Les journées des jeunes patients admis à l’hôpital psychiatrique Brown-Sequard sont les mêmes, rythmées par des routines monotones. Des parents nous ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’oisiveté observée parmi des adolescentes internées. Alors que l’ergothérapie et d’autres ateliers sont essentiels pour le développement psychologique, les témoignages révèlent un manque d’engagement dans de telles initiatives. Les professionnels de la santé reconnaissent la nécessité de renforcer les dispositifs thérapeutiques et éducatifs pour assurer le bien-être intégral des enfants et adolescents en psychiatrie.
Malgré l’assurance donnée dans le milieu de la Santé, des proches d’une mineure, admise il y a quelque temps à l’hôpital psychiatrique Brown-Sequard disent, eux, ne pas être convaincus de la qualité des activités proposées aux enfants et adolescents qui y sont patients. Les parents de l’enfant, qui avait nécessité une hospitalisation surveillée résultant d’un trouble d’ordre psychologique disent avoir été interpellés par l’oisiveté dans laquelle évoluent des jeunes filles admises dans l’aile réservées aux mineures. Si ces dernières reçoivent les soins médicaux appropriés et ce selon leur condition mentale, toutefois elles ne participeraient à quasiment aucune activité occupationnelle, si ce n’est la lecture des manuels pédagogiques après la collation de 10 heures. Alors que l’ergothérapie et autres ateliers thérapeutiques sont essentiels en psychiatrie d’autant qu’ils visent à divertir, favoriser l’estime de soi, préparer la réinsertion sociale de l’enfant, l’encourager à communiquer… Mais selon les proches de cette jeune patiente, durant le séjour de celle-ci au “ward” des enfants, elle aurait passé “la plupart de son temps dans la chambre commune.” Curieux de savoir ce qu’elle fait durant une journée, ses proches ont appris, disent-ils que les seules fois où les enfants ont accès à l’air frais, c’est le matin “quand le personnel demande aux filles de se coiffer à l’extérieur.” Confortant les propos de ceux-ci, une ancienne patiente du “ward” des mineures nous confie “ki bann-la dir nou al pingne nou seve dan lakour.”
“Les jours qui passent se ressemblent”
Cette jeune fille a passé plusieurs jours en soins psychiatriques. Elle explique que “les jours qui passent se ressemblent” pour les enfants internés. Elle raconte : “Au réveil, on se douche, on prend le petit déjeuner et puis on fait des exercices à l’intérieur. Ensuite on se dirige vers une petite salle où on nous remet des livres et cahiers. On nous demande de faire des devoirs. Pena okenn klas. Zot zis dir nou ékrir. Personn pa vinn gete ki nou’nn ekrir. Kan ariv midi nou ferm liv nou al dezene.” Après le déjeuner, aux alentours de 13 heures, les enfants et adolescentes vont faire la sieste en attendant la visite des proches. Elles prennent le goûter à 15 heures, lequel est consisté de pain et de lait. Elles dinent à 17 heures. “On se douche à 18 heures. On nous propose une tasse de lait vers 18 heures. Apre nou asize, nou koz-koze, nou get televizion ziska nef-er”, explique-t-elle. Tous les jours qu’elle a passés au BSH se sont déroulés ainsi, affirme notre jeune interlocutrice.
Admission après 16h, une stratégie
Quant aux proches choqués de l’enfant, ils disent avoir été notamment touché par la solitude de certaines jeunes patientes, dont une en particulier, pendant les heures de visites. “Personnes ne venaient les voir. Sur place on nous a expliqué qu’il y en avait qui étaient placées par la Child Developement Unit. Il y a une fille qui a été internée depuis un certain temps. Elle est souvent envoyée en isolement. “ Au ministère du Développement de l’Enfant, une source précise qu’à ce jour “il n’y a aucun enfant sous la responsabilité de la CDU admis au BSH.” Celle-ci fait ressortir qu’il est fréquent que des enfants en placement dans des structures d’accueil sont pris en charge comme “out patients.” Toutefois, concernant la jeune fille qui serait souvent placée en isolement, bien que les médecins lui aient accordé sa décharge, ses parents ne se sont pas présentés à l’hôpital pour la récupérer. Ceux-ci refuseraient de la reprendre car elle serait incontrôlable. Des structures d’accueil, également, hésitent à l’héberger pour les mêmes raisons. Toutefois, selon nos informations, les autorités sont en train de réfléchir à une solution pour lui trouver un foyer d’accueil.
Pour éviter tout cas d’abandon d’enfant à l’hôpital psychiatrique, il a été décidé que “les demandes d’admission pour des petits patients après 16 heures allaient faire l’objet de vigilance”, nous explique un membre du personnel médical. Pour cause, poursuit cette source, “il y a encore quelque temps, on avait pris l’habitude de nous apporter des enfants d’abris tard dans l’après-midi. Ces enfants, turbulents, donnaient du fil à retordre aux carers. Ils disaient qu’ils allaient se suicider etc… Lorsque des enfants menacent de se suicider, les carers les conduisent à l’hôpital et demandent leur admission. Eux aussi avaient compris qu’une consultation tardive avait plus de chance de d’aboutir sur une admission !” Ce professionnel de la santé explique encore : “Quand l’hôpital donnait la décharge à l’enfant, personne ne venait le récupérer. C’est ainsi qu’on se retrouvait avec des enfants de shelters abandonnés à l’hôpital pendant des mois ! Quand nous appelions la CDU, on nous disait qu’il n’y avait plus de place dans l’abri où se trouvait l’enfant et encore… Quand il n’y a aucune raison psychiatrique pour qu’un enfant, qu’il soit sous la responsabilité de la CDU ou pas, doit être admis, nous ne pouvons le garder.
Urgence
“ Dans la majorité des cas précise cette même source, l’hospitalisation des enfants en placement survient dans un contexte qui présente une urgence. Celle-ci pense que “l’admission des enfants devrait être complétée par un engagement signé par les parents et leurs responsables pour leur rendre visite et les récupérer à leur décharge pour éviter la facilité de l’abandon.” Par ailleurs, le spécialiste reconnaît que la prise en charge des enfants par le BSH doit être renforcée par la mise en place de dispositifs thérapeutiques, pédagogiques, artistiques, récréatifs voire sportifs… qui sont utiles à leur épanouissement durant leur séjour en psychiatrie.