Le Guide - Législatives 2024

Kourpa v/s Usain Bolt

Avis aux Terriens : le « réseau » planétaire a été hacké par des pirates. Ces derniers, qui sévissent un peu partout à travers le monde, tentent d’opérer une mise à jour discrète de notre système d’exploitation, et ce, alors qu’il a en réalité besoin d’une révision complète. Avec pour conséquence de laisser le champ libre à toutes sortes de virus, capables, pense-t-on, de provoquer de tels bouleversements que nous pourrions tous disparaître. Reconnaître ces pirates n’est pas facile, mais certains signes devraient nous alerter : ils brandissent des discours écolos, promettent de régler la question climatique et autres problèmes environnementaux, et proposent des solutions vendues comme une panacée. Le tout en nourrissant une nostalgie certaine pour notre système de marché. Généralement armés de bonnes intentions, leur gentillesse n’a d’égal que leur naïveté. Ce qui les rend d’une certaine façon aussi sympathiques que dangereux.
Il y a 50 ans paraissait le premier rapport Meadows, baptisé Les limites de la croissance. Document scientifique rigoureux qui, au fil du temps, aura forcé l’admiration, tant les conclusions et les analyses chiffrées de ses auteurs n’auront que pour très peu pu être contredites, si ce n’est sur quelques virgules disséminées çà et là. Avec pour conclusion que la croissance de 1972, date de publication dudit rapport, n’était déjà pas soutenable sur le long terme. Phénomène qui se sera bien entendu accentué. Et un postulat clair qui, au-delà des chiffres, ne pouvait être plus parlant : la croissance étant basée sur l’exploitation de nos ressources, et ces mêmes ressources étant dans l’impossibilité de se renouveler dans un espace (notre planète) fini et un court laps de temps, la croissance ne pouvait de facto être non plus éternelle.
Ceci entendu, l’on peut donc s’étonner que, 50 ans plus tard, l’on veuille encore faire perdurer un système source de bien des désagréments, climat en première ligne. Mais les « pirates », eux, vont plus loin. Probablement avec bien plus de crédulité que d’envie réellement malveillante, les voilà qui, aujourd’hui, nous promettent monde et merveilles – à commencer par régler le défi du changement climatique – en adossant à ce même système un maillot écologique. Economie circulaire, déploiement d’énergies renouvelables… Autant de concepts qui, accolés les uns aux autres, auront donné naissance à celui, plus général, de « croissance verte ». Concept qui, déjà ridicule sur le plan sémantique (tant les deux mots sont contradictoires), se révèle totalement utopique.
Utopique, car il a 50 ans de retard. Utopique, car il ne prend en aucune façon en compte la croissance démographique. Utopique, car il mise sur le maintien de notre insoutenable mode de vie. Utopique, car ses chances d’être adopté par le monde entier, grandes puissances économiques en tête, sont aussi grandes que de voir un jour un « kourpa » battre le record de vitesse d’Usain Bolt. Utopie, utopie, utopie. Qui plus est, la croissance verte s’appuie sur l’exploitation de minerais, lesquels s’épuisent rapidement. La Banque mondiale avait d’ailleurs elle-même rappelé que la production d’énergie renouvelable nécessitait beaucoup plus de ressources que les systèmes d’alimentation traditionnels.
De plus, les énergies « vertes » n’ont pour la plupart rien de « propres ». À l’instar des barrages hydroélectriques, sources de catastrophes écologiques, en plus d’être d’énormes émetteurs de gaz à effet de serre. Ou encore du gaz naturel liquéfié, dont un de nos anciens ministres de l’Énergie, en retrait forcé depuis quelques années, avait fait son cheval de bataille, ne se souciant alors pas des émissions de méthane, au pouvoir bien plus détonnant sur le court terme que le dioxyde de carbone. Pour ne prendre que ces quelques exemples.
Malgré tout cela, le véritable problème de la croissance verte est ailleurs : c’est le timing. Car le concept n’impose en rien un changement radical, voire d’opter pour un paradigme plus soutenable. Au contraire, il propose une « transition », consistant notamment à passer de l’énergie carbone à l’énergie renouvelable. Or, qui dit transition dit aussi l’obligation de passer par une série d’étapes, lesquelles doivent faire l’objet d’une planification. Planification dont il faut, pour qu’elle soit efficiente, discuter, amender, rediscuter, réamender, etc., pour finir par l’agréer et la mettre en pratique. Mais le temps passe, pendant que le dérèglement climatique, lui, poursuit sa course. Avec la promesse de nous faire tous griller sur place, avec ou sans nos beaux habits verts !

- Publicité -

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -