels conscients de leur mission de révéler ce que l’on veut nous cacher, ont creusé et mis à jour des faits complémentaires à l’appui des arguments mis en avant par la première député de Vacoas/Floréal.
Le plus paradoxal dans le traitement de cette affaire c’est que certains, selon leur propre sens de l’éthique ou leur absence de principes ou de moralité, aient trouvé normal : qu’un soumissionnaire se soit approprié un terrain qui ne lui appartient pas pour étoffer son dossier et, pire, que personne parmi les lumières légales du CEB et ailleurs n’ait songé à demander de voir le titre de propriété et qu’il ait eu la possibilité de changer le lieu de production de l’énergie après avoir déjà obtenu le deal malgré les objections en interne.
Le contrat a été attribué malgré le premier avis légal dispensé par l’avocat attitré du MSM, Ravind Chetty et, plus cocasse encore, c’est suite à une réclamation d’un petit protégé de Lee Shim et de l’agent du Sun Trust Jocelyn Grégoire que le fils Chetty est venu avec son avis, contraire à celui de son père, et qui a donné le feu vert à Corexsolar “as per instructions”.
Dans un autre pays, là où on peut démissionner pour un accident de train qu’on ne conduisait pas, le contrat aurait été automatiquement annulé pour vice de procédures et un nouvel exercice conduit. En tout cas, la rapidité avec laquelle les autorités se sont précipitées à leurs Casernes Centrales témoigne d’une agitation suspecte et une fébrilité qui cachent mal l’embarras causé par la divulgation des faits troublants entourant ce contrat de Rs 5 milliards.
Cette affaire a aussi mobilisé quelques goalkeepers attitrés du gouvernement qui se sont émus que les autres partis de l’opposition parlementaire n’aient pas enfourché le même cheval de bataille et ils ont identifié un motif, à savoir que l’auditeur de Corexsolar serait le cabinet d’experts-comptables dont le leader de l’opposition et du PMSD Xavier Duval est partenaire. So what! Une maldonne est une maldonne et ceux qui dénoncent doivent être salués, quels qu’il soient. Libres aussi ceux qui choisissent de regarder ailleurs pour les raisons qui leur sont propres.
Autre protagoniste qui s’est invité dans le débat, un Mauricien de la diaspora que certains décrivent, non sans justesse, comme un “online stalker”. Les positions de cet associé au cartel des produits recyclés, se présentant comme révolutionnaires et adepte de manifestations stériles qui frisent parfois le ridicule, révèlent un obsédé doublé d’un complexé qui ne s’attaque qu’à des personnes spécifiques. On le laisse à ses TOC’s. Il les surmontera peut-être un jour.
La bonne gouvernance ne s’arrête pas aux gros contrats entachés de zones d’ombre, c’est aussi la gestion au quotidien des affaires de la cité comme la sécurité routière, la santé, la drogue, pour ne citer que les thèmes qui ont dominé l’actualité cette semaine.
Il s’en est trouvé pour s’enthousiasmer béatement après l’annonce du ministre des Transports Alan Ganoo, vendredi, de l’introduction du permis probatoire pour les nouveaux et jeunes détenteurs. L’idée a été relancée après le tragique accident de Beaux Songes qui a coûté la vie à un policier, mortellement renversé par un conducteur qui vient tout juste d’obtenir son permis de conduire. Ah bon, il a fallu attendre un énième accident et que la mort soit passée par là pour revisiter une proposition qui date d’une dizaine d’années.
Encore que cela peut signifier l’observance d’une prudence obligée d’une ou deux années pour mieux pratiquer des rallyes après. Et c’est le gouvernement qui a, par pur fanatisme politique, aboli le permis à points au lieu de l’aménager ou l’améliorer qui freinera les chauffards et arrêtera l’hécatombe sur nos routes ? Il est sérieusement permis d’en douter.
La drogue est en train de tourner à la farce, alors qu’elle gangrène la société et qu’elle tue. On vient d’apprendre que la cocaïne récemment saisie n’est que de la poudre, mais on ne sait pas pourquoi cette petite cargaison innocente se trouvait dans des sacs soigneusement cachés sur des terrains. À moins qu’il y ait eu des informations de l’intérieur et que la substance ait été remplacée. Et c’est comme ça que le Premier ministre va “kas lerin trafikan”.
Pour améliorer la gouvernance défaillante qui caractérise ce régime, peut-être bientôt un exercice de team building à la Metro Express Limited, auteur d’un communiqué risible après la circulation d’une vidéo édifiante sur les pratiques particulières de sa direction. Qu’est-ce qu’ils ne nous sortent pas comme énormités !
JOSIE LEBRASSE