L’Employment Relations Tribunal (ERT) a entendu en fin de semaine le litige opposant l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) au Management de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius. Trois cadres de la compagnie aérienne ont déposé jeudi et vendredi, mettant ainsi fin aux auditions des témoins. L’ERT était composé du vice-président de cette instance, Shameer Jahangeer, et de deux assesseurs, nommément V. Mohit et F. Acharauz.
Shameer Jahangeer a d’emblée fait comprendre aux différentes parties que l’ERT n’accepterait plus aucun renvoi dans cette affaire, qui a été logée en août 2021 par l’AMCCA, regroupant les stewards, les hôtesses de l’air et les Flight Pursers d’Air Mauritius. Les plaidoiries ont été fixées au 29 septembre.
Yogita Baboo, présidente de l’AMCCA, dont le récent licenciement par Air Mauritius a soulevé un tollé avec un procès logé devant la Cour industrielle, était présente lors de la séance dans les locaux de l’ERT. L’AMCCA a retenu les services de Me Erickson Mooneapillay. Le litige porte sur divers points de contentieux entre l’AMCCA et MK, soit :
un accord collectif entériné par l’AMCCA et Air Mauritius en 2018, prévoyant révision salariale de 10% avec effet rétroactif depuis 2014, et le Backpay pas encore été honoré par Air Mauritius;
des allocations payables aux membres du Cabin Crew encore en suspens avec l’AMCCA dénonçant le fait que le package, incluant les salaires et autres allocations, ayant diminué de 50%;
les membres du Cabin Crew doivent travailler pendant les week-ends et les jours fériés, mais sans aucune rémunération supplémentaire;
les Flight Pursers reçoivent désormais un salaire équivalent aux stewards et hôtesses de l’air, alors qu’ils continuent d’exercer les mêmes fonctions;
Air Mauritius serait, selon l’AMCCA, en violation flagrante de l’Award rendu par l’ERT en 1992, connu comme Award Balgobin, stipulant qu’Air Mauritius doit fournir une Meal Allowance aux membres du personnel navigant, selon les tarifs pratiqués par les hôtels lors de leur passage dans un pays étranger. Or, Air Mauritius a unilatéralement réduit cette Meal Allowance de moitié et l’AMCCA réclamant ainsi l’application immédiate de l’Award Balgobin;
les Nursing Mothers ne reçoivent aucune des facilités prévues sous la Workers Rights Act.
L’AMCCA dénonce le fait qu’Air Mauritius ne respecte ni l’accord collectif entre elle-même et l’AMCCA, ni les dispositions de la Workers Rights Act.
Les cadres d’Air Mauritius ont pour leur part rappelé qu’Air Mauritius avait été mise sous régime d’administration volontaire durant la période du Covid-19, et que certaines des décisions ont été prises par les administrateurs d’Air Mauritius, et non par sa direction. Me Mooneapillay a fait ressortir que « le Management d’Air Mauritius ne peut venir se dédouaner de toute responsabilité et blâmer les administrateurs, vu que c’est la direction d’Air Mauritius qui avait pris la décision de mettre la compagnie d’aviation nationale sous le régime d’administration volontaire. »
Qui plus est, les administrateurs n’ont fait que suivre les directives de la direction d’Air Mauritius. Le conseil légal de l’AMCCA maintient que « c’est la mauvaise gestion d’Air Mauritius qui a conduit à cette situation ».
Yogita Baboo, dans une déclaration à Le Mauricien, explique que « plusieurs déclarations des représentants d’Air Mauritius ne reflétaient pas la vérité ». Elle a dénoncé le fait qu’Air Mauritius ne rémunère pas ses employés adéquatement. Ainsi, la masse salariale chez Air Mauritius est, selon elle, passée de Rs 4 milliards annuellement à Rs 1,8 milliard, alors qu’il n’y a pas eu de réduction significative de la Workforce.
« Il y a eu un boom dans l’industrie aérienne mondiale après le Covid-19. Mais Air Mauritius est restée sur la touche en raison de la mauvaise gestion qui gangrène la compagnie d’aviation nationale. Mais ce sont les travailleurs qui doivent payer les pots cassés, alors que les membres de la direction n’assument jamais leurs responsabilités », dénonce-t-elle.